Cette nouvelle unité de méthanisation, qui se compose de trois digesteurs (de 95 000 m³ chacun), est capable de produire environ 70 gigawatts-heures (GWh). Elle montera progressivement en puissance pour atteindre une capacité maximale de 160 GWh (l'équivalent de la consommation annuelle moyenne de 32 000 habitants).
« BioBéarn est le symbole de la transition du bassin de Lacq, mais aussi du groupe TotalEnergies. Cette unité de méthanisation est inaugurée dans un contexte de réindustrialisation et de reconquête de souveraineté en termes de gaz. Les ambitions sont fortes [multiplier par 20 la quantité de térawattheures produite d’ici quelques années], tout comme les perspectives de développement », assure Patrick Pouyanné, le président-directeur général de TotalEnergies.
Un gaz renouvelable, décarboné et produit localement
En service depuis quelques semaines, BioBéarn a permis la création de trente à quarante emplois directs et indirects. À noter que 80 à 90% de la valeur créée restera sur le territoire ou à l’échelle nationale.
« Des déchets organiques et du lisiers sont stockés ici avant d'être mis dans nos métahniseurs. Les camions de nos partenaires arrivent pour décharger leur contenu et repartent avec du digestat, un résidu de la méthanisation utilisé par les agriculteurs comme fertilisant naturel. Notre bio méthane est certifié sur le plan environnemental, nous sommes d’ailleurs l’un des premiers sites en France à obtenir la certification internationale ISCC, qui nous impose un cahier des charges extrêmement restrictif sur les intrants, la performance de l’unité, ses émissions de méthane », explique Olivier Guerrini, directeur Biogaz de TotalEnergies.
En plus du biogaz, près de 200 000 tonnes/an de digestat, un résidu de la méthanisation, seront revalorisées en fertilisant naturel sur des parcelles agricoles cultivées dans un rayon de 50 km autour de l'unité. Ce digestat engendrera une réduction de près de 5.000 tonnes d'engrais chimique.
« Dans les projets de développement, nous étudions la possibilité de valoriser le bio CO2. Nous allons également installer des pilotes de recherche et développement, en partenariat avec des laboratoires et des start-ups du territoire», révèle-t-il.
Afin de répondre aux besoins de main-d'oeuvre et développer les savoir-faire autour de la méthanisation, TotalEnergies va créer un centre de formation technique à Agen. Le groupe compte ainsi former 500 personnes dans les cinq prochaines années.
Quant aux détracteurs de ce projet, Olivier Guerrini prône le dialogue. « Il y a un réel effort de communication à faire autour de ce type de projets. 10 à 15% de nos effectifs sont dédiés à cette communication pédagogique ».
Du gaz aux énergies vertes.
Plus globalement, cette nouvelle unité permet au bassin de Lacq, historiquement tourné vers les activités gazières, de poursuivre sa stratégie de croissance locale et durable, permettant d'éviter l'émission de 32 000 tonnes de CO2 par an.
Le site industriel a en effet amorcé, il y a quelques années, un virage vers les énergies renouvelables. En 2021, TotalEnergies Renouvelables a lancé l’installation de 130.000 panneaux solaires, pour assurer une production équivalente à la consommation de 61.500 habitants.
Elyse Energy, le projet Lacq Hydrogen, le producteur et distributeur de gaz industriels Messer et BSO (Bioénergie du Sud-Ouest), la startup Alpha Chitin, M2i LifeSciences sont les princi-paux acteurs locaux de ce changement de paradigme.
« Actuellement, le délai est trop long entre l’idée et sa concrétisation. Sans faire n’importe quoi ou n’importe comment, il faut réduire cette partie administrative. La loi d’accélération sur les énergies renouvelables va dans le bon sens, mais on a encore beaucoup de chemin à faire par rapport à d’autres pays », plaide le directeur Biogaz.
Et Julien Charles, le préfet des Pyrénées-Atlantiques, de rappeler que le département compte 13 unités de méthanisation en fonctionnement et que sept autres sont en cours de développement.
Depuis 10 ans, 40 millions d’euros d’aides ont été fournis à cette filière en pleine expansion. Un autre appel à projets sera d’ailleurs bientôt lancé, afin d’alimenter cette nouvelle dynamique vertueuse. « Depuis 70 ans, l’industrie et le Béarn sont étroitement liés. Aujourd’hui, c’est une nouvelle page qui s’ouvre, tournée cette fois-ci vers les énergies renouvelables ».
Noémie Besnard
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