« Après 49 ans sur le Bassin de Lacq et ses douze dernières années à la tête du Groupement d’intérêt public Chemparc, je pars avec beaucoup d'émotion, mais l’esprit tranquille ». Ce sont les derniers mots de Pierre Nerguararian en tant que président du GIP.
Créée en 2003, cette structure incontournable œuvre pour le développement économique du Bassin industriel de Lacq. En effet, elle facilite l’implantation de nouveaux projets et le développement d'activités industrielles sur le territoire.
Si l'exploitation du gaz a été le moteur du développement de cet écosystème à partir des années 1950, les réserves se sont progressivement épuisées. Mais les acteurs industriels et les pouvoirs publics n’ont pas attendu la fin de l’âge d’or du gaz de Lacq pour engager une profonde transformation. Celui-ci s'est progressivement tourné vers de nouvelles activités, notamment la chimie fine, la chimie verte et l'énergie renouvelable.
Afin de soutenir cette transition, le GIP Chemparc a mis en œuvre une stratégie ambitieuse reposant sur plusieurs piliers : la prospection et l’accompagnement d'investisseurs dans toutes les étapes de leur implantation ; la mise en avant des atouts du Bassin de Lacq ; et enfin, le développement de synergies entre les acteurs économiques locaux, les institutions et les organismes de recherche, afin de créer un écosystème propice à l'innovation et à la croissance.
Depuis 2011, la plateforme de recherche, Chemstart’up, favorise le développement de projet industriel en se basant sur les conclusions des chercheurs. Ce « laboratoire de pépites » héberge pas moins d’une centaine de chercheurs à demeure.
« Je cite souvent l’exemple de M2i : il y a dix ans, cinq ingénieurs sont venus me voir. Aujourd’hui, l’entreprise emploie 230 personnes dans 55 pays. C’est une très belle aventure qui va dans le sens de l’histoire que nous souhaitons donner au Bassin de Lacq », constate Pierre Nerguararian.
C’est désormais Audrey Le Bars, 44 ans, qui aura la charge d’accompagner les entreprises industrielles. Directrice du projet Territoire d’Industrie Lacq-Pau-Tarbes, elle tombe amoureuse des Pyrénées à la fin de ses études (une maîtrise de géographie à Bordeaux, sa ville natale, et un DESS Aménagement et Développement territorial à l’UPPA). Celle qui se définit comme une « développeuse » est une femme de challenge.
Passionnée par la mise en place de stratégies territoriales, elle est animée par une ambition : rendre les territoires attractifs. En 2016, elle occupe le poste de directrice du développement économique, de la recherche et de l’innovation à la Communauté d’agglomération de Tarbes-Lourdes-Pyrénées. Trois ans plus tard, elle prendra la responsabilité du projet Territoire d’industrie Lacq-Pau-Tarbes.
« Je suis fière et honorée de prendre sa suite. Je suis aussi passionnée par l’industrie et le Bassin de Lacq que Pierre Nerguararian. Je suis ravie de pouvoir m’appuyer sur les industriels qui font aujourd’hui et feront demain l’identité du Bassin, puisque Frédéric Pavard, président de la Sobegi, devient vice-président de Chemparc, tout comme Jean-Marc Guilhempey, le PDG de Toray Carbon Fibers Europe. Nous avons de nombreux défis devant nous et nous allons pouvoir construire de nouvelles trajectoires ensemble. Cette dimension collective va être accentuée dans les mois à venir ».
Depuis janvier 2024, Audrey Le Bars est également directrice générale du Groupement d’intérêt public Chemparc. Ces deux missions ont le même objectif : la réindustrialisation du territoire et la création d’emplois durables. Sa bonne connaissance de l’écosystème industriel et des enjeux actuels et futurs du secteur sont des atouts précieux pour le GIP Chemparc.
De nombreux défis à relever
« Je travaille sur les conditions d’accueil des nouveaux industriels sur le territoire : stratégie bas carbone, formation, compétences, acceptabilité, innovation, attractivité… C’est un magnifique challenge ! », confie Audrey Le Bars.
Le GIP Chemparc compte développer dans les mois à venir ses actions en matière d’acceptabilité sociétale, dans le but de rassurer et assurer l’arrivée des projets. « Nous sommes heureux de vous annoncer la création d’un tout nouveau cluster, baptisé Lacq BioHub, qui aura pour mission de réunir les industriels qui utilisent de la biomasse dans leurs process industriels et toutes les coopératives agricoles et les entreprises du recyclage pour identifier les approvisionnements et les consolider en menant des études de projection sur cette question », révèle la nouvelle directrice générale.
Autre enjeu actuel et futur pour les industriels, la décarbonation du Bassin de Lacq fait partie des préoccupations du GIP. Le programme national « Zones Industrielles Bas 2 Carbone » (ZIBAC) soutient la conception et le déploiement des réseaux qui constitueront l’épine dorsale de l’industrie bas carbone de demain : réseaux électriques renforcés, réseaux de chaleur, hubs de distribution d’hydrogène, carboducs pour capter et transporter le CO2 émis par les industriels.
Les ZIBAC ont vocation à constituer des territoires pionniers de la décarbonation de l’industrie française ainsi que des territoires industriels « clé en main » pour les entreprises désireuses d’investir dans la transition écologique, afin d’en faire un levier majeur de la réindustrialisation verte.
« Nous allons officiellement signer ce partenariat avec l’ADEME en début d’année 2025. Une cinquantaine d’études sont en cours et devraient déboucher sur des modifications et améliorations d’installations, afin de réduire l’empreinte carbone des industriels du Bassin de Lacq », précise Audrey Le Bars.
L’amélioration de la capacité électrique de cet écosystème industriel est également à l’étude (à lire ici), afin de pouvoir répondre à l’implantation de projets très gourmands en électricité, à l’instar du programme E-Cho d’Elyse Energy (production d’hydrogène) ou encore Toray Carbon Fibers Europe (CFE), qui va investir plus de 100 millions d’euros pour construire une sixième ligne de production de fibres de carbone sur son site d’Abidos d’ici fin 2025.
Enfin, la formation et de montée en compétences des salariés du Bassin est un volet essentiel pour Chemparc. Un projet de campus des métiers des qualifications autour de la chimie verte est en projet, afin de répondre aux besoins des industriels locaux. Celui-ci sera porté par la Cité scolaire à Mourenx.
« L’objectif est de pouvoir déployer, notamment avec une nouvelle molécule, un volet sur l’hydrogène. C’est entre les mains du rectorat. Par ailleurs, LauguiConcept Formation, spécialiste en formation pour la sécurité au travail, s’est installé dans l’ancien centre de formation de la Sobegi et possède une expertise reconnue. Pour finir, nous sommes en train de créer une nouvelle formation en lien avec la métallurgie dès septembre 2025 à Lacq », conclut Audrey Le Bars.
Si les enjeux sont nombreux, le GIP Chemparc se dit prêt à relever ces défis et à accompagner les entreprises dans cette nouvelle ère industrielle, en réunissant l’ensemble des forces vives de ce territoire.
Le GIP regroupe d’ailleurs de nombreux acteurs : les CCI Pau Béarn et CCI Bayonne Pays Basque, le port de Bayonne, les syndicats, différents pôles de recherche, la communauté de communes Lacq-Orthez, la communauté d’agglomération Pau Béarn Pyrénées, le département des Pyrénées-Atlantiques, la région Nouvelle-Aquitaine.
« Lacq a un futur parce qu’il le veut : c’est grâce à l’engagement des industriels locaux, des collectivités territoriales et bien d’autres acteurs que ce bassin industriel a réussi sa transformation. Sans la Région, le Département, la Communauté des communes Lacq-Orthez, sans les syndicats, les industriels, ou encore les chercheurs, rien n’aurait été possible. Il y a aujourd’hui autant d’emploi qu’en 1980, durant l’âge d’or de Lacq (environ 7.500 salariés). La différence entre les deux périodes, c’est que la situation s’est aujourd’hui inversée : il y a 2/3 de sous-traitants et 1/3 de donneurs d’ordres. », rappelle celui qui est désormais le président d’honneur de Chemparc. À 73 ans, le Sauvagnonnais compte profiter de sa retraite bien méritée pour voyager, passer du temps avec sa famille et assouvir une autre de ses passions : l’accordéon !
Noémie Besnard
Le projet Caremag vient d’être validé !
Initié par l’entreprise Carester, ce projet consiste à construire une unité de production d’oxydes de terres rares purs (Néodyme, Praséodyme, Terbium, Dysprosium) à partir d’aimants recyclés ou de concentrés miniers en terres rares lourdes.
Il proposera également une solution de démantèlement d’équipements qui contiennent des aimants permanents à base de terres rares (turbines d’éoliennes, moteurs de voiture électrique) et de démagnétisation des aimants. L’unité a obtenu ses permis de construire et permis d’exploiter en 2023. Le démarrage de la construction est prévu à partir du premier trimestre 2025 pour une mise en production fin 2026.
Le projet Caremag, en plus de la production d’oxydes purs à partir d’aimants recyclés ou de concentrés miniers en terres rares lourdes, propose également une solution de démantèlement d’équipements qui contiennent des aimants permanents à base de terres rares (turbines d’éoliennes, moteurs de voiture électrique) et démagnétisation des aimants.
Disposer de cette étape de prétraitement permet d’augmenter la capacité d’accès de la société Caremag aux aimants à recycler. En effet, il n’existe pas aujourd’hui de filière de démantèlement établie en France pour pouvoir accéder directement aux aimants permanents.
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