C’est ici, à la limite du Gers et des Hautes-Pyrénées, que la ferme Eauzons a été implantée sous l’impulsion de quatre couples d’ingénieurs en agronomie et de Félix Haget, spécialisé en aquaponie depuis plus de dix ans.
« Ces ingénieurs m’ont contacté il y a quatre ans maintenant, car ils souhaitaient installer une ferme. Je rentrais de Polynésie Française où j’ai installé ma plus grande structure de 30 000 m², qui alimente 13 magasins sur trois îles. C’est à l’INRAE, où j’étais ingénieur en expérimentation que j’ai développé les premiers systèmes français » raconte Félix, le benjamin de l’équipe fondatrice.
L’aquaponie est un procédé qui fonctionne en boucle fermée de trois compartiments, permettant d’élever à la fois des poissons et des bactéries, tout en cultivant des plantes en hors-sol avec la même eau utilisée en cycle vertueux.
Des bassins de poissons, des bactéries, et de belles productions maraîchères hors-sol
« Le poisson génère deux types de rejets, solides et dissous. Les solides sortent du système en filtrant l’eau en continu, deviennent de la boue de poisson que nous allons valoriser sur un élevage de lombrics. Nous allons récupérer un jus très riche en nutriments que l’on va redonner aux végétaux ensuite. Pour les rejets dissous, nous laissons travailler des bactéries dans un compartiment à part, qui vont les convertir et générer des nutriments dans la même eau, qui sera finalement renvoyée en grande partie aux poissons, et en plus faible partie aux plantes qui vont se nourrir des nutriments générés. La culture en hauteur permet aussi de maîtriser le flux d’eau que l’on va apporter aux racines, d’éviter les maladies liées au sol, et apporte un confort de production pour l’humain ».
Sur la ferme gersoise qui couvre 1 600 m², la consommation de l’eau ne dépasse pas les 6 m³ par jour, pour une production annuelle de 5 à 6 tonnes de truites, de saumon de l’Adour et de saumon de fontaine, espèce très complexe et fragile à élever qui a permis de valider l’outil d’Eauzons. Pour les végétaux, on retrouve des tomates, des salades, des plantes aromatiques, des fleurs comestibles, etc. et même de la vanille.
Notre premier grand projet est d’implanter à Lescar une ferme de 10 000 m²
« Nous avons mis en place des productions tropicales, afin d’éviter de les importer de l’étranger avant même qu’elles soient arrivées à maturité. Il se trouve que nous sommes sollicités aujourd’hui pour nous installer sur des sites industriels qui sont souvent proches d’incinérateur, de méthaniseur, car il y a obligation de valoriser ce que l’on appelle “la chaleur fatale” qui se perd dans l’atmosphère. Notre premier grand projet est d’implanter à Lescar une ferme de 10 000 m², entre le centre commercial et la station dépuration. Pour nous, c’est un lieu idéal, car sur cette terre qui n’avait pas de vocation agricole, nous allons pouvoir récupérer la chaleur fatale de la station, et nous serons au plus près des consommateurs pour leur proposer des produits ultra-frais. Dès les autorisations, nous attaquons directement les travaux pour un lancement de production fin 2023 ».
En attendant, les consommateurs peuvent s’approvisionner en vente directe à la ferme pilote d’Aux-Aussat les mercredis soir et samedis matin, sur le site, chez Locavor, La Ruche qui dit Oui, les épiceries locales, les magasins Système U et Intermarché de la région, et tous les magasins “Point Vert” du secteur à partir de début novembre. Au menu, poisson frais, fumé, rillettes de saumon de fontaine, et même encore de belles fraises grâce aux cycles plus longs favorisés par la culture sous serre.
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