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ICI ON PRODUIT LA VIEEgiazki, la jeunesse basque qui entreprend ici

Depuis Saint-Pée-sur-Nivelle, Camille et Benjamin Fourt Arteaga ont développé une belle aventure profondément engagée dans la valorisation des spiritueux traditionnels basques.
ICI ON PRODUIT LA VIE – Egiazki donne leur chance à des jeunes du coin
Coup de projecteur sur cette entreprise artisanale qui illustre parfaitement le mouvement inédit que PresseLib’ Pays Basque initie : « ICI, on produit la vie », pour mettre en avant chaque mercredi les femmes et les hommes qui produisent ICI et qui produisent ainsi de la vie ICI.

Partis de rien, les frères jumeaux ont aujourd’hui imposé la qualité de leur signature et emploient une dizaine de personnes pour produire quelque 120.000 bouteilles par an. Ils ont profité de leur 10e anniversaire pour présenter leur parcours atypique et plein d’enthousiasme.
 
Originaire de Saint-Pée-sur-Nivelle, Camille et Benjamin ont fait leurs premières armes dans le monde agricole, avec une idée qui trottait dans leur tête : créer ensemble leur entreprise. En 2014, du haut de leurs 23 ans, ils se lancent avec l’idée de produire un patxaran maison. « Il nous a fallu un an pour faire évoluer la recette familiale pour qu’elle colle à nos ambitions ». Leur approche empirique a finalement donné le Patxaran Egiazki (le véritable, en basque), une liqueur basque emblématique qui sera commercialisé dès décembre 2015.
 
Les deux senpertars ont planté 3 hectares de prunelliers, cerisiers et pommiers sur les hauteurs de leur village pour fabriquer ainsi le premier Patxaran entièrement élaboré en Iparralde (Pays Basque Nord). « Nous avons choisi de nous installer dans notre commune parce que nous voulions rendre à notre territoire un peu de ce qu’il nous a donné. Alors que la facilité aurait été d’aller sur la côte pour faciliter la commercialisation et le développement » précise Camille.
 
« Egiazki incarne notre vision de l’Euskal Herri de demain. C’est de cette confiance en nos racines et en la créativité de la jeunesse euskaldun qu’est née cette aventure guidée par l’envie de faire rayonner notre territoire avec fierté, sincérité et passion. » 

Tout a commencé dans un ancien entrepôt industriel, sans rien. « Nous faisions tout à la main et, travaillant par ailleurs, nous n’avons pu démarrer que grâce à une véritable solidarité. Des jeunes sont venus nous aider à mettre en bouteille. Sans ce bénévolat, cela aurait été impossible. Nous avons commencé en visitant les bars et les restaurants ; on ne connaissait rien au commerce. Localement, les gens ont joué le jeu et les ventes ont commencé à venir » sourit Camille.
 
« Ce qui nous tient à cœur, c’est d’avoir une matière première d’ici, du Pays Basque. Plutôt que d’avoir notre propre verger, nous avons préféré planter nos propres arbres chez des agriculteurs locaux et on leur achète les fruits au prix du marché. Tout le monde est gagnant. Aujourd’hui, 90% des plantes et des fruits que nous distillons viennent du Pays Basque ». Même la goyave, utilisée dans leur liqueur Jinkoa, est cultivée par 3 agriculteurs de Saint-Pée-sur-Nivelle.
 
Après le Patxaran, Camille et Benjamin Fourt Arteaga ont élargi la gamme avec le Patxaka à base de pommes sauvages de la région naturellement anisées, la Manzana, un digestif à la pomme qui n'est plus à présenter, et Menta, élaborée à base d’essences naturelles de feuilles de menthe verte et de menthe poivrée obtenues par distillation.
 
Peio Etchemendy a été le premier salarié Egiazki. Arrivé en 2018, comme commercial en alternance, il a, lui aussi, appris le métier sur le terrain. « Toutes les personnes recrutées l’ont été non pas sur leurs compétences pures, mais sur la motivation et la fibre qu’ils portent en eux pour développer des produits du coin ». La priorité est de donner leur chance à des jeunes d’ici, qui veulent vitre et travailler ici. Mais aussi d’avoir un produit fait par des jeunes d’ici et consommé par les gens d’ici. Pas question de fabriquer un produit avec une identité basque, consommé partout sauf au Pays Basque.
 
« Par leur motivation et leur engagement, nos jeunes recrues montrent qu’ils peuvent vendre un produit, mais aussi transmettre nos valeurs. Quand on vend une bouteille à un client, on éduque, on forme : qu’est-ce que l’Hegoalde et l’Ipparalde ? notre langue, notre culture, nos traditions ? »

Une belle gamme qui monte, qui monte… 

Pour revenir au Patxaran, il avait besoin d’être revalorisé, pour ne pas être seulement offert en fin de repas comme une tradition culturelle plus que comme un produit de qualité. Au-delà de faire évoluer les habitudes de consommation, il a fallu moderniser sa présentation avec un nouveau flacon.

Désormais, la gamme Egiazki est commercialisée en direct au Pays basque et via un distributeur national sur les autres territoires. « Depuis 2022, nous proposons, en complément, un portefeuille de150 produits d’artisans distillateurs, ayant la même façon de travailler que nous, le même esprit » se félicite Camille.
 
Parmi les innovations : la création d’une marque de grande distribution, Makila, pour tout type de client, avec des prix plus serrés. « Pour ne pas rogner sur la qualité, les produits sont travaillés différemment. De quoi démocratiser un peu la production locale ».
 
A noter aussi, le lancement d’un bib de 4,5 litres à destination des cafés, hôtels et restaurants. Egiazki leur fournit des flacons vides à remplir au fur et à mesure, afin de réduire le stokage de bouteilles et l’empreinte carbone.
 
Toutes ces initiatives ont permis à Egiazki d’affirmer une belle présence localement, mais aussi de rayonner bien au-delà avec une production de 120.000 bouteilles par an. « Nous avons commencé à nous ouvrir à l’export. 24.000 bouteilles prennent la direction du Royaume-Uni et nous commençons à entre dans de nombreux pays, y compris au Canada et aux Etats-Unis. Notre notoriété est déjà importante ».

Pour Camille, la concurrence locale est plutôt une bonne chose. « Quand nous avons commencé la production de liqueurs, nous étions quasiment les seuls en Iparralde. Aujourd’hui, il y a plus de 10 acteurs. Mais, nous constatons que, parallèlement à leur développement, nous n’avons jamais autant vendu. Nous sommes fiers d’avoir contribué à créer une filière de spiritueux et de liqueur basque ».
 
Egiazki a tissé quelques liens avec les producteurs d’Hegoalde et souhaiterait aller beaucoup plus loin pour échanger davantage, partager des expériences, pour s’enrichir mutuellement.
 
Il faut dire que l’équipe de Saint-Pé-sur-Nivelle fait preuve d’un dynamisme qui fait plaisir à voir, rajoutant régulièrement des cordes à son arc pour partir à la conquête de nouveaux marchés. Ainsi, Egiazki a racheté Txopinondo, une des marques les plus emblématiques de sagarno (cidre basque), et s’est lancé dans une nouvelle aventure avec un vermouth maison.

« Nous avons mis deux ans à mettre au point ce produit. Trouver le bon vin a été difficile et le travailler a été un véritable casse-tête. C’est un alcool très consommé en Hegoalde, dans toute l’Espagne et dans le monde : une ouverture très importante pour franchir une nouvelle étape », se réjouissent Camille et Benjamin Fourt Arteaga.
 
Informations sur Egiazki, cliquez ici.

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Un défi majeur à relever ensemble…



Plus nombreux qu’on ne le pense, ceux qui produisent au Pays Basque montrent la voie. On pense souvent à quelques fleurons industriels, à des grands groupes, mais une multitude de femmes et d’hommes font partie de l’aventure production, avec des structures de toutes tailles. Les petits ruisseaux font les grandes rivières.



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