Au début du mois d'octobre, l'ensemble des Chambres d'Agriculture départementales ont annoncé via leurs réseaux de communication un changement dans la gestion de l'influenza aviaire. En effet, l'entièreté du pays a basculé dans un niveau de risque dit « modéré », soit le niveau 3 d'une échelle à 4 branches (niveau vert – faible probabilité, niveau jaune – forte probabilité, niveau modéré, niveau élevé).
C'est une annonce qui fait suite à une recrudescence des cas d'influenza aviaire dans de nombreuses exploitations en France. Actuellement, des foyers de contaminations seraient enregistrés en Auvergne-Rhône Alpes, en Bretagne, en Centre-Val-de-Loire, dans le Grand-Est, dans les Hauts-de-France, la Normandie et les Pays de la Loire. Fort heureusement, rien en Nouvelle-Aquitaine, mais les producteurs sont inquiets...
Par exemple, dans les Landes, le MODEF (Mouvement de Défense des Exploitants Familiaux) a rédigé une lettre ouverte à destination de la Préfecture afin de demander à Cécile Bigot-Dekeyzer, préfète du département, d'interdire le transport d'animaux venant de l'extérieur du territoire. « Nous estimons irresponsable que de tels flux interdépartementaux puissent encore être autorisés par les acteurs de la filière agricole d'une part, et par l'administration d'autre part. Nous vous demandons donc d'interdire tout transport d'animaux provenant de l'extérieur des Landes afin d'éviter toute propagation du virus ».
Une inquiétude logiquement partagée par de très nombreux éleveurs, sinon tous, qui estiment que la vague de 2021 ne s'est jamais réellement terminée. Malgré la mise en place de mesures pour tenter de limiter cette problématique, à défaut de la résoudre, la situation ne s'améliore pas...
La faute peut-être, donc, à des mesures qui n'aident finalement pas les éleveurs comme elles le devraient. La faute aussi, sûrement, à des situations énergétiques et économiques très difficiles également.
Pour le premier point, afin de diminuer les risques de propagation du virus, les éleveurs réduisent grandement la densité de leurs élevages. Mais assez logiquement, moins il y a d'animaux, moins la production est importante et donc moins les revenus sont conséquents. Les agriculteurs enregistrent donc à ce niveau une première difficulté financière, qui est accentuée par une augmentation des coûts de production comme dans de très nombreux secteurs. Et on ne parle même pas des coûts engendrés par les mesures gouvernementales, comme le matériel nécessaire à la mise en confinement des bêtes de moins de 42 jours, qui s'élèvent à plus de 5000 euros.
Toutes ces raisons risquent, en cas de nouvelle vague de grippe aviaire, d'entraîner une forte hausse des prix des produits. Le CIFOG (Comité Interprofessionnel des Palmipèdes à Foie Gras) estime qu'une augmentation de 25% des prix est à prévoir, ce qui représente entre 50 et 80 centimes d'euros par portion de 40g, soit une augmentation estimée entre 5 et 8 euros pour un foie gras de 400g. Une augmentation qui serait terrible pour la filière et la totalité de ses acteurs.
Alors avant de prendre de plus grandes décisions, et peut-être, comme le recommande le MODEF, d'interdire les flux interdépartementaux, les Chambres d'Agriculture rappellent aux éleveurs les bons gestes à suivre afin de limiter les risques, et de détecter au plus vite si un cas est présent dans leur élevage. « Le retard pris sur la diffusion du virus était tel qu'au moment de la première détection, il y avait potentiellement près de 30 élevages déjà contaminés », explique la Chambre d'Agriculture des Landes concernant la vague de l'année passée.
Espérons que la Nouvelle-Aquitaine restera épargnée par cette recrudescence, et que les organismes publics auront tiré des leçons de l'épisode 2021 d'influenza aviaire afin de protéger de la meilleure des façons les éleveurs et leurs bêtes. Comme ça, on pourra tous passer de bonnes fêtes de fin d'année, foie gras au menu !
Timothé Linard
Plus d'informations sur le site du ministère de l'agriculture
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