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Les bactéries du littoral aquitain passées au peigne fin

Les résultats de l’étude Aqui-Litt, menée de 2017 à 2020 par le laboratoire Aquitaine Microbiologie, ont été présentés ce 24 janvier à l’Hôtel de Région de Bordeaux. Instructif…
Les bactéries du littoral aquitain passées au peigne fin
L’étude Aqui-Litt, cofinancée par l’Europe (Feder), la Région et le groupe Ceva Santé Animale, met en évidence un large éventail d’organismes appartenant à quelque 300 espèces de bactéries et de champignons, dont 13 seraient résistantes aux antibiotiques.

Le laboratoire Aquitaine Microbiologie, département de l’Adera (Association pour le développement de l'enseignement et de la recherche en Aquitaine) dirigé par le docteur Fatima M’Zali et en lien avec l’UMR dédiée du CNRS et de l’Université de Bordeaux, vient donc de livrer à l’Hôtel de Région les résultats d’une étude inédite menée pendant 4 ans sur une demi-douzaine de sites côtiers d’entre Bayonne et La Rochelle.

« La résistance des bactéries aux antibiotiques est un problème de santé publique majeur. L’utilisation massive et répétée d’antibiotiques, tant chez l’homme que chez l’animal, a profondément modifié l’écologie bactérienne dans l’environnement. Les bactéries ont développé des mécanismes de défense contre les antibiotiques connus sous le nom d’antibiorésistance », explique le laboratoire, qui a effectué pas moins de 450 prélèvements le long du littoral avec l’aide de pêcheurs et de plongeurs, mais aussi 120 prélèvements sur des animaux d’élevage, et encore 120 autres sur des patients de médecins de ville ou déduits de comptes-rendus hospitaliers.

300 espèces dont 13 critiques

Au total, 2.630 organismes de 300 espèces de bactéries et de champignons ont été découverts. Parmi ces dernières, 13 seraient antibiorésistantes. « Certaines de ces bactéries sont d'origine humaine, avec l'eau du littoral qui est polluée par de la flore fécale. Mais on a aussi trouvé des bactéries de l'environnement du littoral, qui peuvent, de façon émergente, être des agents infectieux en médecine humaine ou animale. Ça marche dans les deux sens », a souligné le professeur Charles Cazanave, interrogé par France 3 Aquitaine.

Si toutes ces bactéries n’ont pas forcément vocation à nous infecter, l’antibiorésistance est un problème pris très au sérieux qui occasionnerait 1,2 million de décès chaque année dans le monde.

Au-delà des chiffres, cette étude montre que si ces « mauvais organismes » sont de moins en moins présents dans l’eau à mesure que l’on va du littoral au large, ils sont à peu près également présents sur tous les sites étudiés. On ajoute que cette étude met aussi en lumière, à travers la grande variété d’espèces recensées, les lacunes de la surveillance classique de nos eaux de baignade. « Les conséquences du changement climatique auront un impact sur la qualité de l’eau déjà menacée dans certaines zones par l’urbanisation et l’anthropisation. Cet impact se traduit par des risques de pollutions microbiologiques des eaux », résume le laboratoire.

L’étape suivante va consister à étudier en détail toutes ces bactéries, qui pourraient aussi servir dans certains secteurs d’activité, en particulier pour leurs propriétés antimicrobiennes. Après Aqui-Litt, c’est donc une nouvelle étude « Nova-Litt » qui commence pour le laboratoire Aquitaine Microbiologie. À plus long terme, il sera en outre intéressant de comparer ces résultats inédits à ceux de futurs prélèvements réalisés sur d’autres littoraux.

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