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    Grains de Sable

    Les masques et les fleurs des champs

    Un monsieur qui a l’habitude d’avancer dans la vie « bille en tĂȘte », me confiait rĂ©cemment combien il Ă©tait sidĂ©rĂ© de constater la propension des gens Ă  se plaindre pour un oui ou pour un non. Encore qu’on se plaint peut-ĂȘtre plus pour un non que pour un oui


    Et bien sĂ»r, dans la voiture, en rentrant, cette rĂ©flexion tourniquait dans ma tĂȘte, me faisant rater une fois de plus un embranchement et prouver qu’une femme ne peut faire deux choses Ă  la fois : conduire et penser. Mais une femme pense-t-elle ?

    Or donc, je pensais Ă  la phrase consacrĂ©e du lundi : « comment ça va ? » Ă  laquelle il convient de rĂ©pondre : « comme un lundi », avec l’air pitoyable de celui qui a quittĂ© brutalement le Paradis. Paradis du week-end passĂ© entre belle-maman et ses maladies, des ados renfrognĂ©s et un mari de mauvaise humeur ?

    Je pensais aussi Ă  ces amis qu’on appelle pour prendre de leurs nouvelles, en Ă©changer quelques-unes et ainsi oublier nos propres soucis, et qui Ă  « comment vas-tu ? » rĂ©pondent  systĂ©matiquement « mal » histoire qu’on les plaigne. On raccroche avec ses soucis encore alourdis de ceux de l’autre, qui pourtant ne sont pas pires que les vĂŽtres, et zut.

    Et je pensais Ă  cette sale habitude que l’on a de cacher sa joie, ses revenus : « si peu cette annĂ©e.. », sa fierté : « mon fils Ă  Polytechnique ? C’est pas rose, il faut choisir la bonne proposition  », ben voyons ! Liste non limitative.

    Et puis j’ai pensĂ© Ă  l’autre bout de la chaĂźne Ă  celle qui vous annonce « un mĂȘĂȘĂȘrveilleux week-end », alors qu’elle a pleurĂ© seule pendant deux jours, Ă  celui dont : « les affaires, ça marche fort ! » et tiens, il a une drĂŽle de tĂȘte en sortant de chez son banquier, aux « ouiiiii, ça va trĂšs bien » qui sonnent si faux.

    J’ai pensĂ© Ă  la dĂ©risoire comĂ©die que nous nous donnons, les masques avec lesquels nous nous travestissons pour, selon notre Ă©ducation, se faire envier ou se faire plaindre. J’ai pensĂ© Ă  mon dernier dada, les fleurs des champs. Elles sont devenues mon modĂšle.

    Regardez-les, elles ne cachent pas leurs belles couleurs et leur Ă©panouissement sous le soleil, sont tristes et baissent la tĂȘte quand elles manquent d’eau, fanent et meurent sans faire d’histoire mais sans se cacher non plus. Simples et vraies dans tous les cas, elles ont le ton juste, le ton que certains ont trouvĂ©, vous savez, ces gens avec qui on se sent si bien, juste parce qu’ils sont eux, tout simplement

    Pasquine L’Islet

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