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Maïsadour : une belle croissance et un plan audacieux

En marge de son assemblée générale et de l’annonce de ses résultats, le groupe coopératif landais a dévoilé les contours de sa nouvelle stratégie « Ambition 2030 ».
Maïsadour : une belle croissance et un plan audacieux
Après une année 2022 compliquée par la sécheresse et une nouvelle épizootie, Maïsadour affiche des résultats en nette hausse sur le dernier exercice. Son nouveau plan Ambition 2030 se veut une réponse aux enjeux climatiques, économiques et sociétaux actuels.

Tout l’état-major de Maïsadour était réuni ce jeudi 7 novembre du côté du Théâtre de Gascogne, à Saint-Pierre-du-Mont, pour la traditionnelle assemblée générale de fin d’année du groupe coopératif, qui se rassure avec de bons résultats après une délicate année 2022, marquée par une collecte de céréales et une production de canards en berne.

L’évolution générale du climat et son impact sur l’agriculture ont convaincu les nouveaux dirigeants d’accélérer sur le sujet. C’est le sens de la nouvelle stratégie « Ambition 2030 » dévoilée par Maïsadour, laquelle se déclinera dans ses différents métiers.

Fruit d’un travail mené depuis la fin de l’année dernière, ce nouveau plan repose sur 4 principes directeurs : l’ambition agroécologique et environnementale, la valeur ajoutée des filières, la performance des équipes et l’attractivité de l’entreprise, et enfin l’engagement socio-économique de la coopérative en faveur de son territoire. « Ces 4 piliers répondent tous à l’urgence climatique. Alors que s’est ouverte la Cop 28, nous nous inscrivons pleinement dans cette démarche et voulons être leaders dans la transformation de l’agriculture, pour tracer un avenir économiquement résilient. Chez Maïsadour, nous sommes prêts : tout le monde a un axe d’amélioration à travailler. Les dirigeants de nos pôles d’activité incarnent ce projet », a résumé le président Daniel Peyraube.

Vers un modèle agroécologique

Sur le plan environnemental, Maïsadour se fixe ainsi des objectifs précis pour cet horizon 2030 : 25% d’émissions de CO2 en moins (et -58% d’ici 2045), 100% de couverts végétaux pour les sols en période hivernale, 100% des sols exploités en agriculture de précision, réduction de 30% des engrais azotés (via les engrais décarbonés, le travail sur la performance des effluents dans la polyculture et l’élevage, etc.)… Et avant cela, la coopérative vise une part de 50% d’électricité achetée d’origine renouvelable et 100.000 hectares en agriculture régénératrice d’ici 2025, puis 100% de parcours d’élevage en agroforesterie en 2026.

Ces objectifs ambitieux sont d’ores et déjà poursuivis à travers un vaste programme d’actions concrètes. Économies d’énergie, projets photovoltaïques, baisse des importations de soja pour la nutrition animale, réalisation de 500 diagnostics carbone sur les exploitations agricoles, dispositifs de préservation de l’eau (comme le « semer plus tôt pour récolter plus tôt »), développement des haies ou de l’apiculture : aucun levier ne paraît laissé de côté.

Second volet du plan, la valeur ajoutée des filières fait déjà l’objet de nombreuses mesures visant à satisfaire les exigences des consommateurs d’aujourd’hui, de la suppression des ingrédients controversés (la marque Delpeyrat, leader du marché français sur le canard, table sur 100% de magrets et foies gras sans nitrites à brève échéance) à l’alimentation des volailles avec du soja local (pour les marques de Fermiers du Sud-Ouest) en passant par le futur « affichage environnemental » sur les produits (qui doit démarrer dès 2024 sur certaines références) ou le développement de cultures alternatives (coton, chanvre, myrtilles).

Autre « ambition 2030 » : multiplier par deux la production de légumineuses (soja, pois, fève). Enfin, ce volet inclut les différents projets d’amélioration de la performance économique du groupe. Message également pour les gourmands en vue de cette fin d’année : pas de crainte majeure côté épizooties. « Nous approvisionnerons bien les points de vente pour les fêtes », a assuré Éric Humblot, directeur du pôle gastronomie de la coopérative.

L’humain… et l’animal !

La nouvelle stratégie de Maïsadour comprend aussi un important volet dédié aux ressources humaines. « Delpeyrat Académie » lancée à la rentrée pour recruter et fidéliser les talents, mise en place d’un baromètre social et d’une plateforme d’e-learning dès l’an prochain, sessions de formation, dialogue social, soutien aux adhérents via différentes ressources (agronomes, experts, service logistique, conseillers techniques, service commercial) : « Pas de croissance durable sans une politique RH ambitieuse », a souligné le directeur général Christophe Bonno. La coopérative compte aussi « développer l’attractivité des métiers agricoles en travaillant avec les écoles et les acteurs de l’emploi ».

Outre les humains, on notera que Maïsadour s’attaque aussi à la complexe question du bien-être animal. Le groupe met en avant son travail sur le « sexage in ovo » (identification dans l’œuf du sexe du caneton à partir de la couleur de l’œil pour « faire naître uniquement les animaux qui seront commercialisés ») avec 4 millions d’euros investis à Aignan (32) dans une installation robotisée, qui sera opérationnelle en février prochain. Une expérimentation qui montre que le monde agricole entend les critiques et n’est pas insensible aux tendances qui traversent la société.

Dernier point : l’engagement pour le territoire, quatrième et dernier volet d’Ambition 2030. Le groupe rappelle son importance pour le tissu économique local : à un emploi en son sein seraient liés 7 emplois indirects sur le territoire. Un Landais sur 20 serait en lien professionnel direct ou indirect avec Maïsadour. La coopérative travaille tout particulièrement sur le sujet crucial de la transmission des exploitations (un groupe de travail a été mis en place cette année pour faciliter les démarches des candidats à la reprise) et propose un accompagnement sur 6 ans à ses nouveaux adhérents.

On notera pour conclure que l’Assemblée générale du groupe accueillait Bertrand Piccard, le président de la fondation Solar Impulse. Un message du ministre de l’Agriculture a également été diffusé en fin de séance. En un an, les lignes ont beaucoup bougé au sein du groupe coopératif landais. On ne peut que s’en réjouir, car les défis sont de taille.

Un exercice en chiffres

Un chiffre d’affaires d’1,475 milliard d’euros en 2022-2023, contre 1,415 milliard sur l’exercice précédent.

Répartition : 53% du chiffre d’affaires est généré par le pôle agricole. Suivent les pôles volailles (16%), gastronomie (15%), semences (14%) et aquacole (2%).

Maïsadour reste le 1er employeur privé des Landes avec 2.100 salariés sur le département (pour un total de plus de 4.300). La coopérative compte plus de 5.000 agriculteurs adhérents.

18% : la part de marché de la marque Delpeyrat en France, leader sur le canard.

515.000 tonnes de céréales collectées cette année (dont plus de 490.000 tonnes de maïs), contre 367.000 l’an dernier. Ont par ailleurs été collectées 7.500 tonnes de soja et 1.800 tonnes de soja bio.

Implantations : 207 sites en France et à l’étranger, 62 boutiques.

Entretien PresseLib’ de novembre avec Daniel Peyraube : Maïsadour grandit sur le terreau de ses Organisations de Producteurs

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