C'est au début des années 60, en 1962 pour être plus précis, que Maïsica voit le jour grâce à une poignée d'agriculteurs du sud-ouest qui avaient besoin de trouver des débouchés à leur production. En 60 ans, le site s'est depuis bien développé, jusqu'à devenir, aujourd’hui, un élément central de l'économie locale.
« Chaque année, c'est environ une centaine de navires qui passent par chez nous, chargeant entre 400 000 et 500 000 tonnes de maïs par an », commence Xavier Guihard. « Si l'on convertit ça au monde agricole, c'est l'équivalent de 40 000 à 50 000 hectares, soit plus de 1000 exploitations réparties entre le Gers avec Vivadour, les Landes avec Maïsadour, le Béarn avec Euralis, et le Pays Basque avec Lur Berri. Dans tout ça, nous, notre métier, c'est de réceptionner ce maïs, le stocker pour une durée pouvant aller de 15 jours à 3 mois, puis de le distribuer principalement vers le nord de l'Europe pour en faire de l'amidon, de la nourriture pour les animaux, ou du whisky ».
Un rôle de relais important donc, qui se voit malheureusement impacté par les crises énergétiques et écologiques actuelles. « La crise sanitaire n'a pas eu vraiment d'impact sur notre activité. En revanche, l'inflation et la sécheresse font mal à toute la filière... ». En effet, selon le directeur les coûts de l'énergie sont parfois multipliés par 3, voire par 5, quand le rendement au champ est en baisse de 40 à 50%.
« On pourrait penser qu'une sorte de balance se fait : à cause de la sécheresse, le maïs a moins besoin d'être séché, et donc nous utilisons moins d'énergie. Mais comme il y a moins de maïs, il y a moins de rentrée d'argent aussi. Nous sommes un prestataire de services. On est un silo portuaire, on reçoit le maïs et on l'exporte, on ne peut pas jouer sur les quantités, on est passagers de cela. Cela fait moins de rentrée d'argent pour nous, pour certaines dépenses qui ne réduisent pas (maintenances, salaires). Et c'est aussi le cas pour le port de Bayonne et pour les agriculteurs ! Économiquement, c'est mieux de payer pour de la matière que de faire des économies sur du vide... ». Et même s'ils n'ont pas encore toutes les données entre les mains, Maïsica imagine bien qu'en 2022, il y aura un manque par rapport aux autres années.
Pour Xavier Guihard, deux situations se présentent alors pour l'avenir. « Soit ces événements climatiques sont exceptionnels, et dans ce cas nous pouvons faire avec une mauvaise année de temps en temps, soit ces événements deviennent la norme et cela devra engendrer des changements draconiens dans toute la filière ».
Un mal pour un bien, peut-être... ? « Notre agriculture a des points faibles, mais elle a aussi et surtout des atouts majeurs : une grande qualité, une traçabilité totale de A à Z, des semences spécifiques, des terres de qualité, le tout enrichi par des savoir-faire agronomiques, logistiques, etc. Je pense que l'exportation de ces cultures à valeur ajoutée est l'avenir de l'agriculture du sud-ouest. Et c'est une piste que l'on a déjà commencé à emprunter ces dernières années, en privilégiant la qualité de nos produits par rapport à la quantité. C'est aussi un moyen de répondre aux enjeux sociétaux et environnementaux actuels », termine Xavier Guihard.
Timothé Linard
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