L’an dernier, le congrès national de l’Umih, programmé à Tours, n’avait pu se tenir comme prévu à cause de la pandémie. Mais cette année, il a bien lieu et c’est à Strasbourg que cela se passe, depuis ce lundi et jusqu’à ce jeudi. Cette 69ème édition réunit 600 chefs d’entreprise opérant dans l’hôtellerie et la restauration au sens large, incluant bars, cafés, brasseries, discothèques et autres établissements spécialisés.
Ce congrès paraît tomber à pic, tant les sujets chauds sont nombreux en ce moment. En amont de l’événement, le président biarrot de l’Umih, Roland Héguy, les a largement abordés dans la presse. D’abord, il a réagi à la toute fraîche présentation du plan gouvernemental de « reconquête du tourisme » par Jean Castex, qui prévoit de consacrer une enveloppe d’1,9 milliard d’euros à la relance du secteur : « Il y a une volonté du gouvernement de soutenir le monde du tourisme au sens large. Sur la volonté politique c'est positif. Maintenant est-ce que les moyens vont suffire ? »
Entre relance et problèmes de recrutement
Ce plan est évidemment en lien avec les préoccupations actuelles des adhérents de l’Umih, concentrés sur la relance de leur activité, largement mise entre parenthèses au plus fort de la crise sanitaire. Roland Héguy a d’ailleurs salué les dispositifs mis en place pour l’occasion : « L’État a été très présent, il n’y a pas eu de faillites en 2020 dans notre secteur car les aides ont été très bien calibrées », a-t-il ainsi expliqué à L’Auvergnat de Paris.
Le président plaide pour l’assouplissement des contraintes de remboursement des prêts garantis, qu’il souhaiterait voir s’étaler sur 10 ans au lieu de 4. L’idée est de ne pas pénaliser les affaires dans cette phase de reprise, et aussi en vue des échéances majeures que sont la coupe du monde de rugby 2023 et surtout les JO 2024, déjà dans la ligne de mire de toute la profession.
« Il faudra proposer une offre de très bon niveau à ces dizaines de milliers de touristes qui vont venir découvrir la France. La concurrence est terrible, nous sommes déjà descendus à la 3ème place des destinations touristiques. Si on souhaite remonter sur la première marche du podium, il faut progresser en termes de qualité et de panier de dépenses », a exposé Roland Héguy dans le même média.
L’autre grand sujet de préoccupation pour la profession, c’est évidemment le recrutement et la pénurie de main d’œuvre, qui se serait largement aggravée avec la crise. Il manquerait désormais 30% de salariés dans le secteur, contre 15% avant la crise. « Que ce soit dans les écoles, les CFA, on s’aperçoit que 18 mois après l’entrée des élèves dans l’entreprise, une grande majorité d’entre eux ont quitté le secteur. Tout cet argent en formation investi en pure perte, c’est dramatique », a déploré le président de l’Umih.
Ainsi, la crise aurait découragé beaucoup de gens du métier, et 100.000 postes seraient actuellement non pourvus. On comprend donc que comme pour les éditions précédentes du congrès, cette problématique de recrutement soit encore au centre des débats cette année, avec deux tables rondes (ce mercredi et ce jeudi) sur les moyens d’attirer, de former et de fidéliser les professionnels de l’hôtellerie-restauration.
Négociations salariales… et polémiques
Là-dessus, pas de secret : pour améliorer la situation et refaire le retard accumulé en la matière, des négociations sont en cours autour des grilles de salaires, avec des augmentations attendues de 3,5 à 20% selon les métiers. Mais le président a souligné que les salaires étaient loin d’être le seul problème : la question de l’organisation du travail est aussi sur la table, notamment au chapitre des temps de repos et des coupures le week-end.
Loin d’être anodin, ce problème de recrutement est aussi un frein à la relance : « Des restaurants refusent des clients tous les jours et cet état de fait risque aussi de bloquer les transmissions d’entreprise dans notre secteur. Déjà, des affaires viables ne trouvent pas de repreneurs », a indiqué Roland Héguy, pointant directement du doigt… le coût du travail.
Enfin, le président s’est aussi exprimé sur le cas particulier des discothèques, fermées 18 mois pendant la crise. Selon l’Umih, 20% des établissements néo-aquitains auraient fait faillite. Pour autant, la reprise serait amorcée, en dépit de la mauvaise publicité causée par la médiatisation d’affaires autour du GHB en Belgique.
Sur le sujet, l’Umih est montée au créneau et le président se montre on ne peut plus clair : « Ce mouvement #balancetonbar se trompe de cible. Au lieu de désigner les professionnels du secteur CHR comme responsables, il devrait dénoncer les sites de vente du GHB en accès direct sur Internet ». Au-delà, il rappelle que les professionnels de la nuit travaillent déjà sérieusement sur ces sujets. Un dialogue serait noué avec les alcooliers « pour fournir aux établissements des couvercles pour les verres ». Pas question, donc, de laisser le GHB gâcher la fête…
Plus d’informations sur le site internet de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie
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