Les « politiques » ont l’habitude de se ruer au salon de la Porte de Versailles, président et premier ministre en tête, pour tenter de se montrer proches du monde rural devant les caméras des télévisions. Une fois par an, cela fait bien d’aller caresser le cul des vaches et d’aller boire un coup avec les producteurs. Très « parisien » !
Mais cette année, cet événement qui attend 700.000 visiteurs et 40.000 professionnels risque d’être plutôt houleux. Car, même si les syndicats majoritaires restent prudents, de plus en plus d’agriculteurs de la base, syndiqués ou pas, sont encore plus en colère et pourraient bien les déborder. Ils dénoncent à la fois des promesses qui tardent à se concrétiser alors qu’ils n’ont souvent pas de quoi vivre, et à la fois le double langage du gouvernement à Paris et à Bruxelles, à travers ses représentants comme Pascal Canfin, porteur du très contesté Green Dreal, prônant la décroissance agricole.
L’inquiétude du pouvoir est grande. Non seulement parce que les agriculteurs prévoient des actions fortes dès l’ouverture du salon, samedi, allant même jusqu’à envisager d’empêcher l’entrée d’Emmanuel Macron. Mais aussi, parce que des groupes écologistes pourraient aller manifester au Salon pour mettre une pression très radicalement « verte » face aux agriculteurs. Explosif ! Mais, on est là au cœur du « En même temps ».
C’est clairement au niveau européen que se joue l’avenir de nos paysans. Avec notamment des accords internationaux générant des concurrences dévastatrices, de la part de pays qui ne respectent pas les mêmes contraintes que celles imposées aux agriculteurs français, et qui cassent les prix. Avec des aides apportées à certains pays qui se traduisent par l’arrivée en masse de produits à coûts cassés, comme les poulets en provenance d'Ukraine. Avec des normes à dormir debout et des lourdeurs administratives infernales...
Les élections européennes vont arriver en suivant, et la crise agricole sera au coeur du débat, tout simplement parce qu’elle illustre parfaitement et très concrètement les principales problématiques qui concernent les décisions de l’institution européenne. La Politique agricole commune (PAC) doit-elle être simplement aménagée ? ou faut-il changer complètement l’approche actuelle ? Quid des accords du Mercosur et des injonctions du Green Deal ? Vers une exception agriculturelle ? Etc.
Ce que demandent les paysans, en France et dans toute l’Europe, c’est qu’on leur permette de vivre de leur métier, et non pas de survivre tant bien que mal à coup de subventions et d’un maquis d’aides. C’est une affaire de dignité, que chacun peut comprendre. Pour cela, il faut éviter de les plomber au niveau des coûts de production, et de les mettre à la merci d’une concurrence internationale à prix cassés.
Ils ne demandent surtout pas la charité ni d’être des fonctionnaires en charge de l’entretien de la nature.
Il y a vraiment urgence.
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