Lettre ouverte de Lionel Candelon, président de la Chambre d’agriculture du Gers, à un habitant du Gers.
Madame, Monsieur,
« Suite à vos multiples plaintes contre Mme et M. XXXXX, je me permets de réagir en tant que président de la Chambre d'Agriculture du Gers.
« Vos plaintes pour un coq qui chante, dans notre campagne gersoise, commencent à échauffer les esprits de nos agriculteurs.
« Vous débarquez à la campagne et vous vous étonnez qu'il y ait… de la campagne !
« L'air n'est pas stérile et silencieux comme votre parking souterrain. Ici, ça vit. Et qui dit vie, dit bruit. Un coq, ça chante. C'est son boulot.
« C'est comme si vous vous plaigniez du bruit des vagues à la mer sur la plage de Biscarosse !
Vous êtes venu chercher la tranquillité ? Il fallait rester en ville avec vos boules 'Quies'. La campagne, c'est pas un décor de carte postale où tout le monde se tait pour vous faire plaisir. C'est des champs, des animaux, des gens qui bossent, des tracteurs. Et ça fait du bruit.
« Alors, le "cocorico" du matin, au lieu de vous boucher les oreilles, vous devriez peut-être l'écouter comme un réveil naturel. C'est ça, la vraie vie. Celle qui vous nourrit, même si vous l'oubliez quand vous êtes devant votre assiette.
« Si un simple chant de coq vous insupporte à ce point, je me demande bien comment vous faites avec les mouches en été ou l'odeur du lisier au printemps, les grenouilles de la marre.
Faudrait peut-être penser à retourner à la ville, parce qu'ici, on ne va pas changer nos habitudes pour votre petit repos.
« Nous, on est là depuis des générations. Nos coqs ont toujours chanté, les cloches ont toujours sonné. Et ils continueront de chanter et de sonner, que ça vous plaise ou non. C'est ça, la campagne ! »
Pour compléter, voici l’un des commentaires postés sur la page Facebook de la Chambre d’agriculture du Gers.
« Un immense MERCI Monsieur Candelon pour cette magnifique et si évidente réponse. Les natifs de nos campagnes... sont des paysans, des enfants ou petits-enfants de paysans, d'agriculteurs, d'éleveurs... de gens du cru qui aiment la terre et qui sont nés dans cet environnement.
« Nous voulons bien accueillir d'autres horizons à condition qu'ils respectent nos traditions... et qu'ils oublient d'empêcher les animaux de s'exprimer, les gens de travailler, les cloches de sonner.... raz le bol !
« Vous voulez le silence total ? allez dans un monastère ! et là encore vous entendrez les "bruits de la ferme" car les moines et nonnes travaillent souvent comme des paysans.
« Nous sommes fiers de parler patois. Nous nous contentons de peu et nous y tenons ! Une partie de nos trésors est justement les meuglements, les hennissements, les caquètements, les grognements, les bêlements, les aboiements, les braiments... le plaisir d'entendre la vraie vie autour de nous.
« La cloche du village nous guide dans nos harassantes journées... elle est indispensable et nous rappelle nos anciens partis trop tôt... cette cloche les a accompagné dans leur dernier voyage, dans le mariage, leur baptême.
« Mon parfum préféré ? n'est pas Chanel, mais l'odeur du crottin, de la bouse... qui me rappelle l'étable ou l'écurie que je défumais quand j'étais jeune.
« Quelle belle musique que le vieux tracteur orange qui partait tôt et rentrait tard, ou travaillait la nuit quand la météo, le cycle des cultures ne lui laissaient aucun choix… »
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