Derrière un grand homme, cherchez la femme, affirmait Talleyrand. Comment ne pas citer cette phrase en évoquant une grande dame, Christine Guérard, qui vient de partit pour d’autres près. Car si pour beaucoup, Eugénie, c’est Michel Guérard, rien n’aurait été possible sans le talent de Christine, son alter ego, sa compagne, sa muse.
Sa vie est une belle histoire. Jugez plutôt : c’est le père de Christine, Adrien Barthélémy, fondateur de la Chaîne thermale du Soleil, qui rachète en 1961 le domaine thermal d’Eugénie, ainsi que les hôtels qui l’environnent. Cinq ans plus tard, après de sérieuses études à HEC et un long séjour au Mexique, la voici qui fait connaissance des lieux, dont elle tombe instantanément amoureuse. Elle s’y installe, et commence des travaux de restauration, faisant de l’hôtel un membre des Relais & Châteaux.
En 1972, c’est le coup de foudre entre elle et un cuisinier devenu la coqueluche du Tout Paris, un certain Michel Guérard, installé derrière le périphérique parisien, à Asnières. Elle n’a aucun mal à le convaincre que sa cuisine mérite un autre décor.
Ainsi débute la saga Guérard à Eugénie. Pour ceux qui ne s’y sont jamais rendus, le lieu est autant magnifique que magique. Des jardins parfaitement entretenus, celui du curé, du kiosque, des lutins, d’eau, le potager de la Ferme aux Grives, l’amphithéâtre de verdure, qui composent une marqueterie digne des plus beaux châteaux au monde. C’est l’œuvre de Christine.
Mais sa créativité va s’exercer tout autant sur les Maisons, au nombre de sept, dispersées parmi jardins d’eaux et de roses. Avant tout, la Grande Maison, où est niché le restaurant gastronomique, ses 23 chambres et suites. Puis l’Impératrice, où séjourna Eugénie, avec ses cinq suites royales et impériales ; le Couvent des Herbes, sorte de Petit Trianon poétique ; la Ferme Thermale, avec son spa ; le Café Mère Poule et l’Ecole de Cuisine, récemment étrennés. Et sur l’autre rive, les Logis des Grives, un ancien relais de Poste et l’Auberge de la Ferme aux Grives, connu pour son cochon de lait rôti dans la cheminée. C’est aussi l’œuvre de Christine.
A Eugénie, les 180 collaborateurs des Près sont en deuil. Ils ne sont pas les seuls.
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