La France, comme beaucoup de nations industrialisées, se trouve aujourd’hui face à un paradoxe : elle est à la fois héritière d’un modèle énergétique gourmand en carbone et pionnière dans la transition écologique. La décarbonation n’est plus une option laissée à la bonne volonté des entreprises ou des collectivités. Elle est inscrite dans la loi, cadrée par des objectifs ambitieux : neutralité carbone d’ici 2050, baisse drastique des émissions de gaz à effet de serre, montée en puissance des énergies renouvelables.
Derrière ces grandes orientations, il y a une réalité économique et sociale. Réduire son empreinte carbone, ce n’est pas seulement « sauver la planète » : c’est préserver sa compétitivité, se prémunir contre des coûts énergétiques volatils, anticiper une réglementation de plus en plus stricte et répondre à une demande croissante des consommateurs. Dans un pays où près de 20 % des émissions proviennent de l’industrie et du bâtiment, et où le transport reste l’un des principaux postes d’émission, chaque territoire est concerné.
Les Landes, terre de forêts, de coopératives et de PME industrielles, n’échappent pas à ce défi. Mais elles possèdent aussi de précieux atouts : une culture de l’innovation, des acteurs engagés et une capacité à travailler collectivement. C’est dans cet esprit qu’a été imaginée une matinée unique à Dax, le jeudi 2 octobre 2025, pour réunir entreprises, experts et décideurs autour d’un même mot d’ordre : passer à l’action.
Conjuguer écologie et économie
Baptisées « Rencontres Décarbonation », ces assises sont organisées par la CCI des Landes, en partenariat avec des entreprises et acteurs du territoire. Elles se tiendront à l’Espace Paseo du stade Maurice Boyau de Dax, un lieu symbolique où l’on parlera moins d’essais transformés que de carbone transformé en opportunité.
L’objectif est clair : montrer que la transition écologique n’est pas un frein mais un levier de performance durable. Au programme, trois tables rondes thématiques, des interventions de chercheurs du CNRS et de l’INRAE, ainsi que des témoignages inspirants d’entreprises locales déjà engagées dans la réduction de leur empreinte carbone.
La première table ronde mettra en lumière le cœur du sujet : comprendre le bilan carbone et saisir pourquoi il est devenu incontournable. Christophe Robin, responsable du Pôle Conseil de la CCI des Landes, ouvrira la séquence en rappelant les enjeux réglementaires et économiques. Anaïs Gros, spécialiste climat et biodiversité, détaillera la méthode ADEME-Bpifrance qui permet aux entreprises d’établir leur propre diagnostic carbone.
Mais au-delà des chiffres et des protocoles, ce sont les retours d’expérience qui marqueront les esprits. Des structures locales viendront raconter comment elles ont franchi le pas : La Route Ouvrière Aturine dans les travaux publics, Zoomalia dans l’e-commerce, Maison Le Marquier pour ses planchas et la Cave des Vignerons de Tursan pour l’agroalimentaire. Autant de secteurs différents, autant de preuves qu’aucune activité n’est à l’écart de la transition.
Quand le carbone devient levier
La deuxième séquence prolongera cette dynamique en mettant en avant des solutions concrètes. On y parlera innovation technologique, mobilité propre, énergies alternatives. Des entreprises comme V2V, qui développe des engins de travaux publics électriques, ou Terega, pionnière dans l’hydrogène et le biométhane, partageront leurs avancées. Les Transports Brocas, acteurs du fret et de la logistique, montreront comment un secteur très exposé peut réduire ses émissions, tandis que Sandaya, gestionnaire de campings, illustrera les bénéfices d’une approche RSE dans le tourisme.
Derrière ces témoignages se dessine une conviction commune : décarboner coûte, certes, mais décarboner rapporte aussi. Réduction des consommations énergétiques, image de marque renforcée, attractivité accrue auprès des clients et des jeunes talents : les gains dépassent largement la simple question environnementale.
Parce que la transition ne se résume pas aux bonnes volontés locales, la troisième table ronde donnera la parole à des scientifiques de référence. Le climatologue Didier Swingedouw, directeur de recherche au CNRS et président exécutif d’Acclimaterra, apportera un éclairage sur l’évolution des modélisations climatiques et les impacts concrets attendus à l’échelle régionale. Caitriona-Ann Carter, chercheuse à l’INRAE, expliquera comment mobiliser ses équipes et parties prenantes dans une démarche de changement. Car la décarbonation ne se gagne pas seulement avec des technologies : elle exige aussi un accompagnement humain et organisationnel.
Au-delà des conférences, les Rencontres Décarbonation veulent être un lieu de réseautage. Un cocktail conclura la matinée, permettant aux participants d’échanger librement, de nouer des contacts, d’identifier des partenaires ou des prestataires. Car l’une des forces de ce type d’événement réside dans la dynamique collective qu’il engendre : chacun repart avec des idées, mais aussi avec des alliés pour les mettre en pratique.
Les Landes en première ligne
Ce rendez-vous s’inscrit dans une démarche plus large : celle d’un territoire qui entend jouer sa part dans la lutte contre le changement climatique. Les Landes, avec leur filière bois, leur agriculture, leur tissu industriel et logistique, sont particulièrement exposées aux enjeux de transition. Mais elles disposent aussi d’atouts considérables : ressources naturelles, savoir-faire énergétique, culture coopérative.
En accueillant cette rencontre, la CCI des Landes veut envoyer un signal fort : la transition n’est pas une affaire de demain mais d’aujourd’hui. Elle ne concerne pas seulement les « grands groupes » mais chaque entreprise, du transporteur au restaurateur, du viticulteur à l’e-commerçant.
La décarbonation n’est pas une lubie d’experts ni une contrainte imposée par Bruxelles. C’est un mouvement de fond, qui redéfinit déjà les contours de notre économie. Ceux qui sauront l’anticiper prendront une longueur d’avance. Ceux qui tarderont risquent d’être dépassés. Le 2 octobre 2025 à Dax, les entreprises landaises auront l’occasion d’entrer pleinement dans cette dynamique.
Sébastien Soumagnas
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