Le contexte inflationniste et les changements climatiques plus que jamais d’actualité ont placé la souveraineté et la sécurité alimentaire au cœur des débats. Grâce aux nombreux retours d’expériences alimentant conférences et tables rondes, les participants ont été amenés à prendre conscience du potentiel de chaque territoire à agir pour le changement : évolution des pratiques agricoles, circuits courts, restauration collective, projets alimentaires territoriaux, les leviers et outils de la transition sont nombreux.
« Ce sont les producteurs qui assureront la viabilité de nos territoires en cas de nouvelle crise » a souligné Muriel Abadie, présidente de Gers Développement et vice-présidente de la Région Occitanie. Benoît Biteau a insisté sur le fait que « l’agriculture n’est pas que le sujet de l’alimentation, c’est aussi celui du climat, de la biodiversité et de la santé », tandis qu’Arnaud Daguin, vice-président de l’association “Pour une Agriculture du Vivant”, a défendu le concept de “Bonheur Intérieur à la Ferme”, gage d’une alimentation de qualité pérenne. « Nous avons besoin d’une agriculture qui rende les agriculteurs heureux ».
Alain Canet, fondateur d’Arbres et Civilisation, et Christian Couturier, directeur général de Solagro, ont alerté sur l’appauvrissement agronomique des sols sur tout le territoire français, quel que soit le mode de production. L’évolution vers une “agriculture de la proposition” permettrait par exemple de placer les producteurs au cœur de l’expérimentation de pratiques agro-écologiques. Également présent à ces rencontres, Bernard Malabirade, président de la Chambre d’agriculture du Gers, a rappelé que sur le département, « le bio concerne ¼ de notre SAU, et 1/3 des agriculteurs. Nous avons une culture des sols vivants. La crise du marché bio est conjoncturelle, il faut tenir, le marché va se rééquilibrer. »
Le bio justement, 36% des consommateurs se disent prêts à le payer plus cher (- 8% par rapport à 2020), et 66% (- 5% par rapport à 2022) sont d’accord pour acheter plus de produits locaux et Made in France, quitte à débourser un peu plus. Mais l’offre alimentaire en circuits courts, à domicile comme en restauration collective, reste à développer. À ce sujet, Elodie Bonnemaison, cofondatrice de Terra Alter, soulève le problème du prix : « Le menu à 1,05€ en maison de retraite ne permet pas d’offrir une alimentation de qualité aux résidents, ni de rémunérer les producteurs. »
Cathy Daste Leplus, vice-présidente du Conseil départemental du Gers, souligne la nécessité de former les agents en cuisine pour en faire des chefs cuisiniers, car « il ne suffit pas d’avoir de bons produits, il faut savoir les cuisiner », avant de rappeler que des évolutions étaient en marche à travers les projets alimentaires territoriaux. Mais pour Nicolas Méliet, maire de Lagraulet-du-Gers, la démarche va bien au-delà des PAT. « On accueille les gens – population, entrepreneurs – sur les valeurs que l’on porte. »
De la parole à l’action, les apprentis de l’École des Métiers du Gers avaient tenu à relever le “défi Locavore bas carbone” lancé par Stéphane Linou, à l’origine du mouvement Locavore. Le repas servi aux élus rassemblés pour ces rencontres devait comporter des ingrédients sourcés dans un rayon de 51 kilomètres, pour un budget de 9€ par convive et un bilan carbone aux alentours de 1.6 équivalent CO2 émis par personne. S’il n’a rempli que partiellement les objectifs, il a permis d’identifier des pistes d’amélioration.
Rendez-vous est déjà pris en 2024 pour de nouvelles Rencontres de la Transition Alimentaire.
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