Profondément humain, très attaché à son Béarn natal et passionné par son métier, Thierry Bordenave multiplie les projets autour de la coiffure.
Il est à la tête de 10 salons un peu partout en France, organise des formations pour les professionnels, a été le premier coiffeur homme à intégrer la Haute coiffure française, une institution très fermée.
Aujourd'hui, Thierry Bordenave vient de prendre la direction artistique d’Intercoiffure France, le plus gros groupement de coiffeurs indépendants en France. Il aura la lourde charge de créer les prochaines collections et tendances en termes de coiffure homme et de faire des shows sur scène pour représenter la marque.
Vous exercez ce métier depuis plus de 30 ans. Comment a-t-il évolué ?
Thierry Bordenave - Comme beaucoup de métiers, la coiffure évolue au moins chaque décennie. Quand j’ai débuté ma carrière professionnelle, la coiffure homme était un peu le parent pauvre. Aujourd’hui, les salons se sont multipliés et la partie femme a du mal à se renouveler. Je dirais que la coiffure homme connait un bel essor depuis une dizaine d’années, avec la tendance des coupes de hipsters. L’une des évolutions majeures de ces dernières années dans la coiffure, c’est la prédominance de l’expérience client. Parvenir à se renouveler est le plus difficile, mais aussi le plus intéressant dans notre métier. C’est ce qui nous permet de perdurer.
C’est d’ailleurs cette volonté d’une expérience client différenciante qui est à la base des Hommes ont la Classe…
T.B.- Totalement. Je voulais que mon salon de coiffure soit très différent des autres. On les appelle d’ailleurs nos stores. On a tout imaginé pour te faire vivre une expérience hors du commun, où chaque sens est sollicité : on a un parfum d’ambiance, une playlist techno/house chic établie chaque semaine par notre direction artistique... Tous les salons ont le même ADN, mais l’architecture est toujours adaptée au lieu et à la ville, avec une patte différente. Les Hommes ont la Classe, c’est avant tout un lieu de coiffure plutôt haut de gamme. C’est aussi un espace multiculturel, dans lequel on organise des pièces de théâtre et des concerts.
Pour vous, c’est quoi un homme qui a la classe ?
T.B.- C’est d’abord une attitude : quelqu’un qui se comporte bien, qui est élégant dans ses propos, qui a une bonne posture et surtout quelqu’un qui est éveillé et sensible à la beauté et aux belles choses.
Malgré votre carrière nationale et internationale, vous avez gardé un lien profond avec votre Béarn natal…
T.B.- J’adore entreprendre et le côté créatif de mon métier. J’ai la chance d’avoir une équipe géniale derrière moi. Ce qui me permet de multiplier les casquettes et développer de nouveaux projets. Je suis né et j’ai grandi en vallée d’Ossau et je suis profondément attaché au Béarn. J’ai voulu rendre hommage aux Pyrénées, au terroir et à des personnalités marquantes et dans des lieux à part à travers une série de photographie. J'ai commencé en prenant une photo dans les montagnes avec mon ami berger depuis 30 ans Laurent Lousteau. Puis j'ai continué avec un fauconnier, un apiculteur, un baigneur, un moniteur de ski, etc. C’est devenu mes vitrines de mes stores.
Chaque cliché est une histoire, un instant de vie capturé dans le contexte propre à chaque modèle, qu’il soit artiste peintre, randonneur, bibliothécaire… Je voulais pouvoir associer ces deux univers, sans que ça soit ridicule ou trop joué. La photographie de couverture est ma préférée, car elle symbolise vraiment qui je suis, les valeurs du terroir et du monde paysan, qui me sont très chères, car mon grand-père était agriculteur. La veille de cette photo, j’étais au Ritz à Paris, et là, je suis dans une bergerie en vallée d’Ossau, littéralement les pieds dans les déjections animales. Revenir en Béarn, c’est essentiel pour moi. Ça me permet de garder les pieds sur terre et de me ressourcer après les grands événements.
Depuis l’an dernier, les Femmes aussi ont la Classe !
T.B.- Effectivement, nous avons ouvert avec Marie-Laure Dubroca un nouveau salon sur le même concept, mais avec une touche plus féminine. Chaque mois, j’anime d’ailleurs un rendez-vous une fois tous les deux ou trois mois, baptisé « Au tour de la table ». Il est inspiré de l’émission télé « C à vous » (France 5), que j’adore. L’invité vient parler de son parcours atypique avec 14 clientes et un chef cuisinier leur prépare à manger.
Dites-nous en plus sur vos nouveaux projets…
T.B.- Je vais me concentrer sur la direction artistique d’Intercoiffure France, avec plusieurs shows programmés en Europe et à l’international. En 2025, nous allons ouvrir un store sur l’île de La Réunion. En 2023 et 2024, nous avons organisé une soirée exceptionnelle à Artouste, inédite dans le monde de la coiffure. 300 tentes ont été plantées à deux pas de la voie ferrée du Petit train. C’était incroyable. On renouvelle l’expérience cette année encore les 9 et 10 août. Lors de cet événement, on met en avant le Béarn, en permettant aux visiteurs de vivre l’expérience de la nuit en haute montagne. Les SuperSoul Brothers feront la première partie de deux DJ. Le lendemain, ils seront réveillés par des troubadours pour un petit déjeuner pyrénéen. Nous faisons aussi venir un conteur béarnais, avant un concert béarnais. Cette année, une centaine de coiffeurs viendront de toutes les régions de France. On réfléchit donc à organiser un petit show de coiffure.
Propos recueillis par Noémie Besnard
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