Abonnez-vous
Publié le Mis à jour le
Créateurs et Passionnés

Maxime Baptistan, Protifly et les larves

L’entreprise montoise, créée fin 2016 par trois associés, se propose de valoriser les coproduits organiques en recourant massivement… aux larves de mouches.
Protifly/Elevage de larves de mouches
Après une levée de fonds cet été, les efforts de Protifly peuvent désormais se concentrer sur l’industrialisation de sa production.

C’est à la suite d’un séjour d’étude en Colombie qu’est née l’idée d’exploiter sous nos latitudes « le potentiel des insectes » et de fonder Protifly. Tout est parti d’un double constat : « D’une part, la production alimentaire actuelle génère des quantités considérables de coproduits qui ne sont pas valorisés », explique Maxime Baptistan, PDG de la jeune société. « D’autre part, l’élevage de poissons et de poulets est clairement confronté à un manque de ressources protéiques durables ».

On sait par exemple que l’alimentation du poisson d’élevage engendre une surpêche de poisson sauvage (destiné à la production de farines), menaçant à long terme l’écosystème et la continuité de l’approvisionnement. Tout ceci alors que « plus de 80% des ressources protéiques utilisées en France sont importées »... La mouche pourrait même devenir une alternative plus que crédible au soja, très gourmand en surfaces cultivées et n’entrant pas aussi naturellement dans l’alimentation de certaines espèces.

Car pour répondre à cet enjeu d’une actualité criante, la jeune pousse utilise bel et bien des larves de mouches, qu’elle nourrit avec les coproduits (déchets organiques, type épluchures, etc.) collectés et broyés, puis qu’elle « bioconvertit » en alimentation hautement protéinée (de 60 à 70%). « Ce cycle de production permet en outre une réutilisation des matières rejetées, précise le dirigeant. Ainsi, les déjections d’insectes peuvent servir à la fabrication de fertilisants dans l’agriculture bio, et l’on retire également des larves une huile riche en acides gras pour nourrir des porcelets ». Autrement dit : rien ne se perd, tout se transforme, que ce soit en éléments nutritifs ou en amendements organiques. En France, les entreprises positionnées sur ce créneau se compteraient sur les doigts d’une main.

Un travail sur l’offre…

Sur le papier, l’idée paraît plus que prometteuse. Elle a d’ailleurs été soutenue par différentes entités, dont l'agence de développement et d'innovation de la Nouvelle-Aquitaine. La région a financé une partie de la R&D (à hauteur de 150.000 euros), tandis que le GIP Agrolandes a facilité la mise en relation de Protifly avec les acteurs locaux concernés par cette démarche, largement fondée sur les principes de l’économie circulaire.

Sans surprise, les difficultés tiennent moins à la demande, potentiellement considérable, qu’à l’offre, encore insuffisamment armée pour y faire face. Pour Protifly, après deux années d’expérimentation et un projet pilote, l’industrialisation de la production commence tout juste. En dépit du faible coût de la matière première, la mise en œuvre d’un tel process industriel exige en effet d’importants moyens financiers. Une levée de fonds a permis cet été de récolter 1,3 million d’euros pour franchir ce cap. Au chapitre des sources d’approvisionnement, Protifly a déjà signé un contrat avec ALS (Aquitaine Légumes Surgelés, fruit d’une « association » entre Maïsadour et le belge Ardo), laquelle entreprise fournit les coproduits de sa première usine : « Notre objectif est de dupliquer ce modèle en installant d’autres unités de production en France et même à l’international. Nous souhaitons implanter ces sites à proximité de nos sources d’approvisionnement en coproduits, toujours dans cette logique d’économie circulaire ».

Il s’agit certes d’accélérer, car les volumes produits sont encore très limités, tandis que le besoin théorique peut se chiffrer en milliers de tonnes. Les sociétés consommatrices de protéines destinées à l’alimentation animale achètent en grande quantité, tout en ayant besoin de sécuriser durablement leurs appros et d’en minimiser les coûts.

Pour Protifly, cette montée en capacité est aussi une condition nécessaire de rentabilisation de l’activité. L’entreprise avait pour objectif de passer la barre des 1.000 tonnes de concentré protéiné produites, puis celle des 10.000 tonnes en 2020. .

Informations sur le site internet – cliquez ici

 

Commentaires


Réagissez à cet article

Vous devez être connecté(e) pour poster un commentaire

À lire aussi