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Maider Arostéguy : « Biarritz, véritable phare de l’innovation »

Première maire de la cité balnéaire et seule femme à la tête d’une ville de plus de 20.000 habitants sur le bassin Adour Gascogne, elle compte faire bouger les lignes. Rencontre…
BIARRITZ MAIDER AROSTEGUY 0
Maider Arostéguy a découvert tardivement la politique. Sa brillante élection à Biarritz, dès sa première candidature, lui donne une belle légitimité et beaucoup d’envie.

Les femmes sont encore très minoritaires aux commandes des principales villes de la région. Ainsi, sur le bassin Adour Gascogne, en plus de Maider Arostéguy, on ne compte que deux autres maires de communes de plus de 10.000 habitants : Hélène Larrezet à Biscarosse et Valérie Revel à Lescar.

Rencontre avec la maire de Biarritz...

La famille Arostéguy est une référence à Biarritz…

Maider Arostéguy – La « Maison des denrées coloniales » a été créée en 1875. L’entreprise familiale, devenue "Maison Arostéguy", est dirigée aujourd’hui par mon frère Pierre, représentant le 5e génération. Elle a acquis une solide réputation internationale. Au-delà de cette entreprise, dans ma famille, on a toujours voulu servir la ville. Ainsi, mon grand-père Félix a été très actif dans le domaine culturel, co-fondant notamment le groupe Oldarra, tandis que ma grand-mère a été couturière pour Chanel. Quant à mon père, il a participé au développement de l’association nautique du port des pêcheurs. Je m’inscris dans cette longue tradition familiale qui veut que l’on rende à Biarritz un peu de ce que la ville nous a apporté. Notre fierté est de transmettre cette tradition de génération en génération.

Vous portez le même prénom que votre tante, une figure de Biarritz. Pourquoi ?

M. A. – Maider Arostéguy était ma tante mais aussi ma marraine. C’est mon père qui a souhaité que je porte ce même prénom. J’en suis très fière parce qu’elle était une personnalité très appréciée ici, et sa disparition a suscité une profonde émotion dans la ville. Elle était une excellente nageuse et s’est éteinte dans cet océan qu’elle adorait lors d’une baignade avec les « Ours Blanc », saisie par une nappe glaciale. Maider a joué un rôle majeur dans le développement du surf ; une compétition porte d’ailleurs toujours son nom.

La Maison Arostéguy est une belle réussite. Pourtant, vous avez pris une voie professionnelle différente…

M. A. – Je suis toujours propriétaire avec mon frère de cette société familiale. Mais, j’ai choisi de devenir conseil en organisation des entreprises. J’ai exercé dans toute la France et dans le monde entier. J’ai notamment vécu une expérience très forte en Espagne au moment de l’entrée dans l’Union européenne. Cette vie professionnelle a été très enrichissante.

Photo : Emmy Martens

Comment êtes-vous entrée en politique ?

M. A. – Tout à fait par hasard. C’est le fils du meilleur ami de mon fils, Jean-Benoît Saint-Cricq, qui a sollicité ma présence sur une liste, il y a une douzaine d’année. Il cherchait des femmes pour étoffer sa liste, comme tous les candidats. A 44 ans, j’ai accepté. Ce n’était pourtant pas ma tasse de thé. Je n’avais jamais fait de politique jusque-là et j’ignorais tout de cet univers.

Vous avez attrapé le virus de la politique ?

M. A. – J’y ai trouvé l’occasion de changer mes routines de vie, de m’ouvrir à d’autres problématiques extrêmement variées puisque l’on passe en quelques minutes des questions de sécurité à celles concernant le social, de l’urbanisme à la vie culturelle ou sportive… Il faut être en alerte permanente. Je me suis prêtée au jeu et cela m’a passionné. D’autant plus quand les décisions que l’on prend apportent une amélioration concrète dans la vie quotidienne des gens. Malheureusement, tout ne dépend pas des décisions locales comme pour la lutte contre l’impact négatif de Airbnb à la fois sur le logement et l’hôtellerie.

Un modèle en politique ?

M. A. – Simone Veil, une pionnière dans un univers politique très masculin. Elle a pourtant su porter à bout de bras un sujet majeur et particulièrement clivant. Elle a aussi fait progresser la reconnaissance du rôle des femmes en politique, même si l’on nous demande encore deux fois plus de légitimité. Mais, on avance et on travaille.

[caption id="attachment_126800" align="alignright" width="333"] Photomobile[/caption]

Les débuts de votre équipe à Biarritz ?

M. A. – Comme pendant la campagne électorale, j’ai adopté le mode participatif. J’ai la chance d’avoir une équipe formidable avec des personnes très motivées, très investies et compétentes. Par exemple, il a fallu une mobilisation très lourde des adjoints à la Sécurité et au Commerce, cet été, pour faire face aux urgences dues notamment à la crise sanitaire. Il y a une très bonne ambiance avec des personnes à la fois joyeuses et respectueuses. Je crois que tout le monde s’en rend compte, tellement cette atmosphère de travail est tonique.

Votre positionnement sur le quotidien ?

M. A. – Je veux agir vite dans le domaine la préservation du cadre de vie, avec l’entretien des infrastructures et de la voirie, la propreté, etc. C’est essentiel et très concret pour le bien-être des Biarrots. Un autre enjeu majeur est de permettre à ceux qui souhaitent rester habiter dans leur ville de pouvoir le faire, malgré l’explosion des prix de l’immobilier.

La démocratie participative vous tient aussi à cœur ?

M. A. – Oui. Je souhaite remettre le citoyen au centre de la décision, l’inciter à devenir acteur de sa ville. Bien entendu, dans le respect de la démocratie et des prérogatives des élus qui sont garants du pouvoir qui leur a été confié et du programme pour lequel ils ont été choisis. Il est important pour un élu de ne pas s’enfermer dans sa bulle et de pouvoir tenir compte des idées et des réflexions des citoyens autour de thèmes importants, et au cœur des quartiers. Surtout dans un monde qui bouge de plus en plus vite.

L’Hôtel du Palais est un dossier prioritaire ?

M. A. – Par la force des choses. Tout doit être bouclé avant le 30 septembre pour que le palace puisse rouvrir en 2021. Après un été sans exploitation, en raison de la crise sanitaire, et avec la poursuite de la rénovation nécessaire, il faut absolument trouver des solutions, avec deux impératifs : la Ville doit garder le contrôle de la Socomix, tout en évitant de trop s’endetter. L’Hôtel du Palais fait partie des chantiers à la fois urgent dans le très court terme, et à la fois stratégiques pour l’avenir.

Il y a aussi l’aménagement du plateau Aguiléra ?

M. A. – Même chose. On est dans l’urgence et dans le long terme. Ce dossier concerne directement l’avenir du Biarritz Olympique, mais aussi la création de 350 logements et d’infrastructures sportives. Pour le club du rugby, nous avons pris l’engagement de construire les installations dont il a besoin pour développer un modèle autosuffisant économiquement. Pour l’aménagement du plateau, l’objectif principal est de répondre aux besoins de logements dont je viens de parler. Les 350 logements devront apporter des solutions aux classes moyennes dont les revenus sont trop élevés pour avoir accès aux logements sociaux, et sont insuffisants pour se positionner sur le marché immobilier. Nous voulons aussi que ce projet apporte des recettes supplémentaires pour mieux aider les associations. Biarritz a un très riche réseau associatif qui mérite d’être accompagné et qui se distingue souvent par la qualité de ses actions, comme Biarritz Sauvetage Côtier qui décroche régulièrement des médailles, un peu partout.

[caption id="attachment_126801" align="alignleft" width="303"] Photo : Delphine Pernaud[/caption]

Biarritz est une marque nationale, sélectionnée pour porter le tourisme français. Comment voyez-vous l’avenir dans ce domaine essentiel ?

M. A. – Cet été, l’affluence a battu tous les records. Du jamais vu. Mais, nous devons travailler encore notre positionnement pour anticiper l’évolution du tourisme. Biarritz est une marque puissante, avec une notoriété exceptionnelle, et mise en avant par Atout France. Aussi, nous devons nous assurer que nous mettons en face une qualité d’accueil à la hauteur d’une telle réputation. Nous devons donc repenser le tourisme à Biarritz. Avec la crise sanitaire, les bénéfices du dernier G7 sont largement atténués. Nous devons remettre les compteurs à zéro.

Votre implication au niveau de l’agglomération ?

M. A. – La Communauté Pays Basque ouvre son premier mandat complet. Les choses vont se mettre en place progressivement, à partir du prochain conseil du 15 septembre. J’en suis encore au stade de la découverte, mais Biarritz y tiendra toute sa place.

Depuis longtemps, vous vous intéressez au transfrontalier…

M. A. – C’est une voie d’avenir. Je compte bien développer les relations avec nos voisins du Guipuzcoa qui sont très avant-gardistes dans de nombreux domaines : l’économie, le social, la culture et l’art de vivre, dont la gastronomie 4.0. Avec le coronavirus, les dossiers ont été freinés, mais des initiatives seront prises d’ici la fin de l’année.

L’innovation est votre fer de lance ?

M. A. – Clairement, Biarritz a tout pour être une référence pour les projets novateurs. La Ville doit ainsi être un phare pour le Pays Basque, une terre d’innovation qui doit éclairer l’ensemble avec de multiples initiatives inédites, à l’image du Connecteur en cours de construction par le Crédit Agricole Pyrénées Gascogne.

Lire notre dernier article sur la Maison Arostéguy, cliquez ici

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