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Rencontre avec… François Lafitte, du kiwi de l’Adour à la balle ovale

Président de la Scaap Kiwifruits, de Primland et depuis peu de la CCI territoriale, ce Landais passionné nous livre les ambitions de ces 3 structures en mouvement...
KIWIS LAFITTE 0
Entre récolte et commercialisation de nos chers kiwis des Landes, chantiers de la Chambre de commerce landaise et même balle ovale avec le Peyrehorade Sport Rugby, François Lafitte ne manque pas de chats à fouetter… mais a quand même trouvé le temps de répondre aux questions de PresseLib’.

Ingénieur diplômé (École supérieure d’Agriculture de Purpan – Toulouse), formé au commerce (DU Commerce International à Toulouse), au management stratégique et à la direction financière (formation STEGE de l’ESCP Europe), producteur de kiwis depuis 40 ans et ancien joueur de rugby à Peyrehorade, François Lafitte, 60 ans, a été élu le 13 décembre dernier à la présidence de la Chambre de commerce et d’industrie des Landes.

Il a pris la suite de Philippe Jacquemain, qui a souhaité passer le relais pour éviter tout conflit d’intérêt entre l’activité de son groupe et le nouveau rôle dévolu aux CCI dans les commissions chargées de l’urbanisme commercial. Deux mots d’ordre pour le nouveau président : « maintenir le cap » et « faire ensemble ».

Puisque c’est la saison, on commence par vous demander un mot sur la récolte du kiwi en 2019 et sur les perspectives de la Scaap Kiwifruits, que vous présidez et qui fédère les producteurs du sud des Landes.

François Lafitte - 2019 a plutôt été une belle année, tant en qualité qu’en termes de volumes récoltés, et que ce soit en région ou chez nos partenaires du Lot-et-Garonne, de la Drôme et de Corse. Localement, 240 producteurs ont contractualisé avec la Scaap, auxquels s’ajoute une cinquantaine d’autres hors région. Nous restons donc fortement ancrés sur le territoire du sud des Landes, avec son IGP Kiwi de l’Adour. Au-delà de nos efforts sur le bio, nous avons beaucoup travaillé, ces dernières années, à la segmentation de l’offre et à la valorisation des différentes variétés de kiwi.

Vous présidez par ailleurs Primland, entreprise en charge de la commercialisation des kiwis. Comment s’est comportée l’activité l’an dernier ?

F. L. - Notre chiffre d’affaires est resté stable sur 2019. Il devrait encore se situer autour des 30 millions d’euros, ce qui est plutôt une bonne performance dans un contexte où depuis quelques années, en raison des conditions climatiques, les volumes commercialisés sont inférieurs de 20 à 25% au niveau qui était le leur en 2016-2017. Ces difficultés ont été compensées par un marché amélioré et des prix unitaires plus intéressants. Le contexte de consommation est également favorable en France, avec une augmentation tendancielle des fruits et légumes dans le secteur du frais. Derrière l’avocat, c’est d’ailleurs le kiwi qui a dernièrement affiché parmi eux la plus belle progression. On a donc bénéficié d’une dynamique positive et on peut se montrer plutôt optimiste pour la suite.

En va-t-il de même à l’export ?

F. L. - Ce qui est vrai pour la France l’est aussi à l’international. La dynamique est toujours bonne à l’export, conforme aux attentes dans les pays frontaliers comme l’Espagne, l’Allemagne et la Belgique, et avec une très bonne tenue du marché asiatique, où nous réalisons de bonnes performances à Taïwan, en Chine, en Thaïlande et au Vietnam. Autour du tiers du chiffre d’affaires est réalisé à l’export, avec tout de même des écarts suivants les années. Entre 30 et 50% des volumes récoltés sont exportés.

Où en est la variété de mini-kiwis Nergi que vous avez lancée ?

F. L. - Cela reste un nouveau produit, très saisonnier (septembre-novembre) et toujours en phase de développement. Il est déjà plébiscité dans les pays du nord de l’Europe, au premier rang desquels l’Allemagne, mais aussi la Norvège, le Danemark, la Suède et la Pologne, marchés plus faciles d’accès où les consommateurs sont plus à l’aise avec ces petits fruits et avec leur couleur verte, qui n’est pas neutre et a son importance en fonction des spécificités culturelles régionales. Nous avons créé et développé nous-mêmes ce marché, ce qui a nécessité une phase d’investissement assez lourde : nous avons investi plus d’un million d’euros en deux ans pour faire la promotion de Nergi, via animations en magasin, publicités et opérations diverses. C’est un genre d’investissement qui ne s’amortit donc pas vraiment et a une incidence sur les comptes, mais dont nous commençons à récolter les fruits. Nos vergers, avant tout situés au Portugal, en Italie, en Espagne et en France commencent à donner d’excellents résultats. Nous tablons sur un doublement des volumes d’ici deux ans.

Et en termes de revenus ?

F. L. - Ce produit génère environ 4 millions d’euros de chiffre d’affaires, et nous espérons donc atteindre les 8 millions dans deux ans. On pense pouvoir arriver à un optimum dans 5 ans en générant 12 à 14 millions d’euros par an avec Nergi, qui a donc une bonne marge de progression, notamment en France, pays ne figurant pas encore parmi les principaux consommateurs. Nergi est notre principal vecteur de croissance organique, mais nous développons aussi la variété kiwi jaune, production cette fois plus régionale et locale, en suivant la même logique d’investissement.

Après la récolte, vous voilà élu à la présidence de la CCI des Landes…

F. L. - Si on me l’avait dit il y a un an, je n’y aurais sans doute pas cru. On peut parler d’un concours de circonstances. Il y a d’abord eu la démission de Philippe Jacquemain, qui ne souhaitait pas se mettre dans la situation d’un conflit d’intérêt et exposer la CCI aux polémiques, et il fallait ensuite, en vertu de nos statuts, que le futur candidat soit à la fois élu aux bureaux des CCI des Landes et de Nouvelle-Aquitaine. Nous n’étions que 5 à remplir ces conditions, et nous avons finalement été deux à présenter une candidature, Bernard Dufau et moi-même.

Quels seront les enjeux de votre mandat ?

F. L. - C’est un mandat important et c’est bien entendu un honneur pour moi de présider la CCI des Landes. Concernant les enjeux, nous nous sommes fixés le double objectif de « maintenir le cap » et de « faire ensemble ». Pour le premier des deux, le bureau présidé par Philippe Jacquemain avait entamé en 2013 le chantier de réorganisation rendu nécessaire par la réforme des CCI, qui a impliqué une réduction drastique des redevances et allocations permettant de nous financer (dans le cadre de la loi du 23 juillet 2010 et de la plus récente loi Pacte, le financement des CCI ne sera progressivement plus assuré par le prélèvement de taxes mais par la facturation de ses prestations, avec des contrats d’objectifs, NDLR). De 5 millions d’euros, les ressources fiscales de la CCI des Landes sont ainsi descendues à deux millions. Ce qui imposait de faire évoluer son modèle vers la prestation de services marchands à destination des entreprises landaises. Mais la CCI des Landes, structure déjà relativement légère et située dans une zone dynamique et attractive, se prêtait plutôt bien à cette nouvelle orientation. C’est en ce sens que nous souhaitons « maintenir le cap » déjà défini avec Philipe Jacquemain, tout en continuant d’assurer la même représentation auprès des 70 commissions et instances du département auxquelles nous participons.

Et concernant le « faire ensemble » ?

F. L. - Dans un tel contexte, on sait combien il est important de travailler main dans la main avec collectivités locales, agglomérations, Conseil départemental et Conseil régional pour une meilleure complémentarité de nos services. Il s’agit d’éviter que les missions des uns et des autres se recoupent, et de faire en sorte que sur le territoire, commerçants, artisans et entrepreneurs se sentent vraiment accompagnés, que ce soit à travers le traitement de leur dossier ou via des engagements à l’aide au développement.

Quels sont aujourd’hui les moyens humains et les missions de la CCI ?

F. L. - La CCI des Landes compte aujourd’hui 60 collaborateurs répartis dans 4 bureaux à travers les Landes (siège de Mont-de-Marsan et antennes à Dax, Labenne et Biscarrosse). Nous accompagnons les entreprises dans leur développement (plus de 15.800 entreprises sont enregistrées dans les Landes, où il s’en crée plus de 600 par an, NDLR), les informons des évolutions de leur marché et de la réglementation, assurons une mission de formation et sommes actionnaires et accompagnateurs du Campus Landes de Mont-de-Marsan, où sont regroupées les 3 écoles de design, de management et du numérique des Landes, avec leur 500 étudiants.

Un petit mot sur le club de rugby de Peyrehorade, que vous coprésidez depuis 2016 aux côtés de Jean-Louis Bareigts et Thierry Ladonne ?

F. L. - En tant qu’ancien joueur du club, mon soutien au Peyrehorade Sport Rugby est d’abord naturellement affectif. Et puis c’est aussi par goût pour le rugby en lui-même, une école de la vie où l’on apprend à se dépasser et à essayer de gagner ensemble. Nous sommes la quatrième équipe des Landes, en Fédérale 2 avec Saint-Paul-lès-Dax et Soustons, derrière le Stade Montois (en Pro D2), Dax et Tyrosse (Fédérale 1). C’est un petit club, avec un petit budget, entièrement constitué d’amateurs et de bénévoles, sur la bonne volonté desquels tout son fonctionnement repose. Nos objectifs sont donc très différents de ceux d’un grand club et notre but est moins de le devenir que de créer du lien social, d’aider à faire vivre la tradition du rugby, le plaisir du jeu et l’esprit d’équipe. Ce qui ne nous empêche pas d’être fiers que 3.000 élèves soient déjà passés par l’école de rugby du club, autrement dit une bonne partie des enfants des environs… Et puis nous avons lancé il y a deux ans une section féminine, 25 ans après une première tentative. Aujourd’hui, celle-ci tourne bien et compte 36 filles, qui viennent d’ailleurs de gagner à Gradignan !

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