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Section InsideLe Salary Cap pour les nuls

Certains s’interrogent sur les fondements et règles du Salary Cap. La rédaction vous offre donc un éclairage en mode « digest ». Vous disposerez ainsi de l’essentiel.
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L’origine et les objectifs

Le Salary Cap a été appliqué à partir de la saison 2010-2011, à une époque où la course aux armements étrangers commençait à faire rage en TOP 14 et alors que les budgets des clubs s’envolaient de manière exponentielle du fait, notamment, d’une meilleure exposition télévisuelle du championnat. Il obéit à deux principes majeurs : conserver un minimum d’équité sportive entre les clubs du TOP 14 ; et éviter les dérapages financiers par recrutement somptuaire pour atteindre des objectifs sportifs élevés.

Comment ça marche ?

Un montant maximal est fixé par la Ligue nationale de rugby (LNR). Le « Salary Cap » est un plafond fixe et non proportionnel : il est donc le même pour chaque club, quel que soit son budget. Pour la saison en cours, il est de 11,3 M€.

Ce plafond intègre la rémunération versée au joueur, mais aussi les avantages en nature (appartement, voiture…) ou encore les revenus liés au droit à l’image. Toutes les primes d’objectifs (coupe d’Europe, classement championnat), à partir du moment où elles figurent dans le contrat du joueur, ne sont pas prises en compte pour calculer le Salary Cap jusqu’à un maximum de 500.000 € par club.

Si un joueur intègre la liste « Groupe France », le Salary Cap est relevé de 200 000 € par joueur, pour la saison concernée.

Peut-on le contourner ?

Oui – Et c’est ce qui alimente les polémiques. Notamment, en constatent la présence d’effectifs puissants dans le TOP 14, faisant apparaître l’évidence qu’il n’est pas possible de disposer d’autant de joueurs XXL sans crever le plafond du Salary Cap.

Une première suspicion vient du paiement de joueurs, via des sociétés annexes ou filiales, souvent basées à l’étranger dédiées à la commercialisation des produits dérivés d’un club ou des joueurs eux-mêmes ; ces sommes échappent ainsi au Salary Cap. Il semble possible de l’éviter en empêchant toute rémunération d’un joueur via une société en lien avec son club ; mais, instaurer une telle règle aurait l’inconvénient d’empêcher un joueur d’avoir un contrat personnel avec un sponsor de son propre club ou avec l’équipementier.

Un autre stratagème de contournement, pas encore pratiqué dans le rugby, consiste à faire rémunérer une tête d’affiche de l’effectif par les collectivités territoriales, sous la forme de droits d’image, à la place des aides financières qu’elles fournissent habituellement au club.

Une bonne ou une mauvaise idée ?

Plutôt une bonne - Depuis sa mise en application, la liste des prétendants au titre de champion de France ou aux places européennes de la Champions Cup s’est allongée. Certes, cette évolution découle de plusieurs autres facteurs, comme l’arrivée de chefs d’entreprises fortunés à la tête de plusieurs clubs du TOP 14, apportant des financements importants. Mais, en contraignant certains clubs à la « vampirisation » des bons joueurs au sein de leurs effectifs, le Salary Cap a probablement eu un effet positif sur la compétitivité des nouveaux venus (ou revenus) en haut de tableau. Les deux titres décrochés par le Castres Olympique illustrent cette réalité positive.

Des effets pervers ?

Le débat est ouvert. Les effets pervers des mesures de limitation financière sont connus, particulièrement au niveau de la compétitivité sur le plan international. Ainsi, en Angleterre, où le Salary Cap est inférieur à celui du TOP 14, certains clubs, comme les Saracens, demandent son abrogation pure et simple. Leurs dirigeants considèrent que cela les bride dans leur concurrence européenne face aux clubs français. Certains observateurs estiment, par ailleurs, que le Salary Cap français pourrait, à terme, défavoriser les clubs de l’hexagone dans la course au recrutement, notamment face aux clubs japonais qui distribuent des rémunérations conséquentes sur des périodes très courtes.

Les limites de tels dispositifs ?

Le Salary Cap évite globalement que les clubs dépensent au-delà de certaines limites. Par contre, il n’empêche pas complètement certains d’engager des budgets au-delà de leurs ressources. Certes, la DNACG veille, mais elle est impuissante pour lutter contre les clubs renfloués financièrement par de puissants actionnaires. 
De fait, certains observateurs et supporters plaident pour l’instauration d’un fair-play financier, sur le modèle de celui créé par l’UEFA pour les clubs participants aux coupes d’Europe de football. Ce dispositif présente des failles, notamment celle de ne pas tenir compte de l’endettement des clubs, mais seulement de leur déficit éventuel. Ainsi, des clubs très endettés comme l’Atletico Madrid ou Chelsea ne risquent rien, là où le Paris Saint-Germain, pourtant non endetté, a subi les foudres du gouvernement du football européen, suite à des renflouements de déficits par son actionnaire qatari.

Ce modèle a donc l’inconvénient de favoriser les grands clubs déjà installés en empêchant les autres candidats au top niveau d’investir de l’argent sur plusieurs saisons pour améliorer leur compétitivité sportive et donc leur visibilité médiatique, dans le but d’en récolter les bénéfices commerciaux à plus long terme.

Le Salary Cap et la Section ?

La ligne de conduite de la Section est intangible : « La loi est dure, mais c’est la loi » ; par contre, elle doit être la même pour tout le monde. A cet effet, l’organe de contrôle indépendant (DNACG) mis en place par la LNR a récemment rejeté les budgets 2016/2017 de deux clubs et a recommandé des sanctions budgétaires pour les fautifs.

Tout irrespect du Salary Cap ouvrirait la porte à une dérèglementation totale du rugby professionnel, conduisant à l’inintérêt sportif et au désintéressément progressif du public (à l’exemple du championnat de France de football qui n’offre aucun suspens concernant le vainqueur).

De cette contrainte, la Section en fait une opportunité pour renforcer ses dispositifs concernant la détection et la formation. Ils permettent des recrutements et des montées en compétence des jeunes qui bénéficieront d’un vrai parcours de formation ; ils intègrent parallèlement les réflexions sur la reconversion.

C’est aussi la meilleure méthode pour propulser au plus haut niveau les jeunes issus de notre territoire. Un axe stratégique de transition planifiée avec une arrivée à maturation de certains jeunes, c’est le pari de la Section. Mais comme tout pari, il comporte des risques. La dernière marche à franchir pour atteindre le plus haut niveau est toujours la plus haute.

Informations sur le site de la LNR - cliquez ici

Photos et illustrations : LNR

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