Créée à l’été 2022, l’association Territoire Solidaire incarne une vision forte, à savoir celle d’un monde où entraide, solidarité et partage ne sont pas de vains mots, mais des actions concrètes. À l’initiative de son fondateur, Antoine Darrieutort, cette structure s’est donné une double mission.
D’un côté, soutenir les plus démunis à travers des maraudes, démarche née du constat alarmant de l’augmentation du nombre de sans-abris et de personnes en grande précarité à Mont-de-Marsan et Saint-Pierre-du-Mont et de l’autre, valoriser le travail des petits et moyens producteurs locaux, trop souvent fragilisés par une concurrence industrielle déloyale, en mettant en avant le circuit court et la richesse du terroir du Sud-Ouest. Rencontre avec son président Antoine qui nous plonge au cœur de sa démarche...
Pouvez-vous nous présenter votre association et expliquer ce qui a motivé sa création il y a deux ans ?
Antoine Darrieutort : Territoire Solidaire est une association que j'ai créé durant l'été 2022. Le but était à la fois de mettre en avant les valeurs d'entraide, de solidarité et de partage. Mais je souhaitais également mettre en avant le travail des petits et moyens agriculteurs et éleveurs locaux à travers le principe du circuit court. En effet nous avons la chance en France et particulièrement dans le Sud-Ouest d'avoir un terroir riche et varié. Ce qui m'as poussé à créer l'association c'est de voir de plus en plus de sans abris et de gens démunis à Mont de Marsan et Saint Pierre du Mont. J'ai donc parlé de cette idée autour de moi et dès le début, des amis et des connaissances m'ont rejoint pour participer aux maraudes.
Pourquoi avoir choisi Mont-de-Marsan comme point d'ancrage de votre action ?
A. D. - Mont de Marsan et Saint Pierre du Mont ont été choisies car la plupart des membres et des bénévoles (des étudiants pour la quasi totalité au début) en étaient originaires et rentraient les week-ends. Ensuite, Mont de Marsan et son agglomération ont été choisies car malheureusement les pouvoirs publics , et en particulier la municipalité, ont totalement délaissé les questions de précarité, d'accès au logement et de soutien à la paysannerie locale.
Depuis votre lancement, comment l'association a-t-elle évolué en termes de bénéficiaires et de bénévoles ?
A. D. - C'est le bouche à oreille qui a initialement apporté les premiers bénévoles, puis les différents articles et reportages de la presse locale nous ont permis de récolter de nouveaux membres et bénévoles, puis recevoir des dons. Jusqu'à l'été 2024, la totalité des bénévoles étaient des jeunes, lycéens et étudiants pour la plupart et quelques jeunes actifs. Nous avons constamment tourné autour d'une douzaine de bénévoles dont la moitié a régulièrement participé activement. Depuis l'été dernier, nous avons des personnes de tout âge et des profils variés qui nous ont rejoint palliant le manque de lycéens et étudiants étant partis étudier hors de la région.
Du côté des bénéficiaires, nous notons une hausse des demandeurs de nos repas. En effet, au début, une douzaine de repas était distribuée au centre ville de Mont de Marsan et nous pouvions encore en distribuer devant certains magasins sur Mont de Marsan et Saint Pierre du Mont.
Mais depuis le début d'année 2024, la plupart des repas sont distribués uniquement au centre ville de Mont de Marsan car la concentration des demandeurs est beaucoup plus forte. Cela s'explique notamment par le fait que des personnes ayant un emploi sont obligées d'avoir recours à nos repas car leur salaire ne leur permettent plus de vivre dignement.
Combien de repas distribuez-vous chaque semaine et à qui s'adressent-ils ?
A. D. - Nous réalisons nos maraudes tout les samedis midis sur Mont de Marsan et Saint Pierre du Mont quand cela est possible. Nous distribuons en moyenne une douzaine de repas, un peu plus l'été, les bénéficiaires étant plus nombreux à cette période. Ces repas s'adressent aux sans abris et aux sans domicile fixe, en plus des personnes les plus démunies faisant l'aumône devant les magasins de l'agglomération montoise.
Comment fonctionnez-vous pour organiser la collecte des denrées, la préparation des repas et leur distribution ?
A. D. - Pour les repas nous recevons de temps en temps des messages d'agriculteurs ou d'éleveurs qui nous font des dons de nourriture pour élaborer nos repas. Mais principalement nous nous fournissons au marché auprès du Potager de Mélanie, qui nous fait quotidiennement des réductions sur ces produits. Nous confectionnons les repas dans la cuisine de nos bénévoles selon les disponibilités de chacun. Nous distribuons ensuite au centre ville et devant les magasins, depuis plus de deux ans. Les bénéficiaires nous connaissent et savent où nous nous arrêtons pour distribuer les repas.
Votre particularité est de travailler exclusivement avec des producteurs locaux. Pourquoi avoir fait ce choix ?
A. D. - Comme je l'ai dit précédemment, nous avions à cœur de mettre en avant le principe de circuit court et la paysannerie de notre département qui est indispensable à notre société et qui malheureusement est abandonnée par les institutions publiques et de surcroît durement concurrencé par l'industrie agroalimentaire et les importations venues de l'étranger.
COUP DE POUCE
Outre la visibilité que l'article va générer, de quel type de coup de pouce auriez-vous besoin pour avancer mieux ou plus rapidement ?
A.D. - Le principal coup de pouce que nous attendons est que la municipalité de Mont de Marsan ainsi que l'agglomération montoise s'attaquent aux problèmes de la précarité, de l'accès au logement, au lieu de les ignorer comme c'est le cas actuellement. Nous souhaiterions aussi qu'elles introduisent le principe de circuit court dans les différentes cantines collectives pour aider la paysannerie locale qui petit à petit se meurt .
Comment réagissent les producteurs landais à votre initiative ? Certains s'impliquent-ils au-delà de la simple fourniture de produits ?
A.D. - Les producteurs landais que nous avons pu rencontrer soutiennent notre initiative, et certains nous font des dons de nourriture comme les légumes dits « moches », selon les critères des grandes surfaces ou bientôt périssables. Cela nous aide beaucoup pour pallier une demande toujours plus grandissante.
Quels sont les plus grands défis que vous rencontrez aujourd'hui (financements, approvisionnement, logistique...) ?
A. D. - L'inflation nous touche nous aussi dans notre action. Le coût d'un repas est donc plus cher qu'à nos débuts. De plus, le fait d'avoir beaucoup de nos bénévoles qui sont partis loin faire leur études nous a de même compliqué la tâche. Mais depuis quelques temps, nous réussissons à atteindre notre effectif au complet grâce à l'arrivée de nouveaux bénévoles de tous âges.
Comment envisagez-vous l'avenir de l'association ? Souhaitez-vous élargir votre action à d'autres villes ou développer de nouveaux services ?
A. D. Nous avons lancé depuis de début d'année 2023 une antenne sur Pau, avec des étudiants comme bénévoles, et où les maraudes y sont réalisées hebdomadairement. Le magasin Naturalia, qui travaille en circuit court avec les agriculteurs du coin, nous fait des dons chaque semaine. L'un de nos objectifs était de nous étendre dans le Béarn après avoir créé l'association sur Mont de Marsan, et nous y sommes parvenus. Nous aimerions à terme développer une antenne également sur Dax.
Comment les habitants de Mont-de-Marsan et des Landes peuvent-ils vous aider à soutenir votre engagement ?
A. D. Si les gens souhaitent nous aider ils peuvent rejoindre l'association en tant que bénévole ou s'ils veulent faire un don, ils peuvent nous contacter via notre Facebook ou notre compte X.
AUTRE COUP DE POUCE
Afin de toucher le plus de monde possible et donner de la visibilité à Territoire Solidaire, l'association d'Antoine Darrieutort mérite des coups de pouce de notre part. Comment ? N’hésitez pas à relayer cet article auprès de vos contacts et via vos réseaux sociaux, afin de soutenir la démarche et sensibiliser la jeune génération à la solidarité envers toutes les personnes en situation de précarité.
Sébastien Soumagnas
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