Abonnez-vous
Publié le

Aider les femmes victimes de violences à se reconstruire

En Béarn, l’association Du Côté des femmes accompagne ces personnes emprisonnées dans un environnement toxique.
Une femme victime de violences conjugales.
L’an dernier, 213.000 femmes âgées de 18 à 75 ans ont été victimes de violences de la part de leur conjoint ou ex-conjoint.

En 2023, 94 femmes sont mortes sous les coups de leurs conjoints en France, selon le ministère de la Justice. C’est 20 % de moins que l’année précédente, mais « c’est toujours trop », reconnaît le garde des Sceaux Eric Dupont-Moretti.

Les violences conjugales représentent un « problème de santé publique » pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Elles touchent toutes les catégories sociales et les victimes n’identifient que rarement la situation dès la mise en place du cycle de la violence, ou elles font preuve d’un seuil de tolérance important.

Ces violences intrafamiliales s’établissent le plus souvent grâce au phénomène d’emprise, qui entraîne un sentiment de culpabilité, une dépendance psychologique, et génère peur, angoisse, désespoir et honte. Elle conduit à une perte d’estime de soi, un déséquilibre, isole, enferme, concourt à détruire la victime.

Selon la Fondation des Femmes, une femme victime de violences conjugales effectue en moyenne six départs infructueux avant de partir définitivement : petit à petit, elle s’organise, trouve une protection, un soutien juridique et psychologique pour faire face au traumatisme que représentent les violences conjugales.

« Toute la société est concernée par ce sujet. Nous avons la chance que l’État se mobilise pour aider les femmes victimes de violences, malgré la hausse constante des féminicides ces dernières années. Aujourd’hui, les violences physiques sont plus facilement identifiables par rapport aux violences psychologiques. D’où l’importance de sensibiliser la population et les professionnels à identifier les signes », résume Paola Parravano présidente de l'association Du Côté des femmes.

Pour faire face à la libération de la parole des victimes de violences familiales (de 300 en 2023 à 700 femmes accompagnées en 2023), l’association qui fêtera cette année ses quarante ans a quasiment doublé ses effectifs, passant de 13 à 24 assistants et travailleurs sociaux et de psychologues. Elle a aussi ouvert une antenne à Oloron-Sainte-Marie en janvier 2021.

Un accompagnement global et bienveillant

Offrir aux femmes une petite parenthèse, un lieu sûr pour poser des questions, s’informer de leurs droits et bénéficier d’un accompagnement global et bienveillant pour les aider à sortir de leur environnement néfaste. Telles sont les missions de l’association Du Côté des femmes.

Chaque personne ou famille peut compter sur l’aide d’un référent social, qui assure une prise en charge globale : ouverture des droits sociaux, accompagnement de la sortie des violences, soutien à la parentalité, à la reconstruction personnelle et à la nouvelle organisation familiale, soutien des démarches d’insertion telles que le relogement…

« Nous sommes là de la première question posée jusqu’à la mise à l’abri de la victime, en passant pour sa réinsertion sociale et professionnelle. Notre objectif, c’est de les aider à sortir d’une situation difficile et qu’elles retrouvent confiance en elles. C’est important de dire qu’on les croit, après on travaille avec elles », détaille-t-elle.

L’association coordonne un accueil de jour, où ces femmes peuvent venir pour se reposer, manger, profiter d’un moment de calme ou se renseigner sur les aides dont elles peuvent bénéficier, tout en étant libres de partir si elles le souhaitent. Si elles en font la demande, l’association s’occupe de leur trouver un lieu d’hébergement d’urgence pour elles.

Le Centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) de la structure peut prendre en charge des femmes avec ou sans enfants, avec une capacité d’accueil de 32 places. Cet hébergement d’urgence est pensé comme un lieu de repos, d’abri et d’hébergement pour les personnes en situation de vulnérabilité. L’objectif est donc de répondre au besoin de mise à l’abri immédiat en priorisant l’accompagnement dans l’accès à l’hébergement d’insertion ou au logement. En 2023, 80 familles ont été accueillies.

Du Côté des femmes propose également des temps collectifs et spécifiques : temps festifs, réunions des résidentes, groupe de parole, ateliers enfants, socio-esthétique, méditation, self-défense, parcelles solidaires (jardinage), formation 1ers secours et prévention des risques domestiques…

En parallèle, l’association forme et sensibilise le corps médical, les travailleurs sociaux et les fonctionnaires de l’administration et les élus sur l’accompagnement des femmes victimes de violences conjugales.

Un travail en réseau 

La coordination des acteurs locaux est cruciale, car elle vise à optimiser la prise en charge des victimes en mutualisant les compétences dans un souci de cohérence d’intervention. Du Côté des femmes s’intègre ainsi dans un réseau important d’associations locales : l’Association pyrénéenne d’aide aux victimes et de médiation (l’APAVIM), le Centre d’information juridique sur les droits des femmes et des familles (CIDFF 64), le Planning familial, la Maison des femmes du Hédas, le Centre de planification et d'éducation familiale de l’hôpital de Pau ou encore la Maison de protection des familles.

La structure béarnaise est également adhérente à deux associations nationales : la Fédération des acteurs de la solidarité (F.A.S.) et la Fédération nationale solidarité femmes (F.N.S.F). Par ailleurs, l’association est membre du réseau local et régional de lutte contre les violences conjugales avec le partenariat de la chargée de mission et de la déléguée régionale aux droits des femmes et à l'égalité.

Si la quarantaine est souvent le signe de la maturité, pour l’association, il n’est pas question de rester sur ses acquis, sans évoluer. « Nous n’avons pas vocation à devenir une énorme organisation, mais nous nous devons d’aider toutes les femmes victimes de violences. Nous comptons donc renforcer notre présence en milieu rural, car les victimes des violences conjugales font face à des problèmes bien identifiés, comme la mobilité, mais aussi de l'omerta. Ce milieu est le parent pauvre de la lutte contre ce type de violences. Le phénomène croissant de la prostitution des mineures est également très préoccupant », note Paola Parravano.

Noémie Besnard

Les numéros d’urgence

17 : Police Secours 24h/24 - 7j/7

112 : toutes les urgences 24h/24 - 7j/7

114 : sms aux forces de l'ordre 24h/24 - 7j/7

115 : pour être hébergé

119 : enfants en danger, appel gratuit et anonyme

3919 : violences au sein du couple, appel gratuit et anonyme

Signalement : auprès des pharmacies. Votre pharmacien fera le lien direct avec les forces de l'ordre.

Commentaires


Réagissez à cet article

Vous devez être connecté(e) pour poster un commentaire

À lire aussi