La Fondation TotalEnergies avec Parcours Jeunes à Pau et avec l’UDAF 65 à Tarbes

Cette année, 12 structures ont ainsi été sélectionnées pour être accompagnées durant trois ans. Parmi elles, deux ont rejoint la communauté des partenaires de la Fondation TotalEnergies via l’appel à projets 2023 local (64, 65 et 40) JIMP’ACT. Florence Delorme, la présidente de Parcours Jeunes, et Marion Ollivier, chargée de projet pour l’UDAF 65, présentent leurs missions et ce que représente ce nouveau partenariat pour le développement de leurs projets respectifs. Entretien croisé…

Pouvez-vous nous présenter Parcours Jeunes et l’UDAF 65 ?

Marion Ollivier - L’Union des associations familiales a été créée en 1945. Ce vaste réseau œuvre pour accompagner les familles et développer des services en fonction des besoins de chaque territoire : protection des majeurs, porte-voix des familles… Dans les Hautes-Pyrénées, l’emploi des saisonniers est un sujet très central, en raison du tourisme thermal, de la présence de nombreuses stations de ski, mais aussi du tourisme religieux concentré à Lourdes. Différents publics viennent dans la région tout au long de l’année, ce qui oblige les professionnels à adapter leurs recrutements.

La pandémie de Covid a plongé les secteurs des cafés-hôtels-restaurants (CHR) et les commerces dans une période complexe. Les saisonniers sur place étaient perdus et ne trouvaient pas les informations qui leur étaient destinées. En 2020, nous avons donc créé un guichet unique, au sein de la maison France service de Lourdes. Ce lieu de ressource pour les travailleurs saisonniers est également devenu une référence pour les employeurs qui peinent à recruter. L’an dernier, 500 postes dans l’hôtellerie et la restauration sont restés disponibles rien qu’à Lourdes. En 2022, ce guichet unique a été transformé en Maison du Travail Saisonnier, dans le cadre du « Plan Avenir Lourdes ».  

Florence Delorme - Parcours Jeunes, est née il y a six ans, suite à l’appel à projets national de « Cité Educative ». La Ville de Pau y a répondu, avec l’intention de créer un dispositif d’accompagnement des collégiens dans leur parcours scolaire et leur orientation professionnelle. Notre association propose, gratuitement, du tutorat personnalisé et de l’aide aux devoirs au cœur même des collèges de Pau (Pierre-Emmanuel, Jeanne d’Albret, Clermont et Marguerite de Navarre) et aide les jeunes issus de milieux prioritaires ou défavorisés. Notre principale mission est ainsi de lutter contre le décrochage scolaire et d’œuvrer pour l’égalité des chances dès la 6e, tout en permettant à des étudiants d’accéder à des projets associatifs et citoyens.

Quelles sont vos missions au quotidien ?

M. O. - On propose aux saisonniers un accompagnement social dans leurs démarches administratives, une aide pour trouver un emploi et un logement. Mais aussi une montée en compétences, afin qu’ils aient un parcours professionnel plus stable, tout au long de l’année. En 2023, nous avons encore peu de données sur ces personnes, pourtant majoritaires dans le secteur du tourisme. Nous partons régulièrement à la rencontre des saisonniers, comme en ce moment dans les stations de ski pour mieux les connaître et définir leurs besoins. Un autre enjeu de la Maison du Travail Saisonnier concerne le vieillissement de ces salariés et une main-d’œuvre étrangère qui n’est pas revenue après la pandémie. On estime la moyenne d’âge à 45 ans. C’est pour cela que nous nous rendons visibles auprès des habitants du territoire. Nous avons créé un dispositif dédié au public éloigné de l’emploi de moins de 25 ans, avec des ateliers individuels et collectifs, ainsi que des stages en immersion professionnelle.

F. D. – Parcours Jeunes travaille sur trois axes en fonction des besoins de chaque élève : un tutorat personnalisé de consolidation de l’apprentissage, de l’aide au devoir et la découverte de métier. Si un élève est acteur de son orientation et qu’il sait ce qu’il veut faire, il sera davantage motivé pour apprendre des choses. En parlant avec lui, le bénévole identifie ces centres d’intérêt, lui apporte des fiches métiers, l’aide à trouver des écoles qui dispensent la formation qui l’intéresse. Nous pouvons même lui permettre de bénéficier d’une immersion dans le monde de l’entreprise, de rencontrer des chefs d’entreprise et de visiter des salons scolaires et professionnels. Par exemple, en juin dernier, les élèves de 3e de Jeanne d'Albret et Marguerite de Navarre, inscrits à Parcours Jeunes, ont pu visiter l'entreprise Safran et le CFA de Bordes en lien avec ces métiers, ainsi que l'entreprise A-Qui-S, bel exemple de création d'entreprise à Pau.

Cette année, entre 130 et 140 bénévoles suivent l’évolution de 350 élèves. C’est un dispositif fait par les jeunes et pour les jeunes, nous sommes là uniquement pour poser un cadre, qui a une dimension humaine très forte. Notre objectif est de redonner confiance à ces jeunes Palois, de favoriser le goût d’apprendre, l’ambition… afin qu’ils se révèlent à eux-mêmes grâce à l’échange. Le bénévole devient un interlocuteur privilégié du collégien, presque comme un grand frère. Il peut ensuite mettre en avant ses qualités pédagogiques, de patience et d’engagement. On agit aussi beaucoup en soutien avec les parents.

Comment la Fondation TotalEnergies va vous aider dans vos actions ?

F. D. - Nous sommes financés majoritairement par les pouvoirs publics, et donc dépendants des subventions qui fluctuent chaque année. Le but de notre participation à cet appel à partenaire était de pouvoir élargir nos critères de sélection d’élèves aux boursiers, aux migrants ou aux jeunes issus de foyers. Avec l’aide de la Fondation TotalEnergies, notre gamme d’outils va aussi s’élargir, avec un accès à la plateforme Voltaire, offrant divers parcours pour améliorer son orthographe et avoir une meilleure maîtrise du français, pour les étudiants comme pour les collégiens. Enfin, grâce à ce partenariat, nous pouvons offrir aux bénévoles et aux collégiens un accès à la culture, en allant voir des concerts d’El Camino, de l’Orchestre de Pau Pays de Béarn (OPPB) ou bien du Conservatoire départemental.

M. O. – L’UDAF 65 a mis en place le projet Trav’ailleurs saisonniers, favorisant l’accès à l’emploi saisonnier des réfugiés de moins de 25 ans qui bénéficient de la protection internationale (BPI). En s’appuyant sur l’expertise de la Maison des travailleurs saisonniers, notre but est d’utiliser ces métiers comme des leviers pour l’accès à l’insertion professionnelle. Mais, il faut d’abord amorcer des discussions avec les employeurs, afin de mettre à mal les préjugés que certains peuvent avoir. La Fondation TotalEnergies va nous soutenir pendant trois ans sur ce projet, afin d’accompagner individuellement ces jeunes. Nous avons pour objectif d’en aider environ 150 par an. Être lauréat de cet appel à partenaire offre à l’UDAF 65 de faire partie d’un réseau important d’associations et de faire réseau. Nous avons également intégré le programme Action! qui permet aux salariés du groupe de réaliser des journées de bénévolat sur leur temps de travail. C’est aussi l’occasion de gagner en visibilité et de mieux nous faire connaître.

Quels sont vos projets ?

M. O. - Nous sommes en train de structurer l’UDAF 65 et de consolider notre projet auprès des collectivités locales, afin de sécuriser le parcours des saisonniers. À terme, nous aimerions créer un groupement d’employeurs pour mutualiser les recrutements tout en facilitant l’insertion et avoir une réflexion commune face aux défis actuels et futurs.

F. D. - Au-delà de pouvoir pérenniser notre projet Parcours Jeunes à Pau, nous aimerions intervenir en amont du collège, car nous avons constaté des difficultés chez certains collégiens de 6e. Cela signifie qu’ils ont besoin d’aide dès l’école primaire.

Propos recueillis par Noémie Besnard