On entend par communes rurales celles qui comptent moins de 3 500 habitants. Et dans le Gers, sur les 461 au total, seules huit sont au dessus de ce chiffre. Confrontées comme leurs grandes sœurs à la crise de l’énergie, certaines restent plus sereines que d’autres, même si l’inquiétude pour l’avenir reste palpable. Avec de bonnes idées à la clé pour sortir de la tourmente.
« Nous avons deux catégories différentes, d’une part les communes qui sont restées au tarif règlementé d’Enedis, et d’autre part celles qui ont choisi de se tourner vers un autre fournisseur. Si les premières subissent une augmentation assez contrôlée, la question est de savoir ce qu’il va se passer pour les autres. Nous n’avons pas trop d’informations pour l’instant, et nous restons dans l’attente de précisions » souligne Cyril Cotonat, président de l’AMR 32, lui-même maire du village de Ladevèze-Rivière, non loin de Plaisance-du-Gers.
Car la grande inconnue pour ces dernières concerne les marchés conclus avec les fournisseurs pour trois ans, qui nécessiterait d’assouplir les clauses pour qu’elles puissent revenir à un tarif règlementé sans attendre.
« De plus en plus de mairies ont opté pour un chauffage à l’électricité, car le gaz, qui doit être conservé en cuves n’est plus intéressant comparé au gaz de ville. Elles ont en charge leurs locaux, les salles des fêtes, les écoles, et parfois aussi les gymnases, qui sont souvent des bâtiments énergivores car très mal isolés. Des travaux de rénovation et isolation énergétiques bénéficient de financement de la DETR (Dotation d’Équipement des Territoires Ruraux) ou de la DSIL (Dotation de Soutien à l’Investissement Local), car il est nécessaire de lutter contre les passoires thermiques ».
Côté éclairage public, une grande partie des communes gersoises sont déjà passées au LED. À Ladevèze-Rivière, le système installé permet d’abaisser l’intensité de 50 ou 80% à partir d’une plage horaire de nuit. « Nous n’allons pas l’éteindre, car il permet d’éviter tout incident sur les automobilistes ou les piétons. Dans le Gers, les axes principaux traversant les villages sont assez accidentogènes. Et puis nous avons engagé des travaux conséquents sur cet éclairage, ça ne sert à rien si l’on ne peut pas s’en servir. En revanche, il nous reste deux lampadaires sodium que nous n’avons pas pu changer pour une question de coût, que nous arrêterons comme l’impose la loi, y compris sur l’éclairage du patrimoine la nuit ».
L’autre inquiétude concerne la constitution des budgets pour l’année 2023, qui ne sont établis qu’après avoir pris connaissances du montant des dotations, soit environ en avril, alors que les mairies fonctionnent en année civile. Or, c’est souvent sur les mois de janvier et février que l’hiver est le plus agressif, et la réflexion s’impose donc dès maintenant.
« Il y aura des projets revus à la baisse, stoppés… Ce sera un exercice assez particulier. D’autant que les communes rurales, les dépenses se voient rapidement, et les seules marges de manœuvre, c’est de faire des économies. Il faudra changer peut-être notre façon de fonctionner, comme les particuliers, et penser en tant qu’élus à des projets à moyens ou longs termes pour devenir producteurs d’énergie, avec par exemple l’installation de panneaux photovoltaïques sur les mairies, les écoles… Surtout que nous sommes dans une région particulièrement ensoleillée, et les périodes que l’on a connues cette année sont amenées à se répéter dans les années à venir. Une réflexion globale est engagée avec la préfecture, la DDT, la Chambre d’Agriculture, les associations d’élus et le Syndicat de l’Énergies du Gers. Il faut agir très vite, et nous devons montrer l’exemple en tant qu’élus aussi… ».
Marielle Fourcade
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