Réunis aux arènes de Pontonx-sur-l’Adour, des centaines d’élus et de représentants associatifs ont assisté, ce samedi 1er février, à la première conférence territoriale organisée par le Conseil départemental des Landes. Un rendez-vous inédit qui a permis à son président, Xavier Fortinon, de dresser les grandes lignes du budget 2025. Un budget qui, comme partout ailleurs, subit les effets d’un contexte économique contraint. Avec dix millions d’euros en moins à répartir, l’heure n’est plus aux largesses, mais aux arbitrages.
Le Département devra composer avec un budget avoisinant les 600 millions d’euros, dont 500 millions pour le fonctionnement et 100 millions pour l’investissement. Des chiffres en retrait, avec trois millions d’euros d’économies prévues sur le fonctionnement et six millions sur l’investissement. Un coup de rabot qui, assure Xavier Fortinon, ne remettra pas en cause les priorités essentielles, à savoir les dépenses liées aux routes et aux collèges.
Mais pour boucler l’exercice, des ajustements sont inévitables. Là où l’État s’était désengagé, le Département avait pris le relais ces dernières années. Désormais, il compte bien revoir cette solidarité à géométrie variable.
L’État se défile, le Département recalcule
Les finances départementales ont été mises à contribution pour compenser certaines carences étatiques, notamment avec le financement d’emplois aidés. Cette prise en charge supplémentaire, qui représente plusieurs dizaines de milliers d’euros, ne sera plus reconduite. Le message est clair : le Département ne peut plus se substituer indéfiniment à l’État.
Autre secteur où l’effort sera réduit : le soutien exceptionnel accordé aux Ehpad. Depuis deux ans, les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes ont bénéficié de 15 millions d’euros d’aides d’urgence. Cette enveloppe ne sera pas reconduite en 2025, sauf cas exceptionnel. Loin d’être un abandon, cette décision relève d’un impératif budgétaire.
Pour autant, certaines lignes budgétaires ne sont pas sacrifiées. Un million d’euros supplémentaire sera alloué au Service départemental d'incendie et de secours (SDIS). En effet, l'impasse ne peut-être faite sur les défis climatiques qui se profilent souligne Xavier Fortinon.
Si les finances landaises restent saines, elles arrivent à la limite de leur capacité d’absorption des chocs économiques. Ces dernières années, le Département a largement puisé dans son épargne pour compenser les pertes de recettes. Désormais, le matelas de sécurité s’est réduit à peau de chagrin, avec seulement 8 % de réserve disponible. Une situation qui ne pourra durer sous peine d'affecter les finances du département ainsi que toutes les entités qu'il soutient.
Les communes, les associations et l’ensemble des acteurs dépendant des aides départementales pourraient être impactés si la tendance se prolonge. Une situation qui rappelle celle de l’Hérault, où le Conseil départemental a récemment annoncé des coupes drastiques dans le budget de la culture.
Nouvelle méthode de calcul pour la répartition des subventions
Pour éviter un coup d’arrêt brutal aux aides aux collectivités et aux associations, le Département ajuste ses modalités de versement. Plutôt que d’annuler certaines subventions, leur paiement sera étalé sur plusieurs exercices. Comme l'explique Xavier Fortinon, au lieu d'être versées en une fois, les aides seront étalées sur deux ans de manière à alléger la charge annuelle.
Les grandes associations seront également concernées par ces ajustements. Celles recevant plus de 23 000 euros de subvention entreront dans un système de conventionnement pluriannuel sur trois ans. Une façon d’adapter les aides en fonction de leur trésorerie et de leur activité, tout en assurant une certaine stabilité aux structures bénéficiaires.
Ces orientations budgétaires devront être validées lors du vote du budget, prévu les 10 et 11 avril prochains. Une date repoussée au maximum pour s’assurer que l’État ait d’ici là stabilisé son propre budget.
Le contexte national, marqué par des dotations en baisse et des ressources fiscales limitées, impose aux collectivités une gestion plus rigoureuse que jamais. Dans les Landes, la prudence est de mise, mais sans renoncement aux missions essentielles. Xavier Fortinon met un point d'honneur à maintenir les fondamentaux, à savoir la proximité et la solidarité, bien que l'heure soit au serrage de ceinture.
L’exercice budgétaire s’annonce donc serré, avec une équation à résoudre entre engagement et prudence. À défaut de pouvoir compter sur un coup de pouce de l’État, le Département affine ses comptes pour éviter de voir son budget finir dans le rouge.
Sébastien Soumagnas
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