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DÉCRYPTAGERythme infernal des députés. Allo maman, bobo !

On en conviendra, il y en a qui sont plus à plaindre, mais l’espace d’un instant, ayons une pensée pour nos députés, toutes tendances confondues, qui sont victimes de cadences infernales. Et frisent le burnout, comme un petit commerçant ou un agriculteur. Bienvenue dans le monde réel !
Prise extérieure de l'Assemblée nationale

La faute au système. Car avant, c’était plus simple ; le gouvernement disposait d’une majorité absolue, d’où l’absence dans l’hémicycle d’une partie des parlementaires, qui se relayaient afin d’assurer le nombre de votes nécessaires. Depuis juin dernier, patatras, le système pépère s’est écroulé. La majorité présidentielle ne dispose « que » de 250 sièges (sur 577), la NUPES en comptant 131, les Républicains 61 et le RN 89. Si l’on ajoute les élus de petites listes, toutes d’opposition, on se rend compte qu’une présence de tous les instants est indispensable à l’Assemblée, sous peine de voir passer des amendements contraires aux desideratas de l’exécutif, parfois à quelques voix près.

Et c’est là que le bât blesse. Parce que, entre présence dans l’hémicycle, travail en commissions et arpentage pedibus cum jambis de circonscription, nos députés sont harassés. Les chiffres expliquent pourquoi : de 2007 à 2012, le nombre total d’heures siégées, de jour comme de nuit, s’élevait à 5 037. Il est passé de 2017 à 2022 à 6 099 heures. Avec des cadences infernales, ainsi parfois les séances s’achèvent à 3h15 du matin, comme dans la nuit du 8 novembre, à propos de l’adoption d’un budget rectificatif 2022. Or, sauf les veilleurs de nuit et les gardiens de phare, qui fait du bon boulot à des heures pareilles ?

Des solutions ! Des solutions ! êtes-vous en train de clamer dans votre fauteuil. Et vous avez raison, car du moins des pistes existent, afin de préserver la santé de nos élus et l’acuité de leurs réflexions. Ainsi le RN, sensible à l’exemple allemand, a constaté que le Bundestag ne siégeait qu’une semaine sur deux ; à suivre, ou alors pourrait-on sanctuariser une soirée par semaine sans séance. La socialiste Christine Pires Beaune propose de travailler deux semaines complètes à Paris, puis une en circonscription, encore qu’une majorité semble se dessiner pour ne plus être en session le vendredi, afin de rejoindre le terrain (et la famille). Et de siffler la fin des débats à minuit les autres jours. Enfin, on pourrait imaginer accorder des délégations de vote pour ceux qui siègent en commission et en même temps en séance. Ou encore développer le travail à distance.

Bref, la boîte à idées est ouverte. Aussi la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, qui partage le constat, a reçu mardi dernier les présidents/tes des groupes parlementaires, afin de recueillir leurs suggestions pour assouplir le rythme du travail et éviter de futurs coups de mou. Quoique, d’après l‘AFP, « la réunion n’a pas donné lieu à un grand soir. » Z’ont pas fini d’être fatigués, nos élus !

Dominique Padovani

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