Lui, c’est donc Frédéric Farré. Il y a trois ans, il s’est installé dans les Landes avec sa « petite famille » comme il dit, « constituée d’une épouse, de trois enfants, d’un chien et de poules. » Cet ancien expatrié à Istanbul pendant dix ans, qui y dirigeait une entreprise de conseil à l’international a décidé de consacrer toute son énergie à ce qui lui apparaît comme le « plus important défi de notre génération : la question climatique ». Le voilà donc dans une démarche d’envergure, désormais « facilitateur en innovation responsable » pour les entreprises. Mais qu’est-ce que c’est exactement ? Posons-lui directement la question…
Facilitateur en innovation responsable, qu’est-ce que c’est ?
Frédéric Farré - Mon rôle consiste à aider chacun à comprendre d'abord l'importance du défi climatique et ensuite étudier, comment nous pouvons, concrètement, y répondre afin de diminuer les risques et impacts.
Comment s’inscrit votre démarche envers les entreprises ?
F.F - Informer, sensibiliser, aider à comprendre à quelle distance nous sommes du probleme et des solutions. Chaque cas est unique, et les solutions que je préconise sont pratiques et opérationnelles. Mon but est toujours de rendre l'entreprise plus durable et résiliente.
Comment ça marche, concrètement ?
F.F - Je suis une méthodologie éprouvée en 4 étapes (cf photo) : Comprendre, diagnostiquer, prioriser et pérenniser. J'utilise beaucoup l'Intelligence Collective des équipes (la plus puissante des énergies renouvelables de l'entreprise !) afin de faire émerger les idées et trouver des solutions. Voilà comment ça se passe concrètement. Chacun des 250 salariés a participé à un atelier collaboratif (soit 12 ateliers au total) afin de définir les enjeux auxquels mon client et ses salariés sont confrontés, et d'y associer des objectifs et des actions. La production de chaque atelier a été consolidée puis présentée au Codir.
Le Codir, qui avait travaillé à sa propre version de la feuille de route, a pris le temps de s'approprier les différentes productions des ateliers, qui ont été une vraie source d'inspiration et ont confirmé les convergences de vues entre les travaux du Codir et ceux des salariés. Les productions des salariés sont venues augmenter la version Codir. Le tout en intelligence collective, bien sûr !
- La feuille de route stratégique a été présentée fin septembre à l'ensemble des salariés lors d'une journée événementiel,
- Dans la foulée, le Codir a commencé à travailler à la transposition de la feuille de route stratégique en plan d'action opérationnel,
- Le mode collaboratif transversal reprendra prochainement pour associer les salariés à la finalisation du plan d'action.
Il y a un gros besoin ?
F.F - Oui, il devrait logiquement l’être compte tenu de l'urgence et de l'importance du problème. Cependant, la nature humaine fait que l'on attend souvent le dernier moment pour agir....
Les mois à venir s’annoncent difficiles. Est-ce que la préoccupation pour l’engagement responsable ne risque pas de passer au second plan ? Comment le voyez-vous ?
F.F - Oui, malheureusement... j'aime bien citer Edgar Morin à ce propos : "À force de sacrifier l’essentiel pour l’urgence, on finit par oublier l’urgence de l’essentiel"
Votre actualité (séminaires, formations ?)
F.F - J'organise régulièrement des webinaires sur le thème "Entreprises & Climat : Comprendre pour mieux agir" (Ndlr : la prochaine est ce lundi 14 Nov. de 11H à midi) et j'interviens aussi en entreprise sur la même thématique (sur une journée ou quelques heures) avec des ateliers d'Intelligence Collective comme la Fresque du Climat, permettre le calcul de son bilan carbone individuel via myco2 ou la création de Nudges.
Comment peut-on vous joindre ?
F.F :-Le plus simple en m'envoyant un e-mail ou sur ma page LinkedIn
Une question que j’ai oublié de vous poser et à laquelle vous teniez pourtant à répondre absolument ?
F.F - Que pensez-vous de cette citation du regretté Bruno Latour: "Le contraste entre le calme avec lequel nous continuons à vivre tranquillement et ce qui nous arrive est vertigineux. D’autant que je ne crois pas aux vertus du cataclysme, et que les gens vont se mobiliser de plus en plus au fur et à mesure que les catastrophes vont se multiplier". Bruno Latour met trop justement le doigt sur le point qui fait mal. J'espère seulement qu'il n’aura pas raison... trop tard !
Gracianne Hastoy
Réagissez à cet article
Vous devez être connecté(e) pour poster un commentaire