Un programme qui s’inscrit dans la continuité de celui de l’INRAE et l’Institut Français de la Vigne et du Vin, “ ResDur” (RESistance DURable), visant à la création de cépages résistants au mildiou et l’oïdium. Floréal, Voltis, Artaban et Vidoc ont ainsi été inscrits en 2018 au catalogue officiel des espèces particulièrement tenaces face aux bêtes noires des viticulteurs. Mais ils ne présentent pas les mêmes qualités que les cépages emblématiques de la Gascogne et du piémont pyrénéen, et ne permettent pas de préserver les profils des vins de ces vignobles.
Il s’agit donc concrètement d’allier résistance polygénique des uns et qualités aromatiques des autres, selon les principes de l’hybridation, dans le but d’arriver au profil idéotype d’un descendant du colombard, du tannat et du gros manseng. Le tout selon un cahier des charges du collectif de vignobles regroupant Côtes de Gascogne, Floc, Armagnac, Tursan, Saint Mont, Irouléguy et Madiran Pacherenc du Vic-Bilh.
Le long et minutieux travail de trois ans a permis la création de nouvelles variétés par castration des pieds femelles (généralement les cépages emblématiques) et pollinisation avec du pollen récolté sur les variétés ResDur, avant les tests révélant si les gènes résistants étaient bien présents, puis la mise sous serre de 2 000 pépins pour chaque cépage autochtone géniteur du programme.
Les motivations et les défis sont multiples
L’heure est aujourd’hui au stade 2, celui de la plantation et du suivi de 60 génotypes pour chacun d’eux, et c’est donc sur le domaine du Château de Mons que va être observé le comportement de ces nouveaux cépages, avant d’en découvrir leurs capacités organoleptiques.
« Les motivations et les défis sont multiples », a souligné Olivier Dabadie, président de l’interprofession des vins IGP Côtes de Gascogne. « Il s’agit de préserver la qualité de l’eau, du sol, de la faune et la flore, en abaissant de manière durable et significative les Indicateurs de Fréquence de Traitement phytosanitaires. Il faut également maîtriser les coûts de production, et adapter nos cépages aux évolutions du marché et au réchauffement climatique, et enfin garantir l’absence de résidus de fongicides dans les vins ».
Il faudra encore patienter environ six ans pour connaître le résultat des observations in situ, et entamer la troisième phase, celle de la plantation de sélection finale dite VATE (Valeurs Agronomiques Technologiques et Environnementales) d’une dizaine de variétés parmi les meilleures relevées sur la soixantaine du stade de suivi. Six nouvelles années d’évaluation des ces variétés seront alors nécessaires avant leur éventuelle inscription au Catalogue français des variétés à raisins de cuve et leur plantation possible par les vignerons des vignobles partenaires du programme, donc pas avant 2033…
Le budget, estimé à 500 000 € pour les quinze années du programme, a été réparti entre les vignobles partenaires, et a reçu le soutien financier de la Région Occitanie et de l’Europe (FEADER) pour la phase de création et implantation de nouvelles variétés.
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