Les grands restaurants, on adore ça. On met les vêtements et l’estomac du dimanche après quelques jours de jeûne, pour mieux en profiter, et c’est la fête !
Pour être tout à fait honnête, quand on est mère de famille, même honoraire, la fête, c’est quand on met les pieds sous la table, y compris à la cafète du supermarché voisin. Ca n’empêche pas d’apprécier de jouer de temps en temps les « prout prout ma chère » en regardant d’un (faux) air blasé la carte des dames, vous savez, celle qui est sans les prix (jusqu’à quand Najat ?).
C’est génial, on peut enfin faire semblant de croire que le foie gras est au même prix que le consommé de betterave et si « l’accompagnateur » fronce le sourcil, on fait semblant de ne pas voir.
Tout le monde dans la salle est propre sur lui, les conversations sont murmurantes, les serveurs au petits soins, luxe, calme et volupté. Et bien, vous savez quoi ? J’en parlais avec un ami qui a la même réaction que moi…
Cette ambiance trop policée me donne des envies coupables. Comme d’ébouriffer une coiffure trop apprêtée, on a envie tout à coup de faire la famille Groseille, se moucher dans la nappe trop amidonnée, boire l’eau des rince-doigts en métal argenté, parler fort et mettre les coudes sur la table, saucer avec les doigts, lécher son assiette…Rien que pour voir et mettre un peu d’ambiance !
On ne le fera pas bien sûr mais quand deux serveurs ôtent, avec un ensemble parfait, les deux cloches d’argent qui recouvrent le plat, je rêverais de m’en coiffer pour voir la tête de mes voisins.
Au fond, c’est très bien que les grands restaurants restent un plaisir rare. Après tout, chez nous aussi on a le menu « retour du marché » et même mieux puisque c’est « retour du supermarché ». Quant à nos produits frais, ils le sont tellement qu’ils en sont glacés…Et même surglacés, enfin surgelés quoi.
Pasquine l’Islet
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