Désormais, Noël c’est en janvier avec les soldes devenus un sport national, que dis-je international. Presse, télé, tout le monde et moi dans ma campagne, parle des soldes et on nous montre les hordes sauvages qui ont passé quasiment la nuit dehors même pas sous une tente pour attendre l’ouverture dés potron-minet de grandes surfaces dans lesquelles se ruer en essayant de tuer son voisin. C’est sûr, un jour il y aura des morts et les soldes se feront sous surveillance policière.
« Il faudrait être fou pour mettre plus » vantait il y a au moins vingt ans la publicité d’une marque de chaussures avant-gardiste. Désormais, plus personne n’aurait l’idée d’aller payer un produit au prix affiché tant sont nombreuses les promos, les chèques cadeaux, les réducs en tout genre sans compter le net où les soldes, c’est toute l’année. Alors, perte de chiffre pour les commerçants ? Certains, devant la généralisation des rabais, réclament tout simplement des prix de départ plus bas et moins de ristournes occasionnelles. Erreur, grossière erreur ! Car paradoxalement, les baisses de prix font acheter beaucoup plus.
Qui n’a pas acheté un truc dont il n’avait pas vraiment besoin mais dont le prix était trop intéressant et surtout, limité dans le temps. « Plus que trois jours pour en profiter » et vas-y Berthe, on l’achète notre tablette même si on est un âne 2.0. On s’y mettra ! Voilà, il faut tenir compte de l’humain, de l’irrationnel, de ce frisson qui nous prend quand on pense avoir gagné un bon pourcentage sur un prix dit officiel, ce sentiment d’être le petit malin de service. C’est un jeu et le jeu c’est 80% du plaisir d’acheter et si le prix de départ est déjà bas, il faudra baisser encore pour le petit frisson. Il est là le moteur de la croissance, dans l’échine qui frémit face aux panneaux -50%.
Du coup, il paraît qu’être radin devient tendance : radin, avare, économe ? Le fin du fin étant de monter un empire financier sur son radinisme ce qu’a fait le fondateur d’Ikea, grand radin devant l’Eternel qui roulait en Volvo hors d’âge et allait faire la fin des marchés pour récupérer les légumes invendus !
Mais tout ça c’est du vent parce que les vraies dépenses, celles qui nous mettent sur la paille, ce ne sont pas les biens de consommation, mais nos prélèvements automatiques quotidiens, impôts, maison, téléphone et Internet, assurances, eau, électricité et là, le -50%, on peut toujours rêver.
Pasquine L’Islet
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