Abonnez-vous
Publié le

Pyrénées-Atlantiques : face aux enjeux actuels et futurs

Face à la presse, le préfet a évoqué l’actualité, mais aussi les questions sensibles qui concernent le département. Tour d’horizon…
Julien Charles, préfet des Pyrénées-Atlantiques, à la préfecture de Pau.N.B
Sécurité, mobilité, économie, logement, insertion, transition écologique… Julien Charles dresse un bilan de sa première année de prise de fonction dans le 64 et expose les principaux dossiers qui vont l’occuper dans les mois à venir.

Arrivé le 24 octobre 2022, Julien Charles s’est rapidement acclimaté à ce département qu’il ne connaissait pas. Homme de terrain plus que bureaucrate, cet amateur de randonnée et de rugby s’est rapidement imprégné des spécificités des territoires basque et béarnais.

Actualité oblige, le préfet du 64 a débuté l’entretien par le dossier de la sécurité. « En raison de l’attentat d’Arras et de la guerre au Proche-Orient, c’est pour nous la première des priorités », précise-t-il. L’élévation au niveau « urgence attentat » du plan Vigipirate se caractérise par une présence plus forte des forces de sécurité sur les sites sensibles, tels que les lieux de culte, les aéroports, les écoles… Dans ce contexte, les demandes de rassemblements dans l’espace public sont examinées au cas par cas par le cabinet du préfet, qui cherche à éviter les troubles à l’ordre public.

« L’opération Sentinelle a été doublée dans le département, passant de 50 à 100 militaires. Des consignes générales de vigilance ont aussi été rappelées à tous, notamment aux gestionnaires d’établissements recevant du public ou encore aux organisateurs de manifestations », contextualise le préfet.

Julien Charles a ensuite dressé un bilan contrasté sur la sécurité routière, malgré l’amplification des campagnes de sensibilisation et les actions de répression en 2022. En effet, si on constate une baisse des accidents mortels, les délits routiers ont quant à eux augmenté de 11 %. La consommation de produits stupéfiants est aussi en nette augmentation par rapport à 2022 : + 24 %. « On ne peut pas laisser perdurer ces comportements dangereux. La présence des forces de sécurité a été renforcée pour que la ‘peur du gendarme’ soit toujours présente à l’esprit des usagers et que les comportements les plus dangereux soient sanctionnés », assure-t-il.

Pour lutter contre cette augmentation, le préfet des Pyrénées-Atlantiques a annoncé plusieurs mesures. À commencer par la création, à partir du 1er janvier 2024, de la Direction interdépartementale de la Police nationale (DIPN). Basée à Pau, cette direction unique de la police pourra, comme son nom l’indique, étendre son rayon d’action en dehors du 64, à l’instar de la police judiciaire ou encore de la police aux frontières. Cette réforme, importante pour la police, permettra ainsi aux forces de l’ordre d’être plus efficaces, tout en ayant une chaîne de commandement simplifiée.

De plus, un challenge interdépartemental de la sécurité routière est actuellement en cours. Les préfectures des Landes, des Pyrénées-Atlantiques et des Hautes-Pyrénées s'associent aujourd'hui pour proposer aux habitants des trois départements une action collective et ludique de sensibilisation à la sécurité routière. Jusqu’au 3 novembre, ce concours est l’occasion de rappeler les bonnes pratiques et de sensibiliser les jeunes de manière ludique.

D’autre part, le président de la République a annoncé en début de mois la création de deux brigades mobiles de gendarmerie, à Ascain (Pays basque) et Lasseube (Béarn). Celles-ci viendront renforcer la présence territoriale des forces de l’ordre, en particulier dans les zones rurales et périurbaines.

Au Pays basque, dans un contexte de reprise des mouvements migratoires, le dispositif de contrôle de la frontière avec l’Espagne perdure, sans pour autant empêcher la réouverture des points de passage frontaliers (une vingtaine dans le 64). À partir de lundi prochain, les quatre derniers points de passage seront officiellement rouverts : le col de Larrau, les Aldudes, le pont Avenida à Hendaye et le col d’Ispéguy. Dans le même temps, les effectifs des patrouilles conjointes entre forces de l’ordre françaises et espagnoles ont doublé sur le secteur d’Hendaye, et de 30 % à la frontière avec l’Aragon.

Julien Charles s’est ensuite attardé sur l’économie du territoire, qui « demeure bonne, en dépit d’un contexte européen complexe ». En effet, le taux de chômage du département est de 5,5%, en dessous de la moyenne régionale et nationale. « Nous restons cependant vigilants sur plusieurs points, notamment l’investissement et les difficultés de recrutement des entreprises. L’expérimentation territoriale de la réforme du RSA et le programme AGIR ont été mis en place pour aider les entreprises dans leur processus de recrutement ».

L’État intervient également sur cette thématique, au travers de différentes dotations versées aux collectivités. En 2023, 300 projets ont bénéficié de cette aide des collectivités, pour un montant total de 35 millions d’euros. Le programme d’investissement France 2030 est également un moteur économique important dans les Pyrénées-Atlantiques. Son objectif est de rattraper le retard industriel français, d’investir massivement dans les technologies innovantes ou encore de soutenir la transition écologique. À ce jour, 93 millions d’euros ont servi à soutenir 30 projets entrepreneuriaux.

Quant à la question des manifestations récentes du monde agricole sur le territoire, le préfet des Pyrénées-Atlantiques dit œuvrer en coulisses pour débloquer la situation. « Les agriculteurs se sont fortement mobilisés, que ce soit à Pau ou à Bayonne. On doit entendre leur ras-le-bol, qui représente la somme de plusieurs points de crispation : tout d’abord économique, avec la hausse des charges sur les exploitations, l’augmentation des événements climatiques extrêmes ou les impacts de la guerre en Ukraine ; de nouvelles contraintes sanitaires, avec la Maladie hémorragique épizootique (MHE) bovine, qui s’étend très rapidement (600 foyers en Béarn), la mise en place de la nouvelle PAC... Nous sommes en échanges permanents avec les responsables du monde agricole du département, afin de savoir comment nous pouvons les accompagner au mieux ».

À différentes échelles, les problématiques du logement touchent aussi bien le Béarn et que le Pays basque. Les maires et les services sociaux font remonter les besoins. Dans certains secteurs, les délais d’attente de logements sociaux peuvent aller jusqu’à deux ans. Pour le préfet, anticiper les besoins est une des clés pour sortir de cette crise.

« Nous sommes actuellement dans une crise du logement. On va continuer d’intervenir en appuis des collectivités et bailleurs sociaux afin de produire du logement. La demande est très forte, on travaille beaucoup sur les plans locaux d’urbanisme, sur la mise en place de l’encadrement des loyers et la régulation des baux frauduleux ».

Enfin, le quatrième enjeu majeur abordé par Julien Charles est la planification écologique. C’est d’ailleurs l’un des dossiers prégnants de l’année à venir. La première ministre Élisabeth Borne a présenté ce nouveau plan de 10 milliards d’euros au Conseil national de la refondation. Concrètement, il va se traduire par la fixation au niveau régional de grands objectifs, déclinés par la suite au niveau de chaque territoire.

Les transports font partie également des grands enjeux du Béarn et du Pays basque pour les années à venir. Sur le dossier des aéroports de Pau et de Tarbes, qui est une réelle source d’inquiétudes pour les chefs d’entreprise béarnais, le préfet encourage les collectivités à engager un dialogue constructif pour travailler ensemble à une articulation entre les deux entités. « Les clientèles ne sont pas les mêmes : plutôt d’affaires à Pau, et touristique à Tarbes. Il faudrait réfléchir ensemble sur le fait de se répartir ses différentes clientèles et structurer mieux les choses ».

Quant à la desserte ferroviaire, longuement mise en avant lors de l’inauguration du Pôle d’échanges multimodal de la gare de Pau et la venue, pour l’occasion, du président-directeur général de la SNCF, Jean-Pierre Farrandou, un contrat de plan Etat-Région (PER) est en cours de négociation. Ce dernier fera également la lumière sur les futurs travaux de la RN134, la seule route nationale du département. Chaque année, son entretien coûte six millions d’euros à l’État. Des solutions seront dévoilées au cours de l’automne.

Noémie Besnard

Commentaires


Réagissez à cet article

Vous devez être connecté(e) pour poster un commentaire

À lire aussi