Comme pour les Landes, le nouveau budget 2025 annoncé par l’État soulève beaucoup d'inquiétudes auprès des maires du Pays basque, et notamment des villes comme Bayonne, Anglet ou encore Biarritz. En effet, le projet de loi de finances (PLF) pour 2025 interpelle les collectivités locales du Pays basque, qui anticipent des restrictions budgétaires importantes pour contribuer à l’effort de redressement des finances publiques. Le gouvernement entend lever trois milliards d’euros sur les budgets des collectivités françaises, une décision qui suscite des réactions vives de la part des élus locaux.
Bayonne, Anglet et Biarritz en première ligne
Maider Arosteguy, maire de Biarritz, se dit consternée par la méthode employée, ayant appris par la presse l’ampleur de la ponction budgétaire de 1,3 million d’euros qui serait demandée à sa commune. Déjà impactée par une pénalité de 2,8 millions d’euros pour le déficit de logements sociaux, la ville est contrainte de réviser ses projets d’investissement et de réduire ses dépenses, un effort qui devient difficile à gérer, souligne-t-elle. Elle déplore par ailleurs l'inégalité de traitement entre les communes, toutes n’étant pas concernées par cet effort financier.
À Anglet, la pression est similaire. Claude Olive, maire de la commune, fait part de ses préoccupations quant aux arbitrages financiers imposés par la réduction des dotations de l’État, qui atteint deux millions d’euros pour sa ville. Sur un budget de fonctionnement de 80 millions d’euros, cette réduction représente un coup significatif qui pourrait affecter tant les services municipaux que les investissements futurs. M. Olive souligne les exigences budgétaires rigoureuses des collectivités locales, qui doivent équilibrer leurs comptes et limiter leur capacité d’endettement, des règles qu’il considère en contradiction avec les exigences de l’État.
Le maire de Bayonne et président de la Communauté d’agglomération Pays Basque, est également très critique face à ce qu’il considère comme une imposition sans concertation. La « cure » budgétaire imposée à la ville s’élève à trois millions d’euros, notamment due à la diminution des recettes fiscales, à une baisse des compensations de TVA et à l’augmentation des cotisations pour les retraites des fonctionnaires. Il craint que ces réductions ne pèsent lourdement sur les finances locales, obligeant Bayonne à restreindre ses projets d’investissement, y compris ceux liés à la transition écologique et énergétique, et à revoir à la baisse les subventions allouées, à l’exception de celles destinées au secteur social.
Des choix contraints pour les élus
La Communauté d’agglomération du Pays basque évalue à 6,3 millions d’euros la somme qu’elle devra trouver pour satisfaire les exigences de l’État. Ces réductions budgétaires auront un impact sur des programmes stratégiques tels que ceux concernant l’habitat et l’agriculture. Dans ce contexte, Jean-René Etchegaray déplore l’insuffisance des dotations pour soutenir des initiatives essentielles à la durabilité et à la modernisation du territoire.
D’autres communes sont également touchées par les mesures d’austérité budgétaire. Le maire d’Hendaye, Kotte Ecenarro, attend encore de connaître le montant exact de la ponction sur les finances de la ville, mais il s’inquiète déjà de l’impact que cela pourrait avoir, notamment sur le financement des crèches et d’autres services soutenus en partie par les Départements. Il partage l’indignation de ses homologues, affirmant que l’État fait porter aux collectivités locales le fardeau de la dette nationale.
Transition écologique et services publics en péril ?
À Saint-Jean-de-Luz, le maire Jean-François Irigoyen a déjà anticipé ces restrictions en demandant à ses services de réduire de 5% leurs budgets de fonctionnement pour 2025. Il regrette que les collectivités locales soient pointées du doigt alors qu’elles sont soumises à des exigences budgétaires strictes que l’État n’a pas à respecter. Il souligne que la politique des aides directes comme le « chèque inflation » ou le « chèque énergie », bien qu’elle ait soutenu les Français pendant la crise sanitaire, a contribué à accroître le déficit national, laissant aujourd’hui aux collectivités locales la tâche de participer au redressement.
En parallèle, les élus de la Région Nouvelle-Aquitaine partagent les préoccupations de leurs collègues basques. Sandrine Derville, vice-présidente aux Finances de la Région, déclare que les réductions envisagées représentent une perte significative, notamment pour le fonctionnement des lycées ou des transports régionaux, menaçant des pans entiers des services publics locaux.
Alors que le Projet de loi de finances est toujours en discussion, avec une adoption possible par le biais du 49.3, les élus locaux du Pays basque et d’ailleurs attendent de voir si leurs appels à un réexamen des ponctions financières seront entendus. Ils plaident pour une prise en compte des réalités budgétaires locales et pour un effort de redressement financier plus équitablement réparti entre les différents niveaux de l’État.
Sébastien Soumagnas
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