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DÉCRYPTAGEService militaire ou Service civique ? Comparaison n’est pas raison

Depuis 2001, Jacques Chirac a supprimé le Service militaire. Remplacé par le Service civique. Le pays y a-t-il gagné ? Décryptage…
Photo d'un entrainement militaire

C’est entendu, la France n’est en guerre contre personne, et notre Armée compte suffisamment d’effectifs pour contenir n’importe quel assaut, d’autant plus que si un conflit devait éclater, il se réglerait davantage par l’envoi de bombes sophistiquées que d’assauts à la baïonnette. La raison pour laquelle Jacques Chirac a supprimé le Service militaire en 2001.

Il est vrai qu’avec l’usure des ans, le SM était devenu davantage l’occasion de s’initier durant douze mois à l’oisiveté et à des saouleries de Kronembourg, qu’à acquérir quelques notions basiques de patriotisme et de défense de la nation. La ligne bleue des Vosges, c’est loin. Accessoirement, cela renvoyait à un symbole désastreux, voulant que le pays n’ait pas besoin de ses fils. Reconnaissons que le système était à bout, puisqu’un appelé sur quatre revêtait l’uniforme, les trois autres se débrouillant pour être réformé P4, signifiant zinzin maboul, à écarter par prophilaxie. Cette suppression avait reçu l’approbation de la population, favorable à 72 % à une armée de métier.

Treize ans ont passé, suffisants pour dresser un bilan. Si personne ne pleure sa disparition, il faut toutefois reconnaître que durant ces mois passés à la caserne, on apprenait à vivre ensemble. Le petit ramoneur du Jura côtoyait l’étudiant en Sciences politiques, le prolo le bourgeois, l’Alsacien le Béarnais. L’illétré sortait du Service avec un petit bagage de savoir, une formation, une remise à niveau et un manuel de vie en communauté. « Et tout ça, ça fait d’excellents Français », chantait jadis Maurice Chevalier. Depuis, chacun vit dans son coin, le seul lien étant celui de la télé ou des amitiés virtuelles sur les réseaux sociaux. Étonnons-nous que dans les coins les plus reculés du pays, certains jeunes parlent avec l’accent racaille !

Pour pallier le manque, en 2010 le Service civique a été mis en place, un engagement volontaire sur une mission d’intérêt général d’une durée de six à douze mois, à raison d’au moins 24 heures hebdomadaires. Ce que l’on dénomme un « engagement citoyen ». Entre 2017 et 2021, environ 80 000 jeunes ont ainsi initié une mission, soit 10 % de la classe d’âge des 16-25 ans. Durée moyenne de la prestation : 6,5 mois.

Il va sans dire que le civique n’a en rien remplacé le militaire. Et l’Armée n’aurait que faire de 300 000 nouveaux conscrits chaque année, en cette période économique agitée ; Xavier Bertrand, favorable au rétablissement du SM pour une durée de trois mois, avait chiffré en son temps la mesure : environ 1,5 milliard d’euros. La Grande muette n’aurait d’ailleurs pas assez de sous-officiers pour les former et les encadrer, et de casernes pour les accueillir. Mieux encore, la moitié des effectifs serait féminin, d’où une adaptation des logements.

Néanmoins, la formule actuelle laisse à désirer. On est passé d’un régime d’autorité et de règles au laxisme digne de « Camping Paradis », bien dans l’air du temps mais sans conséquences positives pour la santé d’une nation. La conclusion ? Non, il n’y en a pas, on ne fait pas de politique dans ces colonnes, chacun son métier. Mais que ceux qui sont en charge du pays prennent en charge le problème, il en va en partie de l’avenir de nos enfants.

Dominique Padovani

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