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DEMAINPerspectives, avec Philippe Tillous-Borde

Le Haut-Béarnais, président de la Fondation du Groupe Avril, apporte son point de vue sur les évolutions qui se profilent. Quand l’expérience parle…
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Philippe Tillous-Borde a été au cœur de la création de la filière française des oléo protéagineux, aux côtés de Jean-Claude Sabin, notamment en développant le groupe Sofiprotéol-Avril, un géant de l’agro-industrie qui emploie aujourd’hui 8.500 personnes dans le monde.

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« La création de la filière des oléo protéagineux était à contre-courant de l’époque. On en voit tout l’intérêt aujourd’hui. Notre action était fondée sur la nécessité d’avoir sur son sol la production indispensable, d’avoir à côté de soi de quoi couvrir les besoins stratégiques » souligne le co-fondateur du Groupe Avril.

« L’autre volet essentiel est l’organisation en filière. Concernant l’exemple de la filière des oléo protéagineux, il faut encore progresser et l’on mesure que c’est très long. Malgré un effort colossal pendant 30 ans, on est encore dépendant à 50% pour les tourteaux et protéines. Il ne faut surtout pas relâcher l’effort à tous les niveaux : sélection des semences, plus de diversité des cultures, etc. »

Avec la Fondation Avril qu’il préside, Philippe Tillous-Borde explore de nouvelles pistes qui peuvent apporter des réponses importantes dans la période actuelle. « J’ai lancé un fonds d’investissement, Agri Bio Impact, qui a pour but d’apporter des capitaux propres aux agriculteurs qui ont des projets de développement de filières locales ».

Agri Impact veut accompagner la diversification économique des agriculteurs dans les territoires et les aider à capter de la valeur économique par l’intégration de nouvelles activités connexes à leurs exploitations : énergies renouvelables, filières alimentaires courtes (ateliers de première transformation, magasins de producteurs). Bio Impact veut répondre aux grands enjeux des filières Bio. Il vise à contribuer au développement et à la transmission de groupements agricoles, d’entreprises de transformation et de distribution des produits issus de l’Agriculture Biologique.

« Ces initiatives vont dans le sens des virages à prendre dans les prochains mois et années, avec le développement d’activités de proximité et une consolidation des territoires ruraux ». En attendant, « il faut aider les petites entreprises et les exploitations à passer le cap. Beaucoup d’entre elles sont fragilisées faute d’une trésorerie suffisante. Il est essentiel de conserver et de renforcer notre tissu de TPE et PME ».

« Je suis convaincu que des changements importants et durables vont se produire. Par exemple au niveau du lien entre producteurs et consommateurs. Tout cela aura un impact majeur ». Les grands groupes ont commencé à s’adapter notamment au niveau des circuits de distribution très perturbés par la crise sanitaire. Pour le Groupe Avril, l’un des secteurs les plus impactés est celui du biodiesel, avec une chute libre des livraisons (-70%) et une saturation du stockage des matières premières.

« La crise est monstrueuse sur le plan économique et financier, au niveau de la planète. Mais, je crois qu’elle va conduire à plus de raison, mais aussi à plus de responsabilité de la part des gens. Il me semble qu’on devrait sortir des revendications classiques. Parce que le confinement et les gestes barrières en appellent à la responsabilisation autour d’un projet et d’enjeux collectifs. Ce qui peut changer la donne » espère Philippe Tillous-Borde.

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