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DECRYPTAGEOù doivent circuler les trottinettes ? Trottoirs ou chaussée ?

Il y a les pour. Et naturellement les contre. Le Conseil National de sécurité routière planche sur le sujet…
Trottinette électrique exposée

Il y a les pour. Et naturellement les contre. Ceux qui estiment que la trottinette est un engin de liberté, rapide et amusant, qui ne pollue pas, ne vient pas engorger davantage la circulation urbaine, et surtout s’avère abordable, puisqu’on en trouve à partir de trente euros. Ses utilisateurs, du moins ceux qui pédalent à la force de leurs mollets, le considèrent comme un mode de transport doux et l’emploient sur de courtes distances. Ceux-là ne sont pas les plus dérangeants.

Et puis il y a les autres. Les praticiens de la trottinette électrique, qui ont remplacé à moindre frais la voiture, la moto et le scooter par cette petite bombe mécanique, susceptible d’atteindre la vitesse de 85 Km/h, pour le cas de la NanrobotLS7 ou la Dualtron Thunder. Encore que la pédalette de monsieur tout le monde ne dépasse généralement pas les 30 à l’heure. C’est-à-dire très exactement la vitesse d’une voiture en ville.

C’est à cette catégorie d’usagers – ils sont environ 2 millions à posséder une trottinette électrique - que l’on doit les accidents les plus dangereux. L’an dernier, 22 personnes sont décédées par leur faute, selon la Sécurité routière (contre 7 en 2020 et 10 en 2019). Sans compter les traumatismes dus à une chute de trottinette, les muscles, les os et les articulations et surtout le crâne (à 40 %) étant souvent touchés, tout comme les genoux, poignets, mains, épaules, coudes et dos. Plus les risques d’entorses et de fractures. Rien que sur Paris, Lyon et Marseille, ce fut le cas pour près de 6 000 utilisateurs l’an dernier, les jeunes de 20 à 30 ans étant les plus touchés, suivis des quinquagénaires. Mais c’est surtout le chiffre des piétons morts qui interpelle : depuis janvier dernier, 57 d’entre eux sont décédés

Le phénomène est tel que le législateur envisage de se saisir du problème. Prenant l’initiative, le Conseil National de la sécurité routière a rencontré hier le gouvernement, afin de le sensibiliser à la question de la circulation de ces engins dans l’espace public. En pratique, il s’agit de resanctuariser les trottoirs pour les piétons, en “définissant légalement le trottoir comme étant une partie de la voie publique réservée à la circulation et à l’usage du piéton.”  Et rien que du piéton. Car 60 % des accidents ont lieu sur cette partie de la chaussée. Le but : récupérer de la tranquillité et de la sécurité, quoique y sont autorisés les trottinettes non électriques, les skateboards et les enfants à vélo, s’ils ont moins de huit ans.

Il faut croire que les choses bougent, dans le bon sens. Dans un premier temps, l’adjoint à la voirie parisienne, David Belliard, avait déclaré au Monde : “Ce mode de déplacement n’est pas vertueux, puisqu’il se substitue à la marche. Les accidents ont augmenté de 189 % depuis 2019, et la trottinette génère un climat anxiogène.” En réponse, hier, trois concessionnaires (Lime, Dott et Tier) ont tenu de concert une conférence de presse pour annoncer l’arrêt sur Paris du l’usage de trottinettes en libre-service aux mineurs. Mieux encore, ils s’engagent à mettre en place immédiatement l’immatriculation des 15 000 trottinettes en service à venir dans la capitale, En quand on sait que ce qui y est décidé se généralise ailleurs en province par la suite…

Comme d’habitude, l’affaire est une question d’éducation : la trottinette est un mode de circulation doux, pas un engin de rodéo, de virtuosité ou de vitesse. Gare aux sorties de route. Et de trottoirs !

Dominique Padovani

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