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L’hôtellerie-restauration toujours en quête de visibilité

Dans la lignée de la réaction du président confédéral de l’Umih à l’allocution d’Emmanuel Macron, les présidents des bureaux départementaux du Pays basque et de Béarn restent très inquiets...
UMIH HEGUY
Si les acteurs du secteur de l’hôtellerie-restauration saluent volontiers la décision de muer des reports de charges en annulations pures et simples, un grand nombre d’interrogations subsistent, en particulier sur les scénarios de réouverture. Non sans un certain sentiment d’injustice.

Dès ce mardi 14 avril, l’Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih) a réagi aux dernières annonces d’Emmanuel Macron. Roland Héguy, président national de l’Umih, a notamment salué une « ouverture » sur le principe d’annulations de charges fiscales et sociales au bénéfice des entreprises du secteur. Une ouverture ensuite confirmée par le ministre des comptes publics Gérald Darmanin, qui a annoncé 750 millions d’euros d’annulations de charges pour les secteurs de l’hôtellerie, de la restauration, mais aussi des arts et spectacles. Roland Héguy a aussi salué l’annonce d’un « plan sectoriel » sur lequel l’Umih plancherait déjà, ainsi que l’appel aux assureurs formulé par le président de la république.

En revanche, l’Union regrette que le secteur de l’hôtellerie-restauration demeure « l’un des seuls secteurs sans effet d’horizon » pour la réouverture de ses établissements. C’est évidemment un point de crispation alors que la belle saison commence, que des annonces ont été faites concernant une rentrée des élèves et… que certains particuliers continuent apparemment de louer des logements sur des plateformes en ligne comme Airbnb.

Les dents grincent en Pays basque…

Du côté de l’Umih du Pays basque, on commence par rejeter en bloc l’idée d’une réouverture trop tardive des établissements. « La particularité du Pays basque est que 95% des entreprises du secteur sont des TPE ou des PME à la surface financière limitée, et pour lesquelles le chiffre d’affaires d’aujourd’hui, c’est la trésorerie de demain. Beaucoup avaient leurs frigos pleins au moment de l’annonce brutale de la fermeture des établissements », explique le président Jean-Pierre Istre, qui décrit une « ambiance catastrophique » dans la profession.

Le bureau local de l’Umih espère une réouverture progressive des hôtels à partir du 11 mai, et des cafés et restaurants dès juin. Un scénario qui ne sauvera peut-être pas l’année, mais qui pourrait sauver bien des entreprises… Des précisions quant au calendrier et aux modalités de réouverture sont attendues pour la fin du mois.

Il y aurait d’autant plus urgence en Pays basque que « beaucoup d’établissements ouvrent à l’année pour pouvoir conserver leur personnel d’une saison sur l’autre et ainsi éviter les soucis de recrutement dans la région ». En d’autres termes, faute de réouverture pour la pleine saison, le secteur manquera fatalement de ressources pour faire face aux charges hivernales. Et tout ceci alors qu’a été prolongé jusqu’au 11 mai l’arrêté préfectoral d'interdiction des locations touristiques sur le littoral allant de Bayonne à Hendaye, visiblement loin d’être complètement respecté sur certaines plateformes de réservation en ligne.

De quoi faire grincer des dents, alors qu’on dénonçait déjà cette concurrence un brin sauvage depuis longtemps… Dans la lignée des estimations du président national, 20 à 25% des quelque 750 adhérents de l’Umih du Pays basque seraient directement menacés par un risque de défaillance.

Dans ces conditions, la récente annonce des assureurs, qui viennent de porter à 400 millions d’euros leur contribution au fonds de solidarité gouvernemental (contre 200 auparavant), ne fait pas franchement sauter de joie les professionnels de l’hôtellerie-restauration : « Cela va dans le bon sens mais il faut évidemment aller plus loin », commente Jean-Pierre Istre.

Chaque année, les professionnels paient pour se prémunir du risque de perte d’exploitation, et vivent forcément mal que la pandémie ne soit pas prise en compte par leurs contrats. La FFA (Fédération Française d’Assurance) précise qu’à sa contribution s’ajouteront plus d’1,3 milliard de gestes commerciaux, ainsi qu’un programme d’investissements global « d’au moins 1,5 milliard d’euros » (à priori plutôt dédié aux PME et ETI du monde la santé).

Le Béarn aussi dans la tourmente…

En Béarn et en Soule, où l’on recense 700 établissements et où l’Umih compte 250 adhérents, le constat est peu ou prou le même, notamment au chapitre de la visibilité sur les réouvertures. Le président Yves Larrouture s’interroge en particulier sur les conditions de celles-ci, qu’elles soient purement sanitaires ou liées aux capacités envisagées.

« Il n’y aurait pas forcément d’intérêt à rouvrir pour tourner au ralenti », résume-t-il. Alors que la trésorerie des établissements « fond comme neige au soleil », que tout le monde ne semble pas avoir encore perçu son chômage partiel pour mars et que les charges fixes continuent de courir, des coûts d’exploitation additionnels sans garantie de revenus pourraient avoir un effet contre-productif. D’un autre côté, on ne peut évidemment demander trop longtemps aux salariés du secteur de vivre avec seulement 80% de leur salaire.

En Béarn, on notera que la profession, également composée d’une grande partie de petites structures, est aussi très dépendante de l’activité saisonnière et d’événements comme les fêtes estivales ou encore le Tour de France. Près d’un tiers des entreprises seraient menacées. Et la location via Airbnb alimente là encore un assez fort sentiment d’injustice. Une note positive cependant : le dialogue serait en ce moment plus serein, ouvert et constructif avec des interlocuteurs comme la Direccte ou l’Urssaf. « On espère que ce climat de confiance perdurera à l’avenir », note Yves Larrouture.

Outre le lobbying s’exerçant à l’échelle nationale pour tenter de sensibiliser l’État et les assureurs à la cause de l’hôtellerie et de la restauration, les Umih d’ici restent mobilisées pour aider les entrepreneurs à structurer (et dimensionner) leurs demandes d’aide, mais aussi pour les accompagner au quotidien en leur prodiguant des conseils. Les présidents de nos bureaux départementaux appellent les professionnels à ne pas rester isolés, à communiquer avec leurs homologues et avec leur interprofession.

On croise les doigts pour que l’été touristique ne soit pas gâché par le virus, et qu’il réserve de bonnes surprises à nos hôtels, nos cafés et nos restaurants. Après des semaines de confinement, on espère bien qu’un beau sursaut de fréquentation les aidera à limiter la casse au maximum. C’est le minimum qu’on puisse souhaiter à tous ces dirigeants et salariés qui n’ont jamais eu l’habitude de compter leurs heures.

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