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Coup de gueule80 km/h à l’envers !

Dimanche, le gouvernement, n’écoutant aucune objection, abaissera la vitesse maximale à 80 km/h sur les routes : un autisme qui pourrait coûter très cher…
80 KM:H 3
Bien entendu, tout le monde est d’accord sur la nécessité de poursuivre les efforts afin d’éviter des drames sur les routes. Mais attention, une mauvaise mesure peut engendrer des effets contraires au but recherché. On explique.

Tout d’abord un constat : à supposer que la mesure soit judicieuse, elle a été tellement mal amenée et tellement mal « vendue » aux Français qu’elle est rejetée par une écrasante majorité (plus de 75%), si l’on en croit les derniers sondages effectués. Or l’on sait parfaitement qu’une décision qui n’est pas comprise et mal admise se solde le plus souvent par un échec, et qu’elle peut même déclencher des comportements de révolte qui ne rendront pas les routes plus sûres. Loin de là.

Rappelons que l’enjeu n’est pas mince puisque 400.000 kilomètres de routes sont concernés, dont 20.442 km sur le bassin de l’Adour, par cet abaissement à 80 km/h de la vitesse maximale (contre 90 km/h actuellement).

Pour en venir sur le fond, quelle est la problématique de la vitesse ? Oui, la vitesse est une cause majeure d’accident. Oui, plus la vitesse est élevée, plus l’accident est grave. Mais, ce qui compte avant tout, c’est d’adapter sa vitesse en fonction de l’environnement urbain ou pas, de la visibilité, de l’état de la route ou encore de la météo… Des associations et des parlementaires ont demandé que le choix de cette limitation de la vitesse soit laissé aux départements. Refus du gouvernement.

Pourtant, cela aurait été parfaitement logique. En effet, ce travail est déjà fait très régulièrement, sur le terrain, notamment par des agents de la DDTM (Direction départementale des Territoires et de la Mer), avec le Bureau Sécurité routière, alimentant un Observatoire dédié aux routes et à l’accidentologie.

Ils passent au crible les routes du département, vérifiant sur place chaque portion, pour proposer ensuite des évolutions pertinentes des limitations de vitesse ; elles peuvent être relevées par endroit ou au contraire abaissées, suivant les dangers identifiés. Alors, pourquoi ne pas laisser faire ces personnes sur le terrain qui en ont la compétence ? Pourquoi ne pas leur donner les moyens de le faire encore mieux, plutôt que d’aller gaspiller des sommes folles par une mesure parisienne ?

Car ce sont plus de 20.000 panneaux qui sont changés, des milliers de radars qui sont reconfigurés, bref on estime que le coût atteindra les 10 millions d’euros. Tout ça pour une mesure annoncée comme expérimentale. Ne nous leurrons pas : même si la mesure s’avère inefficace, le gouvernement ne reviendra pas en arrière. Ne serait-ce que parce qu’il serait fou de dépenser à nouveau 10 millions d’euros pour revenir à 90 km/h.

Rouler à la bonne vitesse, être en mesure de parfaitement contrôler son véhicule et de réagir en cas d’obstacle ou de danger… C’est bien là l’essentiel. Mais, il ne faut pas oublier qu’une vitesse trop basse sur de longues lignes droites, sur des routes en bon état et dans une voiture confortable, fait apparaître un autre danger majeur : l’inattention et le manque de vigilance.

Le risque est alors que le conducteur se mette à faire autre chose au volant, et notamment à téléphoner, à lire ses messages sur son smartphone, à s’occuper du GPS ou des autres appareils connectés… Ne sous-estimons pas ce danger ! L’usage de ce qu’on appelle les « distracteurs » est en train de devenir un fléau. Ce serait paradoxal et absurde que l’abaissement de la vitesse maximale autorisée accélère le développement de ce fléau, avec des conséquences encore plus graves.

N’y avait-il pas d’autres priorités pour sauver des vies sur les routes ? Par exemple, en améliorant les infrastructures et l’entretien des routes, ou encore en sensibilisant mieux et plus positivement les automobilistes. Dommage.

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