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GENS D'ICIÉlisabeth Soulas : entre biodiversité et art

L’association 36 z’arts, près d’Oloron, est en train de créer un projet unique en France, dans le but de faire renaitre les teintures végétales.
Elisabeth Soulas, la présidente de l'association 36 z'arts, qui met en lumière la culture et l'utilisation des plantes tinctoriales et de la teinture végétale en Béarn.
Millepertuis, coréopsis, pastel, camomille, cosmos sulfureux, garance... plus d’une vingtaine d’espèces végétales sont cultivées de manière expérimentale depuis le début de l’année à Précilhon, près d’Oloron-Sainte-Marie.

L’idée n’est pas tant de refleurir nos campagnes avec des fleurs rustiques que de les utiliser pour renouer avec le procédé de la teinture végétale et de proposer ses services aux petites et moyennes manufactures françaises. « Nous sommes les seuls à avoir lancé un projet d’une telle ampleur en France. Les teintures végétales ont totalement disparu dans les grandes manufactures textiles. Il y a bien quelques artisans qui l’utilisent, mais pas dans le même objectif que nous », explique Élisabeth Soulas, la présidente de l’association et une passionnée de plantes.

J’aime pouvoir lier la biodiversité et l’univers artistique.

En sommeil depuis le premier confinement, 36 z’arts vit aujourd’hui un renouveau grâce à ce projet. Élisabeth Soulas s’intéresse aux plantes « tinctoriales » (que l’on peut utiliser pour teindre les tissus) durant cette période ‘’creuse’’. Après avoir effectué des recherches sur le web, elle a participé à un stage avec Michel Garcia, « le pape de la teinture végétale. J’aime cet aspect d’utilisation des plantes et pouvoir lier la biodiversité et l’univers artistique ».

L’association a décidé de développer cette pratique artisanale en Béarn (terre historiquement rattachée à l’industrie textile), tombée rapidement en désuétude avec l’apparition des colorants synthétiques. Baptisé Arts et Vie en Couleurs, le projet de l’association béarnaise défend également l'insertion socioprofessionnelle de personnes éloignées de l'emploi en s’appuyant sur la valorisation économique des techniques de teinture végétale. Son objectif est de collaborer avec les petites et moyennes manufactures françaises. « Nous n’avons pas la capacité de teindre des kilomètres et des kilomètres de tissus, et ce n’est d’ailleurs pas notre but », précise la présidente.

Des fleurs tinctoriales prêtes en train de sécher.

Comment ça marche ?

Une fois arrivées à maturité́, les fleurs sont séchées puis mises dans de l’eau pour créer le colorant qui servira au procédé́ de teinture. Mais le travail le plus long n’est pas encore effectué : « Le plus difficile est de travailler la matière qui va recevoir la teinture. Cela peut être du coton, lin, chanvre, mais aussi toutes les fibres animales, telles que la soie, la laine ou le cuir. On va faire en sorte que l’infusion ou la décoction puisse pénétrer toutes les fibres. Cela dépend également de l’usage que l’on va en faire et à la plante que l’on utilise. C’est un art très subtil, il faut trouver la bonne recette pour faire durer la couleur », souligne Élisabeth Soulas, intarissable sur le sujet.

L’association 36 z’arts peut compter sur ses bénévoles pour récupérer des textiles ainsi que des biodéchets (épluchures d’oignons, peaux d’avocats…) auprès des professionnels comme des particuliers. 

L’association possède également un volet pédagogique et organise des animations et ateliers autour de la teinture végétale. D’ici cet automne, 36 z’art aura aménagé une petite manufacture près de son jardin (elle en possède déjà un à Pau).  

Elle cherche actuellement des « forces vives et des mécènes » pour pérenniser son projet. L’appel est lancé ! 

Noémie Besnard

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