« L'idée du collectif est arrivée à l'hiver dernier, pendant la grippe aviaire, en découvrant qu'une structure similaire existait ailleurs en France », commence Aurélie Blondin, une jeune éleveuse en espace-test agricole, comprenez par là en tout début d'activité. « Avec plusieurs producteurs, nous souhaitions informer les gens sur la situation et sur les différences que comportent nos petites exploitations par rapport aux élevages plus importants qui ont été frappés par la crise aviaire. Alors nous avons décidé de nous structurer ».
Aujourd'hui, déjà 200 à 250 personnes composent l'ensemble du collectif Sauve qui Poule. On y retrouve aussi bien des producteurs que des consommateurs. « L'objectif est que notre voix se fasse entendre. Comme nous ne sommes que très peu de producteurs face à l'immensité de la filière, rassembler des consommateurs nous permet d'avoir plus d'impact. Ils sont partie prenante du collectif, car nous souhaitons faire bouger les choses ensemble ».
Notre objectif est de mettre nos bêtes dans les meilleures conditions possibles.
Ces choses, actuellement, ce sont les mesures prises par l'État qui sont conçues pour les grandes exploitations, puisqu'elles sont majoritaires dans la filière. « Ce sont ces structures-là qui sont le plus à risque, donc les mesures sont logiques et cohérentes. Cependant, nous sommes aussi impactés alors que notre système d'élevage est bien moins à risque. C'est l'industrialisation qui augmente les risques. Il y a plus d'éléments dans les circuits de transports et donc plus de risques de contamination puisque les élevages sont interconnectés. C'est bien moins le cas pour nos exploitations puisque nous sommes en circuit court ».
L'élevage en plein-air implique aussi une quantité moins importante d'animaux. « Notre objectif est de mettre nos bêtes dans les meilleures conditions possibles. Plus il y a d'individus, plus c'est compliqué ».
Un mode d'élevage qui impacte positivement la qualité du produit final, et qui permet surtout aux poules d'être dans de meilleures conditions. « Les poules sont des animaux qui s'ennuient très vite, et qui stressent beaucoup. En intérieur, ces deux facteurs sont démultipliés, ce qui impacte aussi leur système immunitaire, et cela entraîne une spirale négative et le risque d'autres problèmes sanitaires ».
Cet hiver va être dur et notre lutte va être longue.
Le déséquilibre entre différentes tailles d'exploitations, le collectif souhaite le corriger, grâce à diverses actions. La plus répandue, ce sont des groupes de discussion dont le but est d'informer les consommateurs et de se faire connaître pour agrandir le réseau. Mais d'autres sont plus originales... « Nous avons envoyé des cartes postales au Président de la République pour lui demander d'agir. Ici, nous en avons envoyé 1500, et chacune des 13 antennes Sauve qui Poule en France en a fait de même ».
Une action qui démontre bien que ce terme de « collectif » est cohérent avec les agissements de Sauve qui Poule. « On n'est pas tout seuls, et ça fait du bien de se sentir soutenus. Parce que du côté des éleveurs, on est un peu tous démoralisés, c'est difficile. On se prépare aussi à la prochaine crise, parce que les mesures mises en place ne sont pas aussi efficaces que prévu... Cet hiver va être dur et notre lutte va être longue ».
Malgré tout, une lueur d'espoir brille encore dans les yeux de ces amoureux de leur métier. « Plus on sera nombreux, plus on se fera entendre, et donc mieux nous serons protégés et accompagnés. Nous sommes persuadés que c'est comme cela que nous préserverons au mieux nos petites exploitations, car les mesures seront ainsi plus logiques pour chacun », conclut Aurélie Blondin.
Voir la page facebook de " Sauve qui poule"
Timothé Linard
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