Comme pour beaucoup d'artistes, Jean Harambat a eu, depuis petit, un attrait pour son art de prédilection. Dans son cas, c'est bien du dessin qu'il est question. « Mais c'était difficile d'envisager d'en faire une carrière », avoue-t-il. Un constat qui l'amène vers un Baccalauréat scientifique, puis une école d'économie, une faculté de philosophie, avant de travailler notamment pour une ONG. « J'ai fait beaucoup de choses ! J'ai toujours été très curieux et attiré par plein de choses, et finalement, le dessin me permettait de tout réunir en une seule activité ».
Après un voyage humanitaire, à la suite duquel il a souhaité prendre du temps pour lui, il rencontre des dirigeants du journal Sud-Ouest, qui lui donnent ses premières opportunités pour diffuser ses dessins. « C'était des illustrations de presse, pour leurs journaux. Puis en 2006, ils m'ont demandé de faire une bande dessinée pour les pages de l'édition des Landes, une sorte de Robin des Bois gascon. C'était très imparfait, mais c'était déjà un bon début », relativise celui qui a majoritairement appris seul, à force de dessiner. « Le dessin, c'est un long voyage ! ».
Et du chemin, Jean Harambat en a parcouru ! Un peu moins de 20 ans après cette première parution, il compte désormais une douzaine d'ouvrages dont il est scénariste, auteur, et bien évidemment, dessinateur. « J'aime articuler mes récits autour de l'Histoire, car c'est un thème très apprenant. C'est une source d'apprentissage, autant pour moi que pour le lecteur, et c'est riche de surprises. Dès que j'ai une idée, je réfléchis au sujet, je l'étudie, et je regarde s'il a déjà été traité, et si oui, comment. Je fais beaucoup de recherches pour pouvoir me démarquer, réinventer l'histoire, tout en collant à une certaine réalité historique. Mais ce ne sont pas des encyclopédies, la vérité n'est pas l'exactitude, j'aime aussi laisser libre recours à mon imagination pour qu'il y ait une part de fantaisie ».
La dernière naissance de sa créativité, c'est La Pièce Manquante, publiée chez Dargaud en octobre 2023. Un récit qui se déroule à Londres, au XVIIIe siècle, et qui met en scène Peg Woffington, une grande comédienne irlandaise de l'époque. Dans cet ouvrage de 160 pages, l'héroïne part ainsi à la recherche d'une pièce disparue de William Shakespeare pour donner une autre dimension à sa carrière. Une aventure contée par Jean Harambat, et colorisée par Jean-Jacques Rouger. « Ça m'arrive de faire mes couleurs, mais en général je laisse ce travail à des coloristes », explique l'auteur qui s'aventure également à d'autres supports que la bande dessinée, comme l'écriture, et la réalisation d'affiches de film et d'événements, comme par exemple l'affiche de la 26e édition du festival Arte Flamenco.
Une diversification de ses activités par choix, l'artiste se considérant privilégié de pouvoir vivre de la création de ses bandes dessinées. « Je travaille avec des éditeurs assez solides qui me permettent ça. C'est une vraie chance, et ça me permet de travailler mes projets les uns après les autres, en prenant le temps nécessaire. Je sais que ce n'est pas le cas de tous les auteurs, qui parfois, doivent cumuler les projets », explique-t-il. « Mais j'en suis très content également car cela évite d'être dans un modèle de surproduction et de surconsommation. La bande dessinée se porte très bien en France, mais il y a de grandes inquiétudes. C'est étonnant à dire, mais on est autant dans l'âge d'or de notre domaine, que dans une période de crise ».
En effet, l'auteur se pose des questions sur l'avenir de sa profession, et à vrai dire, il n'est pas le seul. « Aujourd’hui, l'offre du divertissement va très vite. Le monde de la culture bouge énormément, et ça peut pousser certains auteurs et éditeurs à multiplier les projets car le public peut vite se lasser. Il y a une vraie interrogation concernant l'avenir de l'appétit des consommateurs. Est-ce qu'ils seront toujours autant intéressés par la bande dessinée demain ? C'est difficile à dire. Mais j'aime croire que notre domaine est durable, et que ça continuera ainsi ».
En tout cas, Jean Harambat n'a pas prévu de s'arrêter. Bien qu'il a publié un ouvrage il y a quelques mois à peine, il planche déjà sur un prochain projet. « Avec mon éditrice, nous aimerions développer une aventure autour du monde rural. J'ai déjà traité de ce sujet, mais toujours dans de petits récits, ou dans des illustrations par-ci, par-là. C'est quelque chose qui me parle, je suis landais, j'ai toujours grandi ici, la vie à la campagne ça me connaît ! », plaisante celui qui vit encore aujourd’hui dans les Landes. « Maintenant, il faut simplement que je trouve la bonne façon de traiter ce thème », conclut Jean Harambat, qui a inévitablement du pain sur la planche...
Timothé Linard
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