Pour bien construire, il faut de bonnes fondations. C’est ce que MACS (Maremne Adour Côte-Sud) applique depuis plusieurs années avec une politique foncière proactive qui n’a rien d’un simple projet sur plan. Chaque acquisition est pensée comme une brique essentielle dans l’édifice d’un territoire équilibré. À l’heure où les communes rurales affrontent les pressions foncières, les appétits privés et les mutations rapides des usages, la maîtrise du sol devient un levier majeur pour garder la main sur le futur.
À Orx comme à Saint-Jean-de-Marsacq, deux communes des bords de l’Adour, la communauté de communes vient de poser de nouveaux jalons. En acquérant deux bâtis stratégiquement situés en cœur de bourg, elle ne se contente pas de poser des jalons sur une carte : elle prépare des terrains fertiles pour faire germer les projets de demain.
Emplacements de choix pour un avenir sur-mesure
À Saint-Jean-de-Marsacq, c’est une maison chargée d’histoire, ancienne épicerie du XIXe siècle, qui a retenu l’attention. Ses 272 m² sur une parcelle de 675 m², en face de la mairie, à deux pas de l’école et de la médiathèque, en font un bien stratégique dans la dynamique de village. À Orx, c’est un ancien gîte de plus de 800 m² situé en plein centre qui a été acquis. Deux achats, deux potentiels. Aucun projet défini à ce stade, mais plusieurs pistes sont envisagées : logements à loyers modérés, hébergements pour travailleurs saisonniers, lieux culturels ou éducatifs…
La méthode est claire : ne pas bétonner l’avenir, mais couler les fondations d’une réflexion collective. Pour cela, MACS joue la carte de l’anticipation, de la concertation et de l’ancrage local.
Le rachat de ces biens n’est pas un coup de pelle isolé. Il s’inscrit dans une stratégie globale de gestion du foncier, déployée par MACS depuis plusieurs années. Objectif : créer des réserves foncières sur lesquelles l’intercommunalité garde la main pour des projets à forte utilité publique. C’est une façon de désamorcer la spéculation, de garantir l’accessibilité des logements, de soutenir l’économie locale et de protéger les espaces naturels.
Plus de 2 millions d’euros ont déjà été investis depuis 2021 pour préparer le terrain, au sens propre comme au figuré. Dans le même temps, MACS explore des outils comme le Bail Réel Solidaire (BRS), permettant de dissocier la propriété du sol et du bâti, pour proposer un habitat pérenne et abordable. Un dispositif qui évite que le foncier ne s’envole et que les logements ne soient retransformés en résidences secondaires au bout de quelques années.
L’Adour en ligne de mire
Au-delà de la simple gestion foncière, le fil rouge du projet s’appelle Adour. Le fleuve et ses abords constituent une trame territoriale forte, riche d’un patrimoine naturel, historique et culturel. MACS a fait de sa mise en valeur un axe stratégique. Les villages du rétro-littoral, à commencer par Saint-Jean-de-Marsacq et Orx, en constituent les portes d’entrée. Ils seront demain les têtes de pont d’un pôle touristique itinérant, entre culture, nature et savoir-faire local.
Des acquisitions patrimoniales emblématiques comme la Villa Stings à Saubusse ou la maison de la Marquèze à Josse marquent cette volonté. Et si l’on veut ouvrir les circuits de visite et les circuits courts, encore faut-il ancrer les projets dans des villages vivants, avec commerces, écoles, équipements… Bref, bâtir du solide autour d’un fleuve qui serpente.
À l’image des deux rachats récents, MACS n’impose pas une vision toute faite. Les bâtiments seront aménagés dans un second temps, en fonction des besoins, des moyens et des idées. Ce choix de souplesse permet de ne pas plaquer des programmes standardisés sur des réalités locales. Chaque projet devra répondre à des logiques d’intérêt général, porter une utilité sociale, économique ou environnementale, et s’inscrire dans une dynamique collective.
Dans ce chantier à ciel ouvert, les communes ne sont pas simples sous-traitantes : elles sont maîtres d’ouvrage du quotidien. MACS les accompagne, y compris financièrement, comme c’est le cas ici à Saint-Jean-de-Marsacq et Orx, qui ont pu bénéficier du soutien de la communauté de communes pour ces achats.
Réhabiliter les centres-bourgs
Parallèlement à cette stratégie foncière, la commune d’Orx se transforme, en collaboration avec MACS, avec un projet de réaménagement complet de son centre-bourg. Un espace de 3 500 m² va changer de visage entre septembre et décembre. L’objectif ? Créer un lieu de vie vivant, végétalisé, où la biodiversité et la convivialité auront pignon sur rue. Piétonnisation, création d’une halle, nouveau fronton, stationnement périphérique, espaces plantés : le projet, premier du territoire à intégrer la Gestion Intégrée des Eaux Pluviales (GIEP), mise sur des revêtements drainants et une infiltration naturelle de l’eau.
Pensé en concertation avec les habitants dès 2023, le chantier s’inscrit dans une logique d’aménagement durable, où l’espace public devient ciment du vivre-ensemble. Il vient aussi consolider un tissu économique local, avec des enseignes comme l’Auberge du Fronton, Inclu’kfé ou Ecorx qui illustrent une économie solidaire bien ancrée.
En investissant 6 millions d’euros sur le mandat pour acheter, préserver, louer, valoriser, MACS ne construit pas pour construire. Elle construit pour durer. Elle n’ajoute pas des couches de béton, mais pose des dalles de cohérence territoriale. Du logement abordable à l’agriculture de circuit court, du tourisme raisonné à la revitalisation des centres-bourgs, tout part du sol… mais tout vise plus haut.
Et à chaque opération, c’est une brique de plus dans le mur de la résilience locale.
Sébastien Soumagnas
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