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PAUSE CAFÉL’orthorexie, quand manger sain devient une obsession

Ce sera le nouveau mal du siècle. Ou du moins le nouveau TCA, Trouble du Comportement Alimentaire. Quand manger sainement, pour conserver une parfaite santé peut en fait cacher une vraie détresse psychologique…
Photo d'une personne tenant un donuts et une pomme
Il fallait bien qu’on y arrive à moment donné ! À force de scandales sanitaires, de consignes diététiques désordonnées et parfois contradictoires, on a créé un nouveau « Frankenstein » des maladies alimentaires, en fait plus proche du TOC (Trouble Obsessionnel Compulsif) que du TCA (Trouble du Comportement Alimentaire).

En effet, ce sont les croyances personnelles de la personne qui la guident à l’heure de s’alimenter, la menant souvent à organiser son repas comme un rituel, une cérémonie rigoureusement orchestrée de préparation et choix des aliments.

Si l’anorexie et la boulimie présentent au moins l’avantage (façon de parler) d’être clairement identifiables désormais (après des années de cafouillage psychologique), l’orthorexie débarque dans une société de plus en plus obsédée par ce qu’elle mange. Comme pour l’anorexie, on préférera parler « d’orthorexie mentale ».

Un peu d’étymologie pour commencer. Ce mot auquel il va falloir s’habituer est d’origine grecque. Composé d’orthos, correct et d’orexis, appétit. Ainsi traduit, le mot paraît dévoiler un comportement tout à fait classique : appétit correct. Hélas, ce n’est pas du tout, du tout le cas. Mais, docteur PresseLib’, à quoi reconnait-on un ou une orthorexique (qui, probablement s’ignore lui ou elle-même) ? En fait, plusieurs comportements doivent vous faire réagir.

Les signes qui doivent alerter

La personne va commencer par passer des heures – littéralement – à lire les étiquettes des produits. Là où les courses duraient une petite demi-heure, elles prennent désormais des après-midis entières, avec force tergiversations avant que l’aliment ne finisse dans le chariot. Première alerte !

Petit à petit, la personne va ensuite commencer à exclure de son alimentation, et à traquer, tout ce qui ne lui paraît pas suffisamment sain : viandes, graisses, additifs, produits non étiquetés « bio » … C’est là que ça coince et qu’il faut être vigilant pour l’entourage, car le premier argument est souvent fondé : « Je ne peux pas manger de graisses car j’ai du cholestérol », variante « des problèmes de vésicule biliaire ». Ou « je ne peux pas manger de sucre car je ne veux pas avoir de diabète, un mal héréditaire dans ma famille… » Voilà bien une répartie sensée et parfaitement justifiée. Mais là où la vigilance sera sage dans le cas d’une personne équilibrée, le champ des interdits peut vite s’étendre pour celles soumises à ce nouveau mal. Les premiers retours sur la maladie évoquent certains sportifs (heureusement pas tous !) comme étant des profils à risque. Ceux à tendance monomaniaque, obsessionnels ou perfectionnistes à l’extrême à l’égard de leur hygiène de vie peuvent facilement basculer du côté très obscur de l’orthorexie.

Le véritable problème est que l’orthorexique ne va pas substituer un « aliment refusé » par un autre équivalent qui pourrait, lui, apporter les mêmes apports en vitamines ou compléments, ce qui peut conduire rapidement à des carences alimentaires, anémies et carences. Sans oublier de signaler une sévère détresse psychologique. Car chaque fois que la personne va, selon elle, « craquer » et manger des aliments qu’elle juge néfastes, c’est toute son estime de soi qui va s’en trouver affectée… D’où un cercle vicieux où elle va devenir de plus en plus critique et exigeante vis-a-vis d’elle-même, se coupant du lien social et s’enfermant dans ses croyances.  

Dans le passé, on parvint à la conclusion que l’anorexie était souvent une façon de contrôler certains aspects de sa vie quand ils nous échappaient. Eh bien, c’est à peu près le même processus qui semble se cacher derrière l’orthorexie. Dont les maîtres mots semblent être « évitement » et « contrôle ».

Pour savoir si vous risquez d’y être exposés – ou l’un de vos proches - voici « L’autotest de Bratman ». Du nom du Dr Steven Bratman qui fut le premier à identifier cette affection en 1997. Une réponse positive à l’une des questions suivantes devra vous amener à vous questionner sincèrement sur ce thème, et à consulter sans hésiter un professionnel de santé à ce propos (médecin, diététicien, psychologue…)

1.      Je passe une grande partie de ma vie à penser, choisir et préparer des aliments sains, et cette attention portée à la nourriture interfère avec d’autres dimensions de ma vie (amour, créativité, famille, amitié, travail, école…).

2.      Quand je mange de la nourriture que je considère comme malsaine, je me sens anxieux, coupable, impur et/ou souillé ; même la proximité avec de tels aliments me dérange, et j’ai tendance à juger ceux qui les mangent.

3.      Mon sens personnel de la paix, du bonheur, de la joie, de la sécurité et de l’estime de soi dépend excessivement des notions de pureté et de justesse appliquées à ce que je mange.

4.      Parfois, je voudrais assouplir mes règles de « bonne nourriture » pour une occasion spéciale (un mariage, un repas en famille ou entre amis…), mais je ne peux pas. (Remarque : si vous suivez un régime alimentaire spécifique en raison de votre condition médicale, et que les exceptions représentent un danger, alors cet article ne s’applique pas.)

5.      Au fil du temps, j’ai éliminé de plus en plus d’aliments et élargi ma liste de règles alimentaires dans le but de maintenir ou d’améliorer ma santé ; parfois, je peux m’approprier une théorie alimentaire existante et y ajouter des croyances personnelles.

6.      L’application de mes théories alimentaires m’a fait perdre davantage de poids que ce que la plupart des gens estimerait être raisonnable, ou a causé d’autres signes de malnutrition tels que la perte de cheveux, l’arrêt des règles ou des problèmes de peau.

Gracianne Hastoy

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