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Pyrénées, le recul de l’enneigement inéluctable ?

Au mieux, les stations de ski pourraient être privées de neige tous les 2 ou 3 ans, avant 2050. Au pire, elles deviendraient totalement inexploitables dès 2080. Il faut réagir…
Les dernières prévisions, publiées par l’Inrae (Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement) et le Centre d’études de la neige (CNRM, Météo-France/CNRS), ne sont guère favorables. Hélas, c’est tout sauf une surprise…

Ce 25 octobre, les deux institutions ont publié de nouvelles prévisions d’enneigement des Pyrénées au cours du XXIe siècle. Elles sont fondées sur les différents scénarios d’émission de gaz à effet de serre du Giec, et sont ici accompagnées d’une étude de la diversification touristique en cours dans les stations des massifs français.

« Avec le changement climatique, les perspectives d’enneigement sont de plus en plus fragiles et interrogent le devenir des stations de sport d’hiver qui en sont directement dépendantes », résume l’Inrae.

Les résultats de ce récent travail ont été publiés dans le Crocc (Cahier régional d’Occitanie des changements climatiques). Sans surprise, « les pires conditions connues à l’exploitation des stations de sport d’hiver (une saison sur 5 actuellement) se produiront, à l’avenir, au moins toutes les 2 à 3 saisons dans le scénario le plus favorable et seront quasi-permanentes dans le scénario le plus défavorable », expose l’institut, qui pointe également une « uniformisation des activités et prestations » des stations de montagne françaises, « essentiellement tournées vers des activités de pleine nature ».

« L’enjeu pour les territoires est désormais de bien évaluer les recompositions à l’œuvre en termes de bénéfices et impacts, notamment économiques », conclut-il.

Des scénarios défavorables

Dans le détail, les spécialistes ont modélisé l’évolution de l’enneigement pyrénéen entre 1960 et 2100, puis dégagé 3 scénarios plus ou moins optimistes liés aux évolutions possibles des émissions de GES (gaz à effet de serre) à venir : un scénario basé sur de fortes émissions, un autre tablant sur une stabilisation et un dernier, le plus favorable, envisageant la neutralité carbone sur terre d’ici 2050.

Or dans les 3 cas, l’évolution de l’enneigement sera défavorable : « Vers le milieu du siècle, la fiabilité de l’enneigement se situerait à partir de 2300 m d'altitude sans production de neige et 1800 m avec production ; dans le cas d'un scénario à forte émission de GES, ce n'est qu'à partir de 2750 m que l'on pourrait s'attendre à un enneigement fiable. Cette baisse de fiabilité d’enneigement s’accompagne de l’augmentation de la fréquence des saisons les plus défavorables pour l’exploitation des stations de ski, jusqu’à atteindre 100% dès 2080 dans le cas du scénario de fortes émissions de GES ».

Pour les auteurs de ces prévisions, le problème n’est pas nouveau, puisque les stations de sports d’hiver connaissent des saisons défavorables depuis une quarantaine d’années, avec un impact évident sur la fréquentation et l’essor du secteur. D’où les stratégies de diversification basées sur un « tourisme 4 saisons ».

« Les activités de pleine nature (randonnées pédestres ou à vélo par exemple) constituent les principales activités développées. La diversification peut nécessiter la création d’équipements et d’infrastructures, à l’image des musées ou des centres aqualudiques, qui demandent des investissements et donc une forte implication des pouvoirs publics dans le domaine touristique », indique l’Inrae.

Dès lors, le grand enjeu pour les stations sera de se distinguer de leurs consœurs en exploitant à fond leurs spécificités géographiques, historiques et culturelles à travers leurs prestations. Et bien sûr, il s’agira aussi d’assurer cette transition touristique en en limitant les conséquences environnementales. Les experts notent au passage que cette transition ne touche pas qu’aux activités touristiques et concerne aussi l’agriculture, l’artisanat ou tout simplement la mobilité et les modes de vie.

À l’arrivée, ils plaident donc pour des stratégies coordonnées. Ce dont semblent avoir conscience de plus en plus d’acteurs locaux : en témoignent les efforts récents pour fédérer les énergies sur ce terrain quelque peu… escarpé.

Plus d’informations sur le site internet de l’Inrae

Pour lire notre dernier article sur la disparition des glaciers pyrénéens, c’est ici

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