Aujourd’hui, dans les Landes, environ 8 000 tonnes de graines de soja sont produites chaque année. Un chiffre nettement inférieur à la demande du territoire, puisque Maïsadour importe, sur une même période de temps, entre 20.000 et 30.000 tonnes de graines, principalement du Brésil, d'Argentine, et des États-Unis. Mais bien que ce soit financièrement plus rentable, l'import a des points négatifs non négligeables, comme un lien malheureusement indissociable avec la déforestation de masse, pour du soja OGM. Une situation que le groupe agricole souhaite changer, par l'intermédiaire de sa filiale Sud-Ouest Aliment (SOAL).
C'est en ce sens qu'une usine de transformation de soja a été mise en place à Saint-Sever, en lieu et place de l'ancienne usine Alilandes. Après environ une année de travaux, de remise à neuf et un investissement total de 6,2 millions d'euros, l'usine Graines d'Alliance était officiellement inaugurée. Elle permet aujourd'hui de recevoir une centaine de tonnes de graines par jour, qui sont nettoyées, cassées et débarrassées de leur coque pour être transformées en tourteaux afin de nourrir volailles et canards, mais aussi en huile.
Cette usine permet ainsi de créer une boucle pour l'ensemble de la filière soja, sans jamais quitter le Sud Ouest, sans utiliser d'OGM, et sans être coupable de la moindre déforestation. L'objectif à la fin de cette année sera d'avoir comptabilisé entre 18.000 et 20.000 tonnes de graines transformées, pour à terme atteindre l'équivalent des 30.000 tonnes actuellement importées, et ainsi couper cette importation, ou du moins la réduire drastiquement. Et au contraire, même développer l'exportation, puisque sur les 8.000 tonnes de tourteaux aujourd'hui vendues à l'extérieur par Maïsadour, demain ce sont environ 12.000 tonnes qui seront potentiellement concernées.
Mais ce sera progressif et par étapes, le soja 100% Made in Sud Ouest étant naturellement plus cher que le soja importé, à raison d'environ 300 euros de différence par tonne. Du côté des consommateurs, il faudra s'attendre à une légère répercussion sur les prix des produits, de l'ordre de 12 à 15 centimes d'euros le kilo. Une hausse maîtrisée au possible par la filière, qui sait combien l'implication des consommateurs est importante afin de faire de ce pari un pari gagnant pour tous, et notamment pour les animaux, les tourteaux locaux étant plus riches en protéines et en matières grasses.
Et si l'opération s'avère une complète réussite, dans les années à venir, Maïsadour ne se cache pas qu'ils souhaitent pouvoir alimenter d'autres zones de France en plus du Sud Ouest, et même pourquoi pas à l'étranger. Ce sera en tout cas techniquement possible, puisque l'usine a été pensée pour pouvoir accueillir une seconde ligne de production qui permettrait ainsi de doubler le rendement.
Cela permettra aussi de répondre au développement important du soja dans les Landes depuis environ 10 ans, les surfaces de culture dédiées au soja ayant été multipliées par 5. C'est d'ailleurs ce constat, additionné à celui de l'importation, qui avait permis à Maïsadour et à Vivadour d'acter la création d'une filière soja sans OGM 100% Sud Ouest. Et notre petit doigt nous dit que le géant agricole ne s'en arrêtera pas là en ce qui concerne le soja...
Timothé Linard
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