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PORTRAIT PASSIONUne ONG internationale s'installe en Béarn

Le World Mosquito Program (WMP) est une organisation dont l'objectif est de lutter contre les maladies transmises par les moustiques. Créée en Australie, l'ONG déménage dans le Béarn, un lieu hautement stratégique pour elle...
Scott O'Neill, fondateur du World Mosquito Program, parle avec des enfants.
Le Professeur Scott O'Neill est à la tête de cette organisation représentée dans plus d'une dizaine de pays. En tout, ce sont 95 personnes qui travaillent pour l'ONG à travers le monde.

Après de très nombreuses années à être piloté depuis l'Australie, pays d'origine du Professeur Scott O'Neill, le World Mosquito Program déménage son quartier général pour s'installer dans le Béarn. « Nous souhaitions une base en Europe. C'est bien plus simple, étant donné le fuseau horaire, pour travailler avec d'autres pays dans le monde », explique-t-il, avant de souligner la position stratégique de l'Europe par rapport à l'Afrique, continent dans lequel le WMP veut étendre ses actions.

Le Béarn, c’est aussi le choix du confort 

« Le Béarn, c'est aussi le choix du confort. Après ces deux années de covid à travailler virtuellement, nous nous sommes rendu compte que les grandes villes n'étaient pas nécessaires à notre activité. Nous voulions un endroit agréable à vivre. Le Béarn c'est une grande communauté d'anglophones, d'hispanophones avec la proximité de l'Espagne, et surtout la présence d'établissements pour les étrangers », complète le Professeur, sûrement légèrement influencé par les origines béarnaises de sa femme.

Actuellement, quatre personnes du WMP sont sur le territoire. Un chiffre qui devrait grandir dans les mois à venir, avec l'arrivée d'autres salariés, et le recrutement de nouvelles personnes. « Nous cherchons notamment un graphiste. Si par hasard, il y en un qui lit cet article, qu'il n'hésite pas à nous écrire ! », plaisante le Professeur O'Neill.

Pour comprendre l'intérêt de cette ONG, il faut regarder quelle est sa mission : lutter contre les maladies transmises par les moustiques : dengue, zika, fièvre jeune, chikungunya, etc. Une mission « d'intérêt général pour l'ensemble de l'humanité », selon son instigateur, Scott O'Neill, qui utilise la Wolbachia, une bactérie qu'il a longuement étudiée, pour mener à bien sa mission.

« J'ai travaillé sur cette bactérie toute ma vie. Elle est extrêmement intéressante, car elle peut être utilisée de diverses façons pour obtenir des résultats différents, et est naturellement présente dans près de 50% des insectes de notre planète ».

« Dans le cadre du World Mosquito Program, nous avons injectés la bactérie dans les œufs des moustiques. Depuis, nous développons une colonie avec la Wolbachia. Ainsi, les individus sont plus résistants aux maladies contre lesquelles on lutte, et ils ne les transmettent pas à l'Homme ». Une démarche entreprise dans 11 pays dans le monde, et qui aide aujourd’hui près de 8,5 millions de personnes.

Notre mission première n’est pas d’éradiquer les moustiques, mais de les contrôler

« Étant donné que nous libérons dans la nature des mâles et des femelles, tous porteurs de la Wolbachia, la bactérie se transmet naturellement. Pour nous, cela ne représente pas un énorme coût, et pour les pays ou organisations avec lesquels nous travaillons, c'est également très abordable ».

La Wolbachia peut également être utilisée pour réduire le nombre de moustiques lorsque ces derniers sont indésirables. C'est par exemple l'une des utilisations qui pourra en être fait en France selon le Professeur O'Neill. « On implante la bactérie uniquement chez les mâles, afin que les prochaines générations soient stériles. Inévitablement, cela réduit la population. C'est bien plus cher, et plus compliqué à mettre en place, mais cela pourrait être utilisé contre le moustique tigre par exemple ». Une méthode qui reste tout de même nettement derrière la première, privilégiée par l'ONG.

« Notre mission première n'est pas d'éradiquer les moustiques, mais de les contrôler. Nous intégrons une bactérie dans leur système pour cela, mais nous ne voulons pas déranger l'écosystème bénéfique qui découle de la présence de ces moustiques. Finalement, un peu comme quand nous nous déployons dans un pays du monde, où notre objectif est de nous intégrer et non de nous imposer. On travaille avec les moustiques, comme nous travaillons avec les locaux de chaque pays », conclut le Professeur Scott O'Neill.

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