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GENS D'ICIYves Cestac et la Société Mycologique du Béarn constatent l'évolution et la transformation de la fonge locale

Lors du dernier salon annuel de l'association, le sujet du bouleversement climatique a été au cœur des discussions : les populations de champignons évoluent et pourraient entraîner avec elles des modifications complètes des écosystèmes locaux...
Une photo prise lors du salon annuel de la Société Mycologique du Béarn avec des champignons présentés sur des tables.
Outre son étude des champignons, la Société Mycologique du Béarn réalise des formations pour accroître ses connaissances sur ce sujet, et participe activement au recensement et à la préservation d'espèces.

À la mi-octobre, comme tous les ans, la Société Mycologique du Béarn tenait son annuel salon. Cette année, l'événement se déroulant en parallèle de la Fête de la Science dont le thème était les bouleversements climatiques, l'association a souhaité être raccord en développant ce sujet au travers de ses connaissances et de ses observations sur les champignons. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que depuis plusieurs années, ces individus évoluent...

« On a pu voir un changement concernant la saisonnalité des champignons, et l'apparition d'espèces thermophiles et/ou exotiques », commence Yves Cestac, membre de l'association. « Pour le premier point, les champignons ont tendance à arriver un peu plus tard, mais à durer plus longtemps sur la saison hivernale. Pour le second point, le réchauffement climatique a amené avec lui des espèces qui aiment la chaleur et qui arrivent ainsi à s'adapter à nos climats. Mais ce n'est pas un souci en soi. Les problèmes que l'on rencontre sont plutôt liés aux sécheresses prolongées et répétées ».

Les champignons se sont toujours adaptés. 

Pour grandir et se développer, un champignon a besoin, entre autres, d'humidité. S'il n'a pas d'humidité, l'individu stoppe sa fructification et ne produit donc pas de spores nécessaires à sa reproduction. « La sécheresse impacte aussi les arbres et donc les liaisons avec les champignons. Sur ces points-là, il y a des risques. Mais pour le moment, il y a toujours eu des périodes humides et des hivers doux après ces vagues de chaleur, donc les champignons ont toujours de quoi faire ».

Car il est important de savoir que ce qui est observé ne représente pas un risque pour les champignons. « Ce sont des circonstances qu'on a déjà observées par le passé, et les champignons se sont toujours adaptés. Ce que l'on pourrait observer dans les années futures, c'est un changement de la composition végétale, avec la disparition d'espèces et l'arrivée de nouvelles, plus méditerranéennes. Et sur une vision à long termes, on pourrait voir un changement des champignons qui pourraient s'adapter à une vie souterraine plutôt qu'aérienne, en adoptant une morphologie de type truffe par exemple. Alors forcément, si cela arrive, cela changera grandement les écosystèmes à venir... »

©Christophe Cobo

Une observation possible grâce aux actions de la Société Mycologique du Béarn réalisées tout au long de l'année. « Nous participons activement à l'inventaire régional des champignons qui remonte étape par étape jusqu'au niveau national. Nous mettons particulièrement l'accent sur la préservation de certaines espèces, en contribuant à l'élaboration d'une liste rouge des champignons protégés »

Des formations sont proposées, en interne pour les 173 adhérents de l'association, ou en externe pour les entreprises, écoles, et autres organismes intéressés. « Beaucoup de gens s'intéressent aux champignons, de plus en plus à vrai dire, mais peu s'y connaissent vraiment et pleinement », développe celui qui, quand il est arrivé dans l'association il y a plus de 10 ans, n'était qu'un simple amateur de champignons. « C'est un sujet très vaste, et en faire le tour est impossible car c'est une science qui évolue constamment ! »

L'association permet également aux cueilleurs de faire identifier leurs champignons, tous les lundis soir, et des actions de prévention sont menées avec l'aide de pharmaciens. « Nous aimerions faire plus, il y a plein d'idées et de bonnes intentions, mais on ne peut pas toujours... Il y a trop peu de monde qui connaisse vraiment le sujet », conclut Yves Cestac qui, sans l'ombre d'un doute, fait partie des gens qui le maîtrisent.

Timothé Linard

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