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    Les dits du vendredi

    La Caravelle et la 2CV… regard de Christian Laborde
    Flocons de poésie à Saint-Lary-Soulan avec Christian Laborde
    1 - Le plafond des salles d’embarquement de l’aéroport de Pau-Pyrénées est recouvert de toiles blanches tenues à bout de bras par des poteaux pareils à des mats de navire.

    Des toiles qui tout à coup deviennent des voiles, et l’on se demande si l’on est dans un aéroport ou dans un port. L’on est dans les deux, au temps des caravelles, nom merveilleux, gracieux, qui désigne à la fois le navire à voiles à hauts bords de Christophe Colomb, et l’avion de ligne biréacteur, destiné aux itinéraires court et moyen-courriers, produit entre 1958 et 1973 par la société française Sud-Aviation. L’avion de ligne français le plus fameux.

    Si la caravelle de Colomb a l’honneur des livres d’histoire, la caravelle de Sud-Aviation fait un malheur dans les chansons, de « La brume du matin » de Joe Dassin au vidéo clip de « Pour un infidèle » de Cœur de Pirate. Caravelle, c’est léger, ça fend l’air, ça fend l’eau, ça fend les rêves. Autre chose que cet Airbus dont le nom fabriqué par des ordinateurs n’est que laideur. Airbus : bus de l’air. L’on passe du voyage au transport en commun, de l’aile qui glisse aux nuages que l’on saccage.

    * *

    2 - Je roule sur une route étroite et lisse du Plateau de Ger, seul, quand je perçois, de plus en plus proche, porté par le vent que j’ai dans le dos, le ronronnement d’un moteur.

    Et je souris, car ce ronronnement, n’est pas celui d’une caisse importune – n’importe quoi de chez Peugeot ou de chez Volkswagen-, mais un ronronnement qui m’est familier, qui m’est cher : celui d’une 2CV. Je cesse de pédaler, et me laisse doubler par la 2CV, et par les souvenirs.

    Ma 2CV était rouge, et la robe de mariée de Marie-Christine déversait sa moussante blancheur dans l’habitacle… Les caisses et leurs klaxons, les camions et leurs ridelles, qui secouent l’air et jettent au fossé les rêveries des cyclistes et les cyclistes eux-mêmes devraient se voir interdire l’usage des départementales, des routes forestières et des chemins vicinaux. Ils ont les autoroutes pour donner libre cours à leur vulgarité.

    Les départementales, les routes forestières, les chemins vicinaux devraient être réservés aux seules bicyclettes, et donc aux 2CV. Car la Deuch est une bicyclette. C’est ce qu’écrit, en 1936, Pierre Boulanger chargé de mettre au point cette Tout Petite Voiture (TPV) imaginée par André Citroën lui-même : « La TPV est une bicyclette à quatre places, étanche à la pluie et à la poussière, et marchant à 60-65 km/h en ligne droite sur route plate. Elle doit pouvoir être achetée par un ouvrier, donc ne pas coûter cher. Elle doit durer 50 000 km sans qu’on ait à remplacer aucune pièce. Le client ne pourra consacrer que 10 francs par mois, au maximum, aux réparations courantes et à l’entretien. »

    Une bicyclette à quatre places dont une est occupée en permanence. Par le vent.

    Christian Laborde

    www.christianlaborde.com

     

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