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Pau en zone 30 : une vraie fausse bonne idée ?

La municipalité a annoncé que cette vitesse très réduite allait être imposée à l’ensemble du centre de la cité, alors que beaucoup s’interrogent sur cette mode…
ZONE 30 3
Déjà, plusieurs villes ont fait marche arrière, afin notamment de limiter les accidents dus à la circulation des vélos à contresens. Sans compter d’autres effets pervers qui vont à l’inverse du but recherché.

Les débats sur la circulation dans les centres-villes montrent bien qu’il faut éviter de ne raisonner qu’au premier degré. Si personne ne met en cause le fait qu’un accident est moins grave à vitesse réduite, la réalité est là pour imposer une réflexion plus complète afin d’éviter de faire fausse route.

A Pau, toutes les rues à l’intérieur de la « Boucle », définie par la municipalité, vont passer en zone 30, mais aussi d’autres rues au-delà ce périmètre.

On rappelle que dans ces zones, les cyclistes sont autorisés à circuler dans les deux sens, même en sens interdit.

Et c’est là qu’un problème de sécurité se pose, et plus particulièrement au niveau des piétons. Pour deux raisons. D’abord, parce que ces derniers ne voient pas toujours arriver les cyclistes roulant à contresens. Ensuite, parce que les piétons et les cyclistes sont moins prudents avant de traverser une rue, et souvent en dehors des passages protégés.

Distraits, ou le nez ou l’oreille collés sur leurs smartphones, ils traversent la chaussée sans regarder. Or, si un choc est moins grave à 30 km/h qu’à 50, il n’en reste pas moins lourd de conséquences pour un piéton ou un cycliste.

Il faut savoir que 36% des accidents de la circulation en ville impliquant des voitures ont pour cause des imprudences des piétons, des vélos et des deux-roues motorisés.

Sans étude préalable…

Contrairement à ce qui se passe dans d’autres pays, les villes françaises font rarement appel à une véritable expertise, avant de se lancer dans la généralisation des zones 30. Car, au-delà du volet sécurité, dont nous venons de parler, il est indispensable de tenir compte des impacts potentiels sur le plan environnemental et économique.

Ainsi, une récente étude de l’Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) a révélé qu'entre 20 et 45 km/h, la diminution de la vitesse augmente le bruit de la circulation et donc les nuisances sonores. De plus, à 30 km/h les émissions de CO² et de NOx (oxyde d'azote, gaz toxique) sont plus importantes qu'à 50 km/h, entraînant donc une hausse de la pollution atmosphérique. Il est aussi admis qu’une vitesse limitée à 30 km/h sur des zones importantes, pèse sur la durée de vie des moteurs, les automobilistes passant leur temps à rouler soit en surrégime, soit en sous-régime. Sans compter, l’encrassage accéléré des filtres à particules des voitures diesel.

On pourrait rajouter aussi les conséquences parfois inattendues des obstacles installés par les municipalités pour casser les lignes droites et rétrécir la chaussée afin de ralentir la circulation, qui peuvent aussi provoquer des accidents. Sachant qu’un tiers d'entre eux ne sont pas conformes à la réglementation, l’automobiliste, le piéton ou le deux-roues blessé par leur faute peut se retourner contre la Ville. C’est à savoir…

Tout cela a un coût très significatif pour le contribuable. On estime que l'aménagement d'une zone 30 représente une dépense de 1 million d'euros par kilomètre, en moyenne. Faites donc le calcul pour Pau…

Le ralentissement de la circulation et la peur de se faire verbaliser en cas de léger dépassement des 30 km/h (135 euros d’amende et retrait de 1 ou 2 points sur le permis) ont souvent pour conséquence d’inciter les automobilistes à fuir le centre-ville, au détriment de la fréquentation des commerces et des restaurants.

Enfin, le Béarnais Jean Poulit, ancien chef du service de l'exploitation et de la sécurité routière et fondateur de Bison futé, a évalué l'impact économique d'une baisse des limitations de vitesses sur les autoroutes (de 130 à 120 ou 110 km/h), les routes (de 90 à 80 km/h) et en ville (de 50 à 30 km/h sur 80 % de la superficie des zones urbaines en maintenant à 50 km/h la vitesse sur la partie la moins centrale). Il estime qu'une telle diminution de la vitesse pourrait entraîner « une réduction du produit intérieur brut de 1,94%, soit de 39,55 milliards d'euros par an ».

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