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LA MINUTE POLITIQUECongrès des maires. Borne renonce à obliger les grandes collectivités à réduire leurs dépenses

Le 104ème Congrès des maires et présidents d’intercommunalité, qui vient de se tenir à Paris, porte de Versailles, en présence de 10 000 élus locaux, se devait de poser les bonnes questions, et si possible, d’obtenir des réponses
Photo d'une femme maire

C’est une constante : à la question « quelle est la fonction élective que vous préférez », les Français répondent dans leur grande majorité : celle de maire. Rien de plus normal, car lui vit dans la commune, connaît ses habitants, quelquefois le prénom de leurs enfants, partage le quotidien de chacun, ne compte pas son temps et a à cœur de résoudre au mieux les problèmes, souvent dans l’urgence. Aussi, en cette période agitée, marquée du signe de l’inflation et de la pénurie, le 104ème Congrès des maires et présidents d’intercommunalité, qui vient de se tenir à Paris, porte de Versailles, en présence de 10 000 élus locaux, se devait de poser les bonnes questions, et si possible, d’obtenir des réponses.

À la lecture des minutes du débat, on prend conscience de l’ampleur de la tâche. À commencer par les soucis financiers des communes, face aux factures de chauffage et d’électricité. Ce à quoi l’État répond par l’énumération des gestes qu’il a fait envers elles : en particulier la mise en place d’un amortisseur énergétique et l’augmentation de leur dotation globale. Face aux élus locaux, qui réaffirmaient leur « refus de l’encadrement de nos dépenses de fonctionnement, acte de méfiance et de tutelle », Élisabeth Borne a opéré un double salto arrière et annoncé renoncer au dispositif destiné à obliger les grandes collectivités à réduire ces dépenses sous peine de sanctions. « Je sais combien ce dispositif, qui vous contraignait à modérer vos dépenses a pu vous paraître inutile, voire vexatoire. J’ai entendu vos remarques » a-t-elle conclu. Le Parlement devra donc trancher, dans le cadre de la loi de programmatioon des Finances publiques, sur l’évolution des dépenses des collectivités, qui ne devrait pas être inférieure de 0,4 % à l’inflation, à l’exemple de l’État.

Autre annonce : le gouvernement entend simplifier les aides qui seront accordées, via le « filet de sécurité » et « l’amortisseur électricité », en baissant les seuils dans le but de rendre ce filet plus accessible. Quant au dispositif simplifié de l’amortisseur électricité, il sera rendu public dans les prochains jours « afin de vous permettre d’anticiper les baisses de prix dont vous bénéficierez », a ajouté la Première ministre. Car pour David Lisnard, le président de l’Association des maires, le prix de référence de 325 euros du MWh déclenchant l’aide de l’État était trop élevé.

Mais le clou du congrès, ce fut la venue du président Macron, qui pour rompre la tradition s’est abstenu de discourir à la tribune, et a préféré déambuler dans les travées et engager la conversation avec les élus. On l’a entendu rassurer les maires, confrontés en personne à la hausse des violences. Non sans raisons, car le pourcentage d’édiles déclarant avoir été victimes de menaces verbales ou écrites est passé de  28 à 39 % en deux ans, les injures et insultes progressant de 29 à 39 %... D’autres propos ont été tenus, comme la menace de fusionner avec une commune voisine pour affronter la hausse des prix, de mutualiser leurs approvisisonnements énergétiques avec d’auttres collectivités, afin de réduitre les coûts, ou le refus de payer au fournisseur le surcoût engendré par l’inflation d’énergie.

En pourcentages, 85 % des maires ont l’intention de moins chauffer les locaux municipaux et leurs équipements, 83 % de couper la nuit l’éclairage. 24 % d’augmenter les impôts locaux et 74 % de lancer des travaux de rénovation énergétique. Cerise sur le pompon, selon un sondage Ifop, un maire sur deux (55 %) entend ne pas se représenter en 2026. Tout va bien !

Dominique Padovani

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