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Une nouvelle vie pour la pierre sèche des Pyrénées ?

C'est à Saint-Jean-Pied-de-Port qu'une trentaine d'entités se sont réunies, à l'initiative de la Communauté de Travail des Pyrénées, afin de restructurer cette technique de construction
Construction de pierre sèche séparant deux terrains
Muret de pierres sèches
PB DR
Reconnue comme patrimoine de l'UNESCO en 2018, la technique de construction de la pierre sèche pourrait relancer la filière, créer de l'emploi mais aussi agir pour l'environnement

Parfois le retour à des techniques ancestrales peut tout à fait être compatible avec les défis environnementaux auxquels nous avons à faire face aujourd'hui. C'est le cas de la technique de construction de pierres sèches, très répandue dans les Pyrénées à une époque pas si lointaine. Et dernièrement, la Comunidad de Trabajo de los Pirineos (Communauté de Travail des Pyrénées) s'est penché sur le sujet avec l'objectif de revaloriser ce patrimoine culturel qu'est la pierre sèche.

Mais qu'est ce que la pierre sèche ?

Initialement utilisée par les paysans depuis des millénaires, cette technique de construction a connu son âge d'or au 19ème siècle. En effet, à cette époque, lorsqu'un paysan désirait utiliser une nouvelle terre pour y planter ses cultures ou encore y mettre son bétail, le premier travail auquel il s'attelait était d'enlever toutes les pierres. Celles-ci étaient regroupées en bordure de champ puis utilisées pour édifier de petites bâtisses de pierres sèches.

Mais pourquoi donc appelle-t-on ces ouvrages des constructions de pierres sèches ? Tout simplement parce qu'ils sont élaborés sans mortier. La roche brute était ainsi récupérée sur les lieux même de leur projet agricole. C'est ainsi que la quasi totalité des bergeries, canaux, cabanes ou encore terrasses qui peuplent nos montagnes du Pays basque sont élaborées de cette manière.

Mais le problème qui se pose aujourd'hui est que ces édifices sont laissés à l'abandon, le plus souvent par manque d'utilité, et que ce savoir-faire ancestral risque de tomber dans l'oubli alors qu'ils répondent aujourd'hui à des problématiques de développement durable.


C'est là que la Comunidad de Trabajo de los Pirineos (CTP) entre en jeu. Cet organisme interrégional de coopération transfrontalière, créé en 1983 après la Convention-cadre sur les coopérations transfrontalières du Conseil de l’Europe regroupe toutes les régions, françaises ou espagnoles, situées le long des Pyrénées, de chaque côté de la frontière.

Contribuer au développement durable

Mur en pierre sèche séparant deux champs
PB DR

L'objectif de la CTP est donc de se réapproprier une partie du patrimoine culturel des Pyrénées en redonnant une impulsion à cette technique de construction. Ainsi, mardi dernier, se sont réunis à Saint-Jean-Pied-de-Port pas moins de 30 acteurs du territoire pyrénéen afin de redorer le blason de ce savoir-faire.

Promouvoir cet art peut en effet contribuer à l'insertion professionnelle, mais aussi promouvoir un tourisme plus durable, voire même protéger la biodiversité Puisque ce type de construction joue un rôle prépondérant pour les plantes, les lichens, les insectes, les reptiles et les petits mammifères.
Ces actions de coopérations mutuelles entre les deux nations de par et d'autre des Pyrénées ont pour objectif de développer l'attractivité du territoire et de créer de nouveaux emplois.

La pierre sèche fait partie du patrimoine culturel des Pyrénées et la technique de construction ainsi que ses utilisations ancestrales ont été reconnus comme patrimoine de l'UNESCO en 2018. Le retour à ce type de construction auraient des retombées économiques, culturelles et écologiques. En effet, la professionnalisation des artisans, une structuration et réglementation de la filière développeraient l'économie du territoire, et les avantages écologiques seraient indéniables : matériaux naturels, de proximité, recyclables à l'infini avec un écobilan très faible.

Sébastien Soumagnas

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